Infrastructures mobiles : Cellnex à l’assaut du marché français

Infrastructures mobiles : Cellnex à l'assaut du marché français

Ce lundi, plus de 250 chefs d’entreprise espagnols étaient réunis dans les salons d’un palace catalan à l’occasion du “Prix Pyrénées” remis par la chambre de commerce française de Barcelone. Lauréate de la vingtième édition de ce trophée, qui récompense chaque année une entreprise ou une personnalité pour son rôle dans le développement des relations franco-espagnoles : l’entreprise Cellnex et son PDG Tobias Martinez.

Si la distinction se révèle avant tout honorifique, elle en dit long sur l’appétit insatiable de l’ogre européen des infrastructures mobiles pour la France. Un marché clé où ce dernier a « réalisé ou engagé plus de 3,7 milliards d’euros d’investissements ces deux dernières années, devenant ainsi le premier investisseur espagnol dans l’Hexagone », relève la CCI française.

Une boulimie que confirme Vincent Cuvillier, le directeur général de Cellnex France interrogé par ZDNet France. Pour ce dernier, « la France figure au rang de marché principal pour Cellnex et le deviendra d’autant plus dans les années à venir ». Créée en juillet 2016 dans le sillage d’un premier accord de rachat de sites mobile appartenant à Bouygues Telecom, la branche française du géant espagnol s’est développée et compte aujourd’hui 130 collaborateurs, qui s’occupent de la gestion d’un patrimoine – à date – de 9 500 sites mobiles répartis dans tout l’Hexagone.

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13 750 sites d’ici à 2027

Alors que Cellnex France tutoie aujourd’hui les deux autres champions du secteur, à savoir Hivory (la TowerCo d’Altice France) et TDF, sa direction n’entend certainement pas s’arrêter en si bon chemin. « Si nous détenons aujourd’hui 9 500 sites mobiles passifs dans l’Hexagone, nous allons porter notre réseau à 13 750 sites d’ici à 2027 », confirme Vincent Cuvillier. De quoi faire de la jeune filiale française l’acteur de référence des infrastructures mobiles sur le territoire français, qui compte actuellement environ 50 000 sites mobiles, selon les derniers chiffres de l’Agence nationale des fréquences (ANFR).

Fin 2022, celle-ci détiendra 5 100 sites mobile via son accord-cadre avec Bouygues Telecom, l’un de ses principaux partenaires sur le marché français, dans le cadre de relations qui dépassent la seule fourniture d’infrastructures mobiles passives. D’ici à 2024, Cellnex France devrait en effet fournir un ensemble de 88 micros datacenter basés sur de l’Edge computing à l’opérateur qui prépare ainsi le déploiement de son futur réseau 5G.

En 2019, Cellnex France a également mis la main sur 5 700 sites passifs via l’acquisition de 70 % de la TowerCo d’Iliad, Iliad7 (aujourd’hui baptisée On Tower France), dans le cadre d’un accord global valorisé à deux milliards d’euros finalisé en fin d’année dernière. Le partenariat entre Cellnex France et Free Mobile ne devrait pas s’arrêter là et devrait encore se garnir de 2 500 sites mobiles supplémentaires dans les prochaines années.

La neutralité, un point cardinal de la politique de Cellnex

Si Bouygues Telecom et Free Mobile font bien figure de partenaires clés de Cellnex France, pas question pour la société dirigée par Vincent Cuvillier de déroger à son sacro-saint principe de neutralité. « Notre métier est simple. Nous travaillons en toute neutralité avec les quatre opérateurs français pour leur offrir des prestations de service sur notre infrastructure passive », confirme ce dernier, qui se dit logiquement favorable à une plus grande mutualisation des réseaux des opérateurs.

« Nous, ce qu’on pousse, c’est une plus grande mutualisation des infrastructures passives des opérateurs. Il n’est pas logique que chaque opérateur détienne ses propres pylônes et infrastructures passives pour mailler le territoire, tant d’un point de vue économique qu’environnemental », estime en effet ce dernier, qui entend bien tirer profit de la tendance actuelle des opérateurs à vouloir rationnaliser leurs dépenses en misant sur une meilleure mutualisation des réseaux mobiles.

D’autant que Cellnex France gère essentiellement des infrastructures passives de télécommunication mobile – comme des pylônes ou des toits-terrasses – et n’envisage pas de se lancer dans la gestion d’infrastructures actives (qui comprend des éléments plus critiques pour les opérateurs, comme les antennes, les stations de base, voire des éléments de leur réseau central).

« Nous sommes aujourd’hui dans un rôle de gestionnaires d’infrastructures passives et on ne s’occupe absolument pas de ce qui relève des infrastructures actives. Nous n’en avons d’ailleurs pas plus l’intention à l’avenir car cela ne correspond pas à notre modèle d’affaires », relève son directeur général. De quoi permettre à la branche française de Cellnex de faire valoir sa neutralité auprès des différents opérateurs.

Cellnex France toujours à l’affût de nouvelles acquisitions

Sur ses 3,7 milliards d’euros investis ou engagés dans l’Hexagone, force est de constater que l’état-major de Cellnex a très souvent opté pour un modèle de croissance externe privilégiant l’acquisition de réseaux d’infrastructures déjà installés. Et si Cellnex France parie désormais aussi sur de la croissance organique, à travers des accords-cadres conclus par exemple avec la filiale de RTE, Arteria, la société reste toutefois ouverte à de nouvelles acquisitions dans le futur.

Si la presse espagnole faisait état en avril dernier d’un intérêt de Cellnex pour une prise de contrôle de TDF, l’opération est aujourd’hui au point mort. « Il y a bien eu l’ouverture de discussions avec TDF, mais celles-ci se sont déroulées en même temps que l’opération d’acquisition d’Iliad7 et n’ont finalement pas débouché », confirme le directeur général de Cellnex France.

Depuis, plus rien. « Il n’y a strictement aucune actualité à ce sujet », élude ce dernier, qui confirme toutefois continuer à suivre de près le dossier. Et illustre de fait l’appétit sans limite d’un géant espagnol qui s’est bâti, en l’espace de quelques années seulement, une place de choix sur le marché français des infrastructures mobiles.

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