« Il y a quelque chose dans l’atmosphère… » A Paris, Rouen ou La Réunion, mobilisation massive pour le 5 décembre – Le Monde

Manifestation contre les retraites, Marseille le 5 décembre 2019.

Elle est là, dans toutes les têtes, la grande grève de 1995. Trois semaines de mobilisation contre le plan d’Alain Juppé pour réformer la Sécurité sociale et aligner les régimes de retraite du public sur le privé. Dans l’hiver et le froid, et durant le même mois, décembre. Des grèves reconductibles à la SNCF et à la RATP, des manifestations monstres, un pays bloqué, au ralenti. Le plus gros mouvement social qu’ait connu la France depuis Mai 68. Et in fine, un gouvernement qui cède, recule, et retire son projet.

A vingt-cinq ans de distance, les deux situations ne sont pas comparables mais qu’importe, le souvenir du mouvement de 1995 s’impose à l’esprit. Et c’est à lui que syndicats et manifestants n’ont eu de cesse de se mesurer, tout au long de cette première journée de mobilisation contre la réforme des retraites, jeudi 5 décembre.

A Paris, quand le cortège parvient enfin à s’ébrouer, avec plus de deux heures de retard, les organisateurs savent déjà que c’est gagné. « Si la manifestation prend du temps à partir, c’est qu’on est extrêmement nombreux dans les rues à Paris ! », se réjouit-on au mégaphone.

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Enseignants, pompiers, étudiants, policiers, personnels hospitaliers… Tous défilent en direction de la place de la Nation pour dire non au projet du gouvernement. Pour dire leur inquiétude devant la pénurie de moyens et de personnel, aussi. Et pour dire non à la politique économique et sociale du président de la République. Un Emmanuel Macron, qui, justement, redoute une agrégation des mécontentements. « Les grandes révolutions naissent des petites misères comme les grands fleuves des petits ruisseaux », prévient une banderole géante déployée sur le toit d’un immeuble place de la République.

Dans le carré de tête du cortège, le secrétaire général de la Confédération générale du travail (CGT), Philippe Martinez, se félicite : « Ça s’annonce très bien. Il y a du bruit dans la rue. J’espère que les fenêtres de l’Elysee sont ouvertes ! »

« Même des chefs sont en grève ! »

Elle est là, dans toutes les têtes, la grande grève de 1995. Alors on se compte, on compare. Souvent bien plus importants qu’envisagés, les chiffres tombent de la France entière.

A Grenoble, où le cortège qui s’est élancé peu après 10 heures s’étire à perte de vue, la police avait prévu la participation « d’au moins » 6 000 manifestants mais la préfecture en annonce finalement 12 500. A Marseille, le secteur pétrochimique enregistre des taux de grévistes « jamais atteints depuis les années 1970 ». « Tant pis, on mangera des patates, on fera des caisses de solidarité », lance Daniel Bretones, secrétaire général CGT du complexe pétrochimique de Lavéra, à Martigues (Bouches-du-Rhône).

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