Immigration, communautarisme, voile : Macron s’explique dans « Valeurs actuelles » – Blog Le Monde

Le président de la République a déclaré auprès de la publication conservatrice ne pas vouloir « tomber dans le piège » de l’amalgame entre communautarisme et islam.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 15h57, mis à jour à 17h29

Temps de Lecture 2 min.

Immigration, communautarisme et voile… L’hebdomadaire conservateur Valeurs actuelles publie jeudi 31 octobre un long compte rendu d’une entrevue avec Emmanuel Macron, qui s’est déroulée le 25 octobre, dans l’avion retour de sa visite à La Réunion.

Le président réaffirme lutter « de toutes ses forces contre le communautarisme » et dit ne pas vouloir « tomber dans le piège » de l’amalgame entre communautarisme et islam. Le chef de l’Etat revendique de ne pas vouloir « parler de racisme anti-Blanc », une « dialectique » qu’il juge « mortifère ».

M. Macron insiste par ailleurs sur la nécessité de mieux lutter contre l’immigration illégale, en réduisant les délais d’instruction des dossiers du droit d’asile ou les abus de l’aide médicale d’Etat (AME), mais il refuse d’avoir « un discours simplificateur sur l’immigration ». Il souligne notamment son refus de restreindre le « droit du sol » dans l’Hexagone.

Il affirme cependant vouloir « régler vite » la question « des gens qui viennent avec un visa touristique, qui restent trois mois et ensuite se mettent à l’AME », se défendant « d’avoir le discours du Rassemblement national [extrême droite, RN] ».

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Ne pas laisser le sujet aux « extrêmes »

L’article reprend sur 12 pages des échanges du chef de l’Etat avec un journaliste du titre, des propos tenus avant l’attaque d’un sympathisant d’extrême droite contre la mosquée de Bayonne. « L’idée d’échanger avec Valeurs actuelles est la volonté de parler à tous les Français y compris dans les espaces politiques qui ne sont pas forcément les siens », argue-t-on mercredi à l’Elysée, alors que la prise de parole du chef de l’Etat sur ces sujets dans une publication très conservatrice fait débat.

« Quand vous êtes président de la République, c’est important de pouvoir vous adresser à tous les Français », abonde sur Franceinfo le ministre du logement, Julien Denormandie, pour qui c’est un « devoir de parler aussi d’immigration », pour ne pas laisser le sujet aux « extrêmes ». « Manifestement il veut s’adresser à cet électorat très particulier de gens de droite, qui ont souvent tendance (…) à élever la température verbale contre l’islam voire plus », a estimé sur LCI le député de La France insoumise (gauche radicale, LFI) Alexis Corbière, qui avait lui-même accordé un entretien à l’hebdomadaire.

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« L’otage de deux périls qu’il faut éviter »

Revenant sur la polémique du voile, relancée par un élu du Rassemblement national, le 11 octobre, et qui a déchiré jusqu’à sa majorité, Emmanuel Macron estime dans l’article que l’on « a été pendant quinze jours l’otage de deux périls qu’il faut éviter : le communautarisme et le Rassemblement national, voilà pourquoi je n’ai pas voulu rentrer là-dedans ».

« Quand on parle du voile, beaucoup de jeunes femmes qui le portent sont filles ou petites-filles d’immigrés, elles ne viennent pas d’arriver », ajoute-t-il. A ses yeux, « c’est l’échec de notre modèle [d’intégration par l’économie] qui se conjugue avec la crise de l’islam », qui « conduit à des formes très dures d’islam politique ».

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Mais pour le président de la République, le problème n’est pas « la maman qui porte un voile et qui accompagne son enfant en sortie scolaire », mais « les enfants qui sont déscolarisés ».

« Celle-là n’est pas perdue : elle a mis son enfant à l’école publique et elle vient faire une sortie scolaire. C’est même par elle qu’on va reconquérir les personnes égarées », défend-il. C’est une « énorme erreur » de « l’humilier ». Pour mieux intégrer, Emmanuel Macron assume donc « une priorité » : l’éducation.

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