Intempéries en Europe : le bilan s’alourdit à 157 morts, dont 133 en Allemagne – Le Monde

La commun d’Altenahr, dans le Land de Rhénanie-Palatinat (ouest de l’Allemagne), samedi 17 juillet 2021.

Le bilan des intempéries dévastatrices en Allemagne s’est encore aggravé, samedi 17 juillet, atteignant au moins 133 morts dans le pays, ce qui porte à 153 le nombre de victimes en Europe. Ce bilan reste encore très provisoire, car des dizaines de personnes sont encore portées disparues en Allemagne et en Belgique, où 24 morts ont été dénombrés.

Dans la région de Rhénanie-Palatinat (ouest de l’Allemagne), l’une des plus touchées, « 90 personnes ont perdu la vie pendant la catastrophe », selon la police de Coblence, qui comptabilise aussi « environ 618 blessés ». Ce bilan s’ajoute aux 43 morts survenues en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, une autre région allemande frappée par la catastrophe. « Il est à craindre que nous ne découvrions plus de morts », ont prévenu les autorités locales.

Près de Cologne, à Erftstadt, une portion de village s’est littéralement effondrée sur elle-même vendredi à la suite d’un énorme glissement de terrain. Les images, spectaculaires, de la zone sinistrée montraient un vaste cratère béant dans lequel se déversaient des masses de terre, d’eau brune et de débris. « Nous devons présumer que nous allons trouver d’autres victimes », a prédit Carolin Weitzl, maire d’Erfstadt. Le chef de l’Etat, Frank-Walter Steinmeier, a prévu de se rendre samedi dans cette commune dévastée.

Glissement de terrain à Erfstadt, près de Cologne, en Allemagne.

L’Allemagne a fait face, entre le 14 et le 15 juillet, à des pluies diluviennes, d’une violence inédite, qui ont provoqué des crues subites envahissant des zones habitées et détruisant de nombreuses localités. Les habitants qui ont pu se mettre à l’abri mercredi soir, lorsque les inondations ont débuté, regagnent progressivement leur domicile. Des scènes de désolation les attendent : maisons défoncées, arbres arrachés, voitures retournées, routes et ponts effondrés, réseaux coupés.

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Un colossal travail de déblaiement

Dans toutes les localités sinistrées, pompiers, protection civile, responsables communaux, militaires – certains au volant de chars – ont débuté le colossal travail de déblaiement et de nettoyage des amas de débris boueux qui obstruent souvent les rues. « La tâche est immense », a reconnu le maire de Solingen, une ville du sud de la Ruhr.

Il faut pomper l’eau, évaluer la solidité des bâtiments endommagés, dont certains devront être abattus, rétablir l’électricité, le gaz, le téléphone, héberger les personnes qui ont tout perdu. Les perturbations des réseaux de communication, qui rendent de nombreuses personnes injoignables, compliquent tout chiffrage du nombre de disparus.

Dans la commune de Schuld, en Rhénanie-Palatinat (ouest de l’Allemagne), vendredi 16 juillet 2021.

Les autorités restent sur le qui-vive. Dans le district de Heinsberg, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, un barrage sur la rivière Rour, un affluent de la Meuse, s’est rompu vendredi soir, conduisant à l’évacuation de 700 personnes.

Le gouvernement a fait savoir qu’il travaillait à la mise en place d’un fonds d’aides spéciales, alors que le préjudice devrait atteindre plusieurs milliards d’euros. La solidarité s’organise aussi, avec des appels aux dons lancés dans tout le pays, des collectes locales, des soutiens financiers promis par de grandes entreprises, comme le constructeur automobile Volkswagen.

Les dégâts sont « si importants qu’ils nous occuperont pendant longtemps », a prévenu la dirigeante de Rhénanie-Palatinat, Malu Dreyer, tandis que son homologue de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Armin Laschet, a parlé d’une « catastrophe d’ampleur historique ».

Les intempéries ont placé la question du changement climatique au centre de la campagne électorale, qui bat son plein en Allemagne en vue du scrutin législatif du 26 septembre, au terme duquel Angela Merkel quittera le pouvoir. Chef du parti conservateur CDU et favori des sondages, Armin Laschet a réclamé, à l’instar de l’ensemble de la classe politique, « d’accélérer le rythme » dans la lutte contre le changement climatique.

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Jour de deuil national en Belgique

Aux Pays-Bas, où les inondations ont causé de nombreuses destructions, mais sans faire de victimes, le premier ministre, Mark Rutte, a également mis en cause le changement climatique, estimant que les intempéries en étaient « sans aucun doute » une conséquence. Pour éviter qu’un tel scénario ne se répète, « la première chose à faire, et heureusement nous le faisons aux Pays-Bas, est de donner de l’espace aux rivières », a-t-il souligné. Mais les Néerlandais vont, eux aussi, devoir « tirer des leçons », et se demander : « Que peut-on faire de plus ? », a estimé M. Rutte.

La Belgique voisine paie aussi un lourd tribut, avec au moins 24 morts, selon un bilan encore provisoire. A mesure que l’eau se retire, « nous allons probablement encore trouver des situations catastrophiques », a jugé la bourgmestre de Liège, Christine Defraigne. Le centre de crise belge, qui centralise les données au niveau national, ne communique plus à propos du nombre de disparus, a expliqué un porte-parole à l’AFP. Il a souligné la difficulté de joindre les personnes en raison des coupures d’électricité et des perturbations touchant les réseaux téléphoniques.

L’armée a été déployée dans quatre des dix provinces du pays pour participer aux secours, et notamment aux nombreuses évacuations. « Il se pourrait que ces inondations soient les plus catastrophiques que notre pays ait jamais connues », a affirmé le premier ministre, Alexander De Croo, en décrétant mardi une journée de deuil national. M. De Croo et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, se sont rendus samedi matin à Rochefort, une des communes belges frappées par la catastrophe.

La météo s’est améliorée sur l’ensemble du pays avec la fin des précipitations dès vendredi, l’apparition du soleil et l’arrivée de températures estivales samedi. En conséquence, le niveau des cours d’eau a reflué, dévoilant un paysage de désolation. Quelque 120 communes ont été touchées à travers le pays. Dans les zones sinistrées, essentiellement dans le sud et l’est du pays, des policiers ont été mobilisés pour aller frapper aux portes des habitations, afin de rechercher d’éventuelles nouvelles victimes.

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Le Monde avec AFP

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