INFOGRAPHIES. Que disaient les sondages à 6 mois de la présidentielle lors des précédentes élections? – BFMTV

Macron en tête du premier tour, Zemmour qui progresse, la gauche qui peine à dépasser les 10%… Si la plupart des sondages font le même constat, sont-ils pour autant fiables à 6 mois du scrutin ? BFMTV.com s’est penché sur les études publiées lors des précédentes élections.

A un peu plus de six mois de la présidentielle, un favori se dégage clairement dans les sondages: Emmanuel Macron. Systématiquement qualifié pour le second tour dans toutes les études, le vainqueur de 2017 caracole même en tête au premier dans quasiment tous les cas de figure depuis l’été.

Avec la progression d’Eric Zemmour, qui grapille des intentions de vote au Rassemblement national et à la droite, l’actuel président de la République possède désormais une avance confortable sur ses rivaux dans les sondages. Mais sont-ils vraiment fiables à plus de six mois de l’élection? Lorsque l’on regarde les études publiées en 2016, on s’aperçoit que les résultats annoncés par les instituts ne se sont pas toujours avérés conformes à ceux des urnes.

En septembre 2016, les instituts imaginaient Juppé, Sarkozy, Fillon ou Le Maire à l’Elysée

En effet, sur les 37 sondages réalisés en septembre 2016 (voir méthodologie en fin d’article), Alain Juppé était assez largement en tête avec près de 30% d’intentions de votes en moyenne, toutes hypothèses confondues. Le maire de Bordeaux ne passera finalement même pas l’étape de la primaire de la droite, tout comme Nicolas Sarkozy (21%).

Les instituts s’étaient également trompés à gauche, testant François Hollande (12%), Manuel Valls (8%) ou encore Arnaud Montebourg (6%) mais pas Benoît Hamon qui finira par représenter le Parti socialiste. François Bayrou, qui se ralliera finalement à Emmanuel Macron était également testé dans près de la moitié des sondages.

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Certaines des personnalités testées en septembre 2016 ont néanmoins bien participé à l’élection de mai 2017. Mais là encore, l’écart entre les deux périodes est assez conséquent :

  • Marine Le Pen, donnée à 28%, n’obtiendra finalement que 21% des voix
  • Emmanuel Macron, donné à 16%, rassemblera finalement 24% des voix
  • Jean-Luc Mélenchon, donné à 12,5%, réunira finalement près de 20% des voix

Si l’élection de 2017 était particulière – affaire Fillon, émergence d’un candidat hors des partis traditionnels, refus du président de se représenter – on constate néanmoins que ces variations ont pu être également observées par le passé.

Jospin en 2002, Balladur en 1995…

En 2012, les instituts de sondages avaient vu juste concernant l’identité du futur président. C’est plutôt parmi les plus petites candidatures qu’ils se sont trompés, n’ayant pas prévu la chute d’Eva Joly (passée de 7 à 2%), ni la percée de Jean-Luc Mélenchon (passé de 5 à 11%).

Ils testeront également Dominique de Villepin dans toutes les études… bien qu’il ne se présentera pas. 5 ans plus tôt, c’est François Bayrou, donné à 8% d’intentions de votes en octobre 2006 qui crée la surprise six mois plus tard en réunissant près de 19% des voix.

En 2002, Lionel Jospin, censé se qualifier au second tour et l’emporter selon les sondages de septembre, sera finalement dépassé par Jean-Marie Le Pen, crédité de 8% six mois plus tôt mais qui frôlera les 17% lors du premier tour. Enfin, en 1995, c’est Jacques Chirac qui joua les trouble-fêtes, se qualifiant au deuxième tour quand les études annonçaient une confrontation entre Balladur et un candidat socialiste (Jospin ou Delors).

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Si les sondages de septembre 1987 sont relativement proches des résultats de l’élection de 1988, ceux de l’automne 1980 s’étaient également trompés sur l’issue du scrutin de 1981. En octobre et novembre 1980, ils prévoyaient ainsi une réelection relativement facile de Valery Giscard d’Estaing, largement en tête au premier tour (34,5%) devant son rival François Mitterrand (18,5%). L’écart sera finalement bien plus serré (28% pour Giscard, 26% pour Mitterrand) et le socialiste finira par l’emporter au second tour, contrairement à ce qu’annonçaient les instituts six mois plus tôt.

Les sondages à 6 mois d’une élection “ne sont pas prédictifs”

Il convient de préciser que chaque sondage donne une idée des intentions de vote à un instant T et qu’il est logique que celles-ci évoluent avec le temps. Interrogé sur BFMTV le 7 octobre, le directeur général d’Opinion Way, Frédéric Micheau, rappelait que “les sondages à six mois ne sont ni prédictifs ni prévisionnels”.

“Il va se passer une campagne électorale. Nous sommes au tout début de la précampagne. L’offre électorale, c’est à dire l’identité des candidats, n’est pas connue. On ne sait pas encore qui sera le candidat des Républicains, le chef de l’État ne s’est pas officiellement représenté, les programmes ne sont pas encore connus… Bref, le débat électoral n’a pas eu lieu”, explique le sondeur.

L’intérêt de publier des sondages à six mois du scrutin est de faire “un état des lieux du rapport de force à l’heure actuelle”, explique l’auteur du livre La prophétie électorale.

“Ce qui est intéressant, c’est de suivre l’évolution de ce rapport de force. Il y a une campagne électorale, il faut voir quel sont les effets de cette campagne et la meilleure façon de mesurer ces effets, ce sont les sondages.”

Des variations “logiques et attendues”

Interrogé sur BFMTV le 2 octobre, le directeur d’étude Ipsos Mathieu Gallard rappelle également qu’il est normal que les sondages changent au fil des mois.

“Ca s’explique tout simplement par le fait qu’il y ait une campagne. Il y a des débats, des candidats qui présentent leurs programmes, des enjeux plus ou moins mis en avant… Et tout ça peut favoriser ou défavoriser certains candidats. C’est tout à fait logique et attendu que tout au long d’une campagne électorale, il y ait certains qui progressent et d’autres qui reculent.”

Ces sondages comportent également une marge d’erreur qui, en fonction du score estimé, peut varier de 1 à 3,5%. En outre, certains se basent uniquement sur les réponses données par les personnes “certaines d’aller voter”. Cette méthodologie ne prend donc pas en compte les nombreux électeurs indécis, abstentionnistes ou encore non-inscrits sur les listes électorales, qui pourraient changer d’avis d’ici au scrutin.

Méthodologie de la première infographie. En septembre 2016, cinq études sur l’élection présidentielle ont été menées: une Elabe avec 8 hypothèses différentes, une Ipsos avec 4 options, une BVA avec 8 scénarios, une IFOP avec 8 hypothèses et une TNS-Sofres avec 9 options différentes. Pour chaque candidat, nous avons affiché la moyenne de toutes les hypothèses dans lesquelles il était testé.

Louis Tanca Journaliste BFMTV

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