INFO EUROPE 1 – Covid-19 : comment les autorités se préparent au «convoi de la liberté» – Europe 1

Zoë Pallier et Louis de Raguenel, édité par Gauthier Delomez , modifié à

DÉCRYPTAGE

Converger à Paris ce vendredi 11 février pour essayer de bloquer la capitale, avant d’essayer d’atteindre Bruxelles lundi prochain, le 14 février. À quelques semaines de l’élection présidentielle
, c’est le mot d’ordre lancé par des milliers d’internautes français, en colère contre les restrictions décidées par le gouvernement pour faire face à la crise sanitaire
. En Haute-Garonne, à Saint-Gaudens, Sylvain par exemple prévoit de se rendre jeudi à Toulouse avant de rejoindre la capitale avec d’autres convois. “On est là tous les samedis à manifester. Là, c’est une autre forme de mobilisation qui apporterait peut-être plus de visibilité à la cause”, affirme l’auto-entrepreneur, opposé au pass vaccinal
.

Un mouvement inspiré de celui du Canada

Le sympathisant des gilets jaunes entend défendre les libertés. Il ajoute quant à la nouvelle mobilisation : “Peut-être qu’il y aura plus de voitures particulières, de camping-cars et de fourgons que des gros camions comme ceux qu’on voit au Canada
 mais chacun personnalise comme il veut.” Ce mouvement est effectivement inspiré de celui du Canada, appelé “convoi de la liberté”, où depuis le 29 janvier, des milliers de camionneurs partis de plusieurs provinces bloquent Ottawa, la capitale, pour protester contre la politique sanitaire du gouvernement. Les blocages ont débouché sur une crise politique et sécuritaire : l’état d’urgence a été décrété et le Premier ministre Justin Trudeau a dû fuir la capitale avec sa famille.

La menace prise au sérieux par l’exécutif

A Paris, l’exécutif considère la menace “très au sérieux”, alors que le prix des carburants, déclencheur de la crise des gilets jaunes, n’a jamais été aussi élevé depuis le début du quinquennat. Plusieurs réunions se sont tenues place Beauvau ces dernières heures spécialement sur ce sujet. Comme avant chaque mobilisation, le ministère de l’Intérieur a sollicité les services de renseignement pour prendre le pouls de la situation et aider à l’anticipation opérationnelle. Selon un document du service central du renseignement territorial qu’Europe 1 a pu consulter, les limiers du ministère de l’Intérieur ont du mal à anticiper et à définir ce mouvement inédit, qui soulève de véritables questions de maintien de l’ordre.

Une organisation établie sur les réseaux sociaux

À Saint-Gaudens, tout est organisé à partir de groupe Facebook et de la messagerie Telegram, où les antipass se mêlent aux gilet jaunes et à des militants anarchistes. Agathe, intermittente du spectacle, ne pourra pas faire le déplacement mais tenait à participer. “C’est une colère qui est en moi et qui remonte à plus de deux ans, avec les mouvements des gilets jaunes, la hausse des prix des carburants… C’est un tout quoi”, s’agace-t-elle au micro d’Europe 1, espérant que la mouvement ne sera récupéré par aucun parti politique.

En réalité, ce qui inquiète le renseignement territorial, c’est qu’il considère le mouvement comme très hétéroclite, avec essentiellement des “gilets jaunes”, des “patriotes”  et  des “complotistes”. La mobilisation est pour le moment difficilement quantifiable, car tout s’organise sur les réseaux sociaux, même si une estimation devrait être transmise ce mercredi, au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Quel dispositif de sécurité sera déployé ?

Les policiers et les gendarmes ont bien relevé que les organisations syndicales de routiers se désolidarisent du mouvement. Ils s’attendent à voir assez peu de gros camions sur les routes comme au Canada. En revanche, il sera très difficile pour les forces de l’ordre de distinguer sur les grands axes les voitures participant au mouvement, de celles de simples voyageurs. Autre problème identifié : que faire face à plusieurs centaines de voitures qui soudainement bloquent les portes de la capitale ou les accès des lieux de pouvoir à Paris ?

Si le dispositif doit être arrêté dans les prochaines heures, des effectifs importants seront déployés aux péages qui entourent Paris. La gendarmerie se tient prête à déployer ses véhicules blindés, dans l’hypothèse où il faudrait pousser des voitures à l’arrêt ou encore participer à du maintien de l’ordre difficile, comme pendant la crise des gilets jaunes.

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