«Il joue à cache-cache avec les gendarmes» : en Dordogne, le Lardin-Saint-Lazare suspendu à la traque – Le Parisien

« On m’a prévenu à minuit hier (NDLR : ce dimanche) qu’un homme, armé lourdement, tirait des coups de feu dans tous les sens et qu’il fallait intervenir », résume Francine Bourra, la maire du Lardin Saint-Lazare, un petit village de 1 750 habitants situé à 30 km à l’ouest de Brive-la-Gaillarde (Corrèze) et au nord de Sarlat (Dordogne). Confinée dans la mairie depuis 5 heures et sur le pont depuis minuit, l’élue n’a pas dormi : « Il fallait contacter les administrés pour les prévenir de la situation et leur demander de rester chez eux jusqu’à nouvel ordre. »

L’homme âgé de 29 ans est un ancien militaire. Il a été condamné à quatre reprises, entre 2015 et 2020 par les tribunaux de Bergerac et Périgueux, pour violence conjugale sur son ex-compagne. Il avait écopé par deux fois de six mois de prison avec sursis et obligation de soin puis, la troisième, en comparution immédiate, à un an d’emprisonnement avec mandat de dépôt. Sa quatrième condamnation, à seize mois de prison dont huit avec sursis, remonte à février 2020.

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En octobre 2020, il avait demandé à pouvoir purger sa peine de huit mois ferme, sous une forme aménagée avec un bracelet électronique. « Sa demande, au vu de sa personnalité, de sa situation professionnelle et de son positionnement vis-à-vis des faits lui avait été accordée », retraçait ce dimanche Solène Belaouar, la procureure de Périgueux, au cours d’une conférence de presse. Depuis le 3 mai 2021, où il purgeait sa peine sous bracelet électronique, aucun signalement n’avait été fait, « jusqu’à hier soir (NDLR : ce dimanche), avec le déclenchement d’une alarme émanant de son bracelet électronique », indiquait la procureure.

Traque dans un périmètre de 4 km

À la suite d’un différend familial, au domicile de son ex-compagne auquel il n’avait pas le droit de se rendre, la gendarmerie est intervenue. « Il a tiré sur les véhicules des gendarmes à ce moment-là, heureusement il n’y a pas eu de blessé », raconte la maire du village. L’homme, qui « avait l’interdiction de détenir des armes », rappelle la procureure, avait indiqué aux gendarmes plus tôt dans la matinée, « qu’il était prêt à mourir les armes à la main », affirme le général André Petillot. « Depuis cette nuit, on est confronté à quelqu’un qui a tiré sur les gendarmes à chaque fois qu’il a été en contact avec eux. »

Le village du Lardin-Saint-Lazare est confiné depuis ce dimanche matin par les forces de l'ordre.
Le village du Lardin-Saint-Lazare est confiné depuis ce dimanche matin par les forces de l’ordre. AFP/Diarmid Courreges

Tôt ce dimanche matin, la zone a été verrouillée pour que l’individu ne puisse en sortir. Un périmètre de sécurité de 4 km a été mis en œuvre, confinant les habitants chez eux avec interdiction de sortir. Ce dimanche matin, le village du Lardin Saint-Lazare était désert. Malgré la Fête des mères, la boulangerie-pâtisserie a dû rester fermée. La fleuriste aussi. « On ne peut pas travailler, tout est bloqué. C’est pourtant une grosse journée pour nous normalement, les bouquets commandés seront livrés plus tard, mais on va perdre les clients qui viennent habituellement le jour J », regrette la gérante du Jardin d’Alicea. « Nos commerçants subissent un confinement après tous ces confinements, c’est très dur », confie la maire du village.

Dans le ciel, depuis cinq heures du matin, deux hélicoptères sont à l’œuvre pour aider aux recherches tandis qu’un nombre croissant de militaires du groupement de gendarmerie de la Dordogne, du GIGN et des équipes cynophiles étaient déployés. « Il est passé dans le bourg, des voisins l’ont vu passer à leur fenêtre mais il ne leur a pas tiré dessus. Apparemment, il a même parlé avec eux. Depuis, il joue à cache-cache avec les gendarmes », détaille au téléphone une habitante confinée chez elle.

«Eviter un drame»

À 15 heures, le village était encore confiné et certains commençaient à trouver le temps long. « Pourquoi, avec autant d’effectifs ne l’ont-ils pas déjà attrapé ? » s’interrogeait une autre Lardinoise, « pas rassurée par la situation », tandis que les hélicoptères continuent de tourner. D’une maison à l’autre, les appels s’enchaînent, « pour se rassurer et savoir s’il y a du nouveau », indique un habitant cloîtré. La maire, nouvellement élue, n’aurait jamais imaginé faire face à une telle situation, mais elle relativise. « On vient de gérer la crise sanitaire, on commence à être habitués aux situations exceptionnelles. Ce qui compte, c’est de protéger la population. »

De 150 en matinée, ils étaient 300 militaires déployés ce dimanche après-midi, à se relayer régulièrement pour interpeller l’individu. « Dans ce genre de situation, le temps joue toujours pour les forces de sécurité », résume Frédéric Périssat, préfet de la Dordogne, ce dimanche soir. Les habitants du Lardin Saint-Lazare pourraient bien être confinés encore un moment. L’école du village sera fermée ce lundi et les transports scolaires seront déviés par mesure de sécurité. »

« Quelqu’un qui est déterminé à se dissimuler dans un terrain aussi accidenté, avec des militaires qui ont comme mission d’interpeller cette personne en la laissant en vie, ça peut prendre beaucoup de temps », ajoute le général André Petillot, qui garde l’espoir d’une « reddition de cette personne, si nous avions voulu le neutraliser, ce serait déjà fait. Nous voulons aussi éviter un drame dans nos rangs. Cela demande beaucoup de méthode, d’organisation, d’investissement, mais j’ai bon espoir qu’on puisse y arriver. »

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