Hubert Germain inhumé au Mont-Valérien, la flamme de la résistance brûle encore – FRANCE 24

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L’ancien résistant Hubert Germain a été inhumé dans la crypte du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien, au cours d’une cérémonie sobre présidée par Emmanuel Macron. Alors que la France a dit adieu à son dernier Compagnon de la Libération, le flambeau de la mémoire a été transmis aux plus jeunes. 

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Un long silence a recouvert l’esplanade du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien, jeudi 11 novembre, lors de l’arrivée de la dépouille d’Hubert Germain. C’est entouré de militaires d’unités Compagnons de la Libération que le cercueil de l’ancien résistant, décédé il y a un mois à 101 ans, a remonté l’allée au pas. Seuls la Marseillaise, puis le Chant des partisans ont brisé ce moment de recueillement.

Ils arrivaient à rendre possible tout ce qui était impossible”

Cet hommage national envers le dernier Compagnon de la Libération s’est voulu sobre, à l’image de l’ultime membre de cette chevalerie exceptionnelle créée par le général de Gaulle en 1940. “C’était quelqu’un de très humain. Il était extraordinaire”, se rappelle Monique Taillandier. Fille de Marcel Taillandier, Compagnon de la Libération, elle n’aurait manqué pour rien au monde cette cérémonie. C’est au premier rang qu’elle a assisté à l’entrée d’Hubert Germain dans la crypte, où il repose désormais au milieu de 16 autres combattants de la Seconde Guerre mondiale. Orpheline à l’âge de trois ans après l’exécution de son père par la Gestapo, elle a été élevée par des Compagnons de la Libération. “Ils avaient un sens de la camaraderie. C’étaient aussi des gens qui avaient beaucoup d’audace et des valeurs. Ils arrivaient à rendre possible, tout ce qui était impossible”.

À ses côtés, Élisabeth Le Goasguen abonde dans le même sens. Fille, elle aussi, d’un Compagnon de la Libération, Charles Le Goasguen, elle se souvient avec émotion de ces hommes et de ces femmes d’exception. “C’étaient des personnalités remarquables qui avaient un idéal. Ils suivaient ce que leur dictait leur raison et leur cœur dans la foi de la Nation”.

Alors que le dernier membre de cet Ordre vient de disparaitre, ces familles sentent aujourd’hui qu’elles ont un devoir, celui de continuer à perpétuer leur mémoire. Monique Rateau, fille du Compagnon Pierre Rateau, garde d’ailleurs en tête les paroles qu’Hubert Germain avait déclarées devant sa petite-fille Apolline, lors d’une cérémonie au Mont-Valérien, le 18 juin dernier. “Il lui a dit que pour lui c’était fini, mais que c’était désormais à elle de transmettre cette mémoire. C’était très beau. Elle était rentrée très impressionnée”.

“Il reste des héros de la Seconde Guerre mondiale”

Lors de son discours prononcé quelques heures plus tôt à l’Arc de Triomphe, le président Emmanuel Macron a insisté sur le fait que le dernier compagnon n’était plus, mais que les ” 1 038 qui ont épousé la France ne disparaissent pas pour autant”. Ces hommes et ces femmes qui ont choisi de dire non et de continuer le combat face à l’occupant allemand vont continuer à vivre à travers notamment l’Ordre de la Libération, cette institution basée aux Invalides dont la mission est d’entretenir leur mémoire.

“Avec le dernier Compagnon de la Libération, c’est une page qui se tourne, mais notre rôle est de participer à ce passage de témoin”, souligne ainsi Lionel Boucher, secrétaire de la Commission nationale de la médaille de la Résistance à l’Ordre de la Libération. “Il faut aussi insister sur le fait qu’il reste des héros de la Seconde Guerre mondiale et que nous recueillons encore leurs témoignages”. Au sein de l’Ordre, Lionel Boucher s’occupe de la mémoire des 65 000 médaillés de la Résistance française, la seconde décoration créée par le général de Gaulle en 1943. Une centaine d’entre eux sont encore vivants. “Certains peuvent encore parler. Cette mémoire est toujours là et nous allons la faire perdurer”.

Pour cela, la transmission vers les nouvelles générations est plus que jamais nécessaire. À l’occasion de l’inhumation d’Hubert Germain, des élèves de Suresnes, ville où se trouve le Mémorial, ont été conviés. Très impressionnés par cet hommage national, ils savent qu’ils ont assisté à un moment d’histoire. “On a eu la chance d’y participer. C’était le dernier. J’ai lu des choses sur la vie d’Hubert Germain. Il a fait de bonnes choses pour la France”, résume Annaëlle, 12 ans, du conseil communal de la jeunesse de Suresnes. “On doit prendre exemple sur lui. Cela montre que l’on peut agir même si on n’est pas très connu. Chacun peut le faire à sa façon. On peut résister comme on peut”, ajoute son amie Clotilde, 11 ans.  Pour Timothé, 15 ans, Hubert Germain “ne sera pas oublié”. Plus qu’une cérémonie, le jeune lycéen estime avoir eu une leçon de vie. “On saura désormais quelles erreurs ne pas répéter. Si une guerre arrive, ce que je ne souhaite pas, on saura comment réagir et surtout on ne baissera pas les bras”.

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