Hydroxychloroquine : la contre-offensive médiatique de Didier Raoult – Le Parisien

En ce moment, l’un va rarement sans l’autre. Pas de mention de l’épidémie dans l’Hexagone sans glisser le nom de Didier Raoult. Ce professeur marseillais, qui a fait grand bruit avec ses études sur l’hydroxychloroquine, fait également souvent la Une avec ses déclarations choc sur les tests, l’impossibilité d’une seconde vague ou encore le probable ralentissement du virus avec les beaux jours.

L’infectiologue aux près de 450 000 abonnés sur Twitter, plutôt récalcitrant quant aux demandes d’interview, préférait jusque-là s’adresser directement au grand public depuis sa chaîne YouTube.

Mais cette semaine, il a décidé de se prêter au jeu médiatique. Alors que les autorités sanitaires canadiennes et américaines viennent tour à tour de mettre en garde contre l’utilisation sans contrôle de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine, Raoult répond dans Paris Match et sur BFMTV à ses détracteurs, tout en continuant à asséner ses petites phrases assassines.

Ce jeudi, il apparaît ainsi dans les pages de l’hebdomadaire, pour une interview au titre évocateur : « Je suis un renégat ». Une apparition « exclusive », selon le magazine, qui ne l’est plus tant, puisque le sexagénaire fait aussi l’objet d’un documentaire diffusé dans la soirée sur BFMTV, « L’intrigant professeur Raoult », auquel s’ajoutera un entretien d’une heure, enregistré depuis l’institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses, qu’il dirige à Marseille. Une contre-offensive médiatique, qui ne manquera pas d’alimenter de nouveau les polémiques.

« Le consensus, c’est Pétain »

Dans Paris Match, le ton du professeur Raoult, qui est l’un des rares spécialistes mondiaux des virus et des infections, est sans nul doute volontairement provocateur. Se dépeignant tour à tour comme « franc », « stoïcien » et avide de « contradictions » et « d’ennuis » pour se « fortifier », il qualifie la recherche d’un vaccin contre « cette maladie qui n’est pas immunisante » – des recherches sont encore en cours sur ce point — de « défi idiot », désigne ses détracteurs comme des « enfants », « ayant un niveau de connaissance trop bas » et s’en prend frontalement au Conseil scientifique, donc il a claqué la porte fin mars.

« On ne peut pas décider de cette manière. Ces personnes ne savaient pas de quoi elles parlaient ! », assène encore Didier Raoult, ajoutant une réflexion qui, depuis mercredi soir, n’a de cesse d’agiter les réseaux sociaux. « On ne peut pas mener une guerre avec des gens consensuels. Le consensus, c’est Pétain. Insupportable. »

Au cœur de cette interview et à la base de sa notoriété, figure une fois encore la question de son étude sur l’utilisation associée de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine pour les malades du Covid-19. Travaux qui lui ont valu la visite début avril d’Emmanuel Macron – « un homme intelligent, qui comprend tout, hermétique à tout ce qu’il peut entendre à mon sujet » et qu’il continue à défendre corps et âme, en dépit des critiques sur la rigueur de la méthodologie et des effets secondaires indésirables.

« On teste, ça marche, on prescrit », clame-t-il, en assurant que de nombreuses personnes, « dont des célébrités, me contactent pour des ordonnances, des conseils… ». Des critiques un peu rapidement balayées, alors que le 23 avril, l’Agence européenne des médicaments a mis en garde sur la chloroquine, dont les effets bénéfiques sur les malades du Covid-19 n’ont selon elle « pas encore été démontrés », évoquant aussi des effets secondaires « graves » et dans certains cas « fatals ».

PODCAST. Qui est Didier Raoult, convaincu de détenir le remède miracle ?

Une contre-offensive, donc, mais avec quelques assouplissements, cette fois, dans sa doctrine. Jusque-là très affirmatif sur les effets du virus sur la population, Didier Raoult, qui, en mars, estimait qu’il n’y aurait jamais 10 000 morts, alors que la barre des 25 000 rien qu’en France sera bientôt dépassée, se fait désormais plus flou. « Le Covid-19 demeure mystérieux. Nul ne sait ce qui va se passer dans les prochains mois », soutient-il désormais, en se dépeignant comme « un homme de savoir, pas un devin », qui n’avancerait pas à contre-courant de la pensée scientifique actuelle, mais « en parallèle ».

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