Huawei, persona non grata au sein des réseaux 5G français

Huawei, persona non grata au sein des réseaux 5G français

Ni pour, ni contre Huawei. Tel est le credo du gouvernement français concernant le constructeur chinois, dont la participation au déploiement des réseaux 5G est compromise dans de nombreux pays d’Europe suite à la guérilla que lui inflige l’administration Trump depuis de nombreux mois. « Nous n’interdirons pas à Huawei d’investir dans la 5G et nous protégerons nos intérêts de sécurité nationale », a ainsi fait savoir le ministre des Finances Bruno Le Maire au micro de FranceInfo en évoquant la place concédée à Huawei dans le déploiement des futurs réseaux 5G français.

Alors que nos voisins britanniques viennent de prononcer l’éviction pure et simple de la firme de Shenzhen de ses réseaux mobiles d’ici à 2027, il se pourrait pourtant que la position de la France concernant la firme chinoise y ressemble de bien des manières. L’agence française de cybersécurité, l’ANSSI, a en effet déclaré ce mois-ci qu’elle autoriserait les opérateurs à utiliser les équipements, y compris ceux de Huawei, mais simplement de manière temporaire et pour des périodes allant de trois à huit ans.

Le gendarme français de la cybersécurité a déjà commencé à autoriser ou interdire le recours à des équipementiers dans les grandes métropoles de l’hexagone. Si la plupart des demandes concernant des équipements fournis par Nokia ou Ericsson ont obtenu des licences d’une durée de huit ans, ce n’est pas le cas des équipements made in Huawei, qui n’ont pas obtenu de licences excédant une durée de cinq ans. De quoi refroidir les opérateurs qui, comme Bouygues Telecom ou SFR, pourraient être tentés de continuer à faire affaire avec la firme de Shenzhen.

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Une interdiction déguisée ?

Dans ces conditions, il apparait donc que de telles restrictions pourraient avoir une forte incidence sur l’avenir de Huawei en France. Elles ouvriraient en effet la porte à la disparition progressive de Huawei des réseaux mobiles d’ici à huit ans, étant donné la courte durée des licences concédées par les autorités. Compte tenu du coût que pourrait représenter le remplacement des équipements Huawei par des équipements tiers à compter de 2028, cela pourrait de plus inciter les opérateurs français à passer tout de suite à la concurrence.

Pour autant, « l’objectif n’est évidemment pas de tuer » Bouygues Telecom et SFR, se défendait récemment le président de l’ANSSI Guillaume Poupard. « Les opérateurs qui n’utilisent pas Huawei, nous les incitons à ne pas y aller car c’est un peu le sens naturel des choses. Ceux qui l’utilisent déjà, nous délivrons des autorisations dont la durée varie entre trois et huit ans », expliquait ce dernier début juillet, tout en reconnaissant que la « vraie question en cas de refus [de Huawei], c’est comment on rend cette décision absorbable par les opérateurs ».

Des opérateurs qui pourraient bien demander des comptes aux autorités françaises. Si Paris n’a pas interdit à Huawei d’opérer sur les réseaux mobiles français, le traitement accordé au constructeur chinois pourrait bien faire grincer des dents du côté de Bouygues Telecom et SFR. Deux opérateurs qui avaient déjà prévenu qu’ils se retourneraient contre la France en cas d’interdiction de leur partenaire chinois…

La Chine prête à cibler Nokia et Ericsson

Au-delà des seules frontières françaises, si la firme de Shenzhen est dans l’œil de Washington qui ne lui épargne rien, la Chine semble aujourd’hui bien disposée à riposter. Avec comme cibles prioritaires les principaux concurrents de Huawei dans le secteur des équipements télécoms, à savoir les deux géants scandinaves Ericsson et Nokia. Comme le faisait récemment savoir le Wall Street Journal, Pékin pourrait ainsi prendre des mesures de rétorsion à l’encontre des deux constructeurs si l’Union Européenne fait barrage à Huawei et ses antennes 5G.

Comment ? En limitant, voire en interdisant, aux deux fleurons européens l’exportation de pièces d’équipements produites sur l’immense marché chinois. Pour faire face à cette menace, les états-majors de Nokia et Ericsson envisagerait de rapatrier une partie de leur production hors du territoire chinois si jamais Pékin décide de mettre son plan à exécution.

Pour rappel, les équipements Huawei restent toujours disponibles pour les opérateurs français qui souhaiterait en doter leurs futurs réseaux 5G. En l’occurrence, il devrait s’agir de SFR et Bouygues Telecom, les deux opérateurs français les plus proches de la firme chinoise, Orange et Free ayant d’ores et déjà annoncé avoir conclu des partenariats avec Nokia et Ericsson pour leurs propres déploiements.

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