INFOGRAPHIES. Pourquoi RTE revoit à la baisse le risque de coupures d’électricité en janvier – franceinfo

La baisse de la consommation observée ces dernières semaines a eu des effets bénéfiques. Le risque de tensions reste toute de même “moyen”, souligne le gestionnaire du transport d’électricité.

Des prévisions plus rassurantes que le mois dernier. Réseau transport électricité (RTE) a mis à jour ses prévisions de risques de coupures d’électricité pour la suite de l’hiver, mardi 20 décembre. Alors qu’il prévoyait jusque-là un risque “élevé” en janvier, celui-ci est désormais à un niveau “moyen”.

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“La France aborde le cœur de l’hiver dans une situation plus favorable qu’au début de l’automne”, s’est félicité Thomas Veyrenc, directeur du pôle stratégie, prospective et évaluation de RTE. Le système électrique est “mieux préparé”, a-t-il ajouté. Le risque d’avoir recours à un signal Ecowatt rouge, ultime étape avant des coupures d’électricité tournantes, rétrograde de 4/5 à 3/5. Franceinfo revient sur les raisons qui poussent RTE à un peu plus d’optimisme. 

Parce que la consommation est en baisse de 9%

C’est un chiffre “très, très significatif”, insiste Thomas Veyrenc. La réduction de la consommation, qu’elle s’explique par la hausse des prix de l’électricité ou par des comportements volontairement plus sobres, est de l’ordre de 9% sur les quatre dernières semaines, par rapport à la moyenne 2014-2019. Elle est représentée par la courbe rouge dans le graphique ci-dessous. L’analyse de RTE se base sur des températures égales pour chaque année, pour écarter des conditions exceptionnellement hausses ou basses

Graphique de l'évolution de la consommation d'électricité. (RTE)

Ce phénomène structurel est observé dans tous les domaines, selon RTE. La baisse atteint même 12% dans le secteur industriel par rapport à l’an dernier. Elle est de 7% dans les secteurs résidentiel et tertiaire.

Parce que la production nucléaire a dépassé les 40 GW

Un autre facteur majeur provient de la disponibilité du parc nucléaire. En novembre, le gestionnaire avait intégré dans ses modélisations une production nucléaire proche des 40 GW. Mais depuis la fin du mois de novembre, EDF a redémarré six réacteurs, et la capacité de l’atome a dépassé les 40 GW dès le 12 décembre, atteignant maintenant les deux tiers de la capacité de production maximale (un peu plus de 61 GW).

Le redémarrage prévu d’autres réacteurs, à l’arrêt pour maintenance ou pour des problèmes de corrosion sous contrainte, va donc être scruté de près. Pour la suite, “la disponibilité du parc nucléaire devrait progresser légèrement jusqu’à atteindre de l’ordre de 45 GW fin janvier, avant de décroître à nouveau à partir de février avec le début de la campagne d’arrêt de l’année 2023”, note RTE.

Parce qu’une première épreuve a été passée début décembre

Malgré ces bonnes nouvelles, la première quinzaine a représenté un premier “stress test” pour le système électrique français. L’Hexagone a connu des températures en dessous de la normale sur l’ensemble des deux premières semaines du mois, et les niveaux de consommation d’électricité ont dépassé, pour la première fois de l’hiver, les 80 GW.

Le lundi 12 décembre, en particulier, a constitué une première épreuve, passée sans encombre. Aux alentours de 19 heures, la consommation a atteint 82,4 GW. Pour y faire face, la France disposait notamment à ce moment-là de 41,2 GW de nucléaire, de 16,4 GW d’électricité issue de l’hydraulique et de 9,5 GW provenant des centrales à gaz, d’après la plateforme de RTE Eco2mix. Alors que les importations peuvent atteindre une quinzaine de GW, elles n’étaient à cette heure-là que de 5 GW.

En revanche, la France a commencé à tirer à grande vitesse sur ses réserves de gaz, pour se chauffer et produire une partie de son électricité. Alors que les cuves étaient pleines à 98% fin novembre, elles ne le sont plus qu’à 84% au 18 décembre. A ce titre, la seconde partie de l’hiver reste sous surveillance, note RTE.

A l’instar de la journée du 12 décembre, le système électrique français a aussi entamé les réserves d’énergie hydraulique, issue des lacs. Après avoir constaté des stocks très faibles à la sortie de l’été, qui se sont reconstitués progressivement pendant l’automne, “on a pu utiliser l’hydraulique à plein au cours au mois de décembre”, détaille RTE. Les niveaux de remplissage sont actuellement proches de la moyenne des années passées, bien qu’en baisse.

Parce que les températures s’annoncent favorables

Malgré tout, le risque de tensions sur le système électrique reste donc “moyen”, d’après RTE. On pourrait ainsi connaître jusqu’à 3 signaux Ecowatt rouge d’ici à la fin de l’hiver, estime le gestionnaire. La survenue d’un épisode de froid est particulièrement en cause.

Certes, selon les prévisions météorologiques allant jusqu’à la mi-janvier, “l’apparition d’une vague de froid dans les prochaines semaines apparaît peu probable”, ce qui pousse à un certain optimisme. Mais plus les prévisions sont lointaines, moins le degré de confiance s’avère élevé. En l’état, selon Thomas Veyrenc, “nous avons moyen d’éviter les coupures cet hiver“. Il faut pour cela maintenir les efforts sur la réduction de consommation. 

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