Incendie du datacenter OvhCloud : le design n’a pas aidé les pompiers
Eteindre un incendie dans un datacenter n’est pas une mince affaire. Les sapeurs-pompiers du Bas-Rhin ont publié au mois de février un retour d’expérience suite à leur intervention sur l’incendie du datacenter strasbourgeois d’OVHcloud au mois de mars 2021.
L’incendie, qui avait provoqué une destruction de la majeure partie du bâtiment et des équipements installés par OVHcloud, n’avait pas fait de victime, mais avait causé des perturbations des et pertes de données pour les clients de l’hébergeur.
Dans leur retour d’expérience, les pompiers reviennent sur leur intervention et les principales difficultés rencontrées par leurs équipes pour éteindre l’incendie.
Pas de dispositif de coupure de courant
Appelés peu de temps après minuit, les sapeurs-pompiers arrivent sur place quelques minutes plus tard et constatent que l’incendie a démarré au rez-de-chaussée du bâtiment SBG2, dans un local “énergie” comportant un onduleur et un transformateur haute tension. Les personnels d’astreinte du site ont déjà été évacués. Ils font également face à des arcs électriques autour de la porte d’accès au bâtiment « et de vifs éclairs claquent dans un bruit assourdissant ».
Les pompiers cherchent à couper le courant afin de limiter les risques et utiliser leur lance à incendie pour éteindre les flammes. Mais ils découvrent que le bâtiment n’est pas équipé de dispositif permettant de couper le courant du bâtiment, un « choix de stratégie économique de la part de l’entreprise », indiqueront les rédacteurs du document. Pour un datacenter en effet, le maintien de l’alimentation électrique est une priorité.
Pour couper le courant, il faudra donc que les pompiers se tournent vers Electricité de Strasbourg afin de couper l’alimentation du bâtiment depuis l’extérieur, ce qui ne sera possible qu’à partir de 3h28. « A ce moment-là, du courant est encore présent dans les onduleurs », notent les pompiers. De la même manière, le bâtiment ne dispose pas de système d’extinction automatique d’incendie permettant de combattre le feu dès que celui-ci est détecté.
Des « cheminées d’incendie »
L’autre point souligné par le rapport est relatif à l’architecture même du datacenter : la conception du bâtiment SBG2 est prévue pour favoriser le refroidissement des serveurs par la création d’un courant d’air permanent.
Malheureusement, en cas d’incendie, cette architecture favorise l’action des flammes et les pompiers indiquent ainsi que les deux cours intérieures du bâtiment ont fait office de « cheminées d’incendie ». Enfin, le local “Energie” dispose d’un plafond en bois intumescent (c’est-à-dire qui se gondole sous l’effet de la chaleur) coupe-feu 1h.
Au rang des inquiétudes écartées par les sapeurs-pompiers, le dégagement de fumées provenant du datacenter n’est pas jugé inquiétant suite aux premiers relevés. De la même manière, les mouvements du bâtiment soumis à la chaleur sont attribués à l’habillage de celui-ci et non aux éléments porteurs. Le refroidissement du métal par l’extérieur permet d’éviter l’effondrement.
Les datacenters ne sont pas des « établissements à risque »
De la même manière, les auteurs du rapport indiquent que les techniciens d’astreinte présents sur les lieux au moment de l’incendie connaissent bien les lieux et sont capables de donner aux pompiers des renseignements précis et fiables.
Le rapport des pompiers note enfin que les datacenters ne sont pas classés « établissements à risque » au titre de la législation ICPE, réglementation qui encadre les risques industriels et agricoles et qui permet aux pompiers de prendre les mesures nécessaires avant d’intervenir sur ce type de site.
Nous avons envoyé plusieurs questions à OVHcloud afin d’avoir des explications sur les différents points évoqués dans le rapport, mais nous n’avons pas reçu de réponse.