Heurts entre forces polonaises et migrants à la frontière avec la Biélorussie, un policier blessé – FRANCE 24

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Les forces de sécurité polonaises ont fait usage, mardi, de gaz lacrymogène et de canons à eau pour repousser des migrants qui jetaient des pierres alors qu’ils tentaient de traverser la frontière entre la Biélorussie et la Pologne. Lors de ces heurts, un policier polonais a été grièvement blessé. 

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En Pologne, les forces de sécurité présentes dans le village de Kuznica, dans l’est du pays, ont tiré des gaz lacrymogènes sur des migrants lançant des pierres le long de la frontière avec la Biélorussie, a indiqué mardi le ministère polonais de la Défense. La police polonaise a fait état d’un policier grièvement blessé. 

“Des migrants ont attaqué nos soldats et officiers avec des pierres et tentent de détruire la clôture pour passer en Pologne”, a tweeté mardi le ministère polonais de la Défense. À Kuznica, “nos forces ont utilisé du gaz lacrymogène pour réprimer l’agression des migrants”.

Dans ces heurts à la frontière, un policier polonais a été grièvement blessé, vraisemblablement victime d’une fracture du crâne, a annoncé, mardi, la police. “Malheureusement, en résultat d’une attaque de la part de personnes poussées par le côté biélorusse, un policier a été grièvement blessé”, a-t-elle tweeté.

Au lendemain d’un entretien téléphonique avec la chancelière allemande Angela Merkel, le président biélorusse Alexandre Loukachenko avait assuré plus tôt dans la journée vouloir éviter que la crise migratoire ne dégénère en “confrontation” avec ses voisins européens.

Moscou et Minsk font front commun contre Varsovie

Face à ces tensions, Moscou a dénoncé mardi le recours “inacceptable” par la Pologne à des canons à eau et à du gaz lacrymogène pour repousser les migrants. “Le comportement de la partie polonaise est absolument inacceptable”, a estimé devant la presse le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Alliée de la Russie, la Biélorussie a, elle, accusé Varsovie d’aggraver la crise en cours à la frontière. “L’objectif de la partie polonaise est tout à fait clair : elle a besoin d’aggraver encore la situation et d’étouffer tout progrès vers un règlement”, a affirmé Anatoli Glaz, le porte-parole de la diplomatie de la Biélorussie, selon un communiqué publié par son ministère. “Nous voyons aujourd’hui des provocations de la Pologne et un traitement inhumain avec ces démunis”, a-t-il poursuivi.

>> “La Pologne utilise la crise migratoire avec la Biélorussie comme une aubaine”

Après une semaine de frictions, Bruxelles et Washington ont annoncé lundi vouloir élargir dans les prochains jours les mesures punitives contre Minsk, déjà sanctionné pour l’implacable répression depuis 2020 de l’opposition. Les Occidentaux accusent la Biélorussie d’avoir orchestré depuis l’été des mouvements migratoires à partir du Moyen-Orient vers les frontières orientales de l’Union européenne, ce qu’il dément.

Le Premier ministre français Jean Castex a estimé mardi que la Biélorussie “instrumentalise de manière inhumaine et éhontée les flux migratoires”, dans la crise en cours à la frontière polonaise, afin de “déstabiliser” l’Union européenne. Dénonçant une “tragédie humaine grave”, Jean Castex a notamment plaidé pour “aider à l’accueil des personnes en besoin de protection”.

Quelque 4 000 migrants au total campent actuellement, selon les garde-frontières polonais, dans le froid et des conditions qui se dégradent de jour en jour, le long de la frontière entre la Pologne et la Biélorussie.

Vers une “désescalade” ?

Agglutinés autour de feux de camp ou emmitouflés dans des couvertures, ils attendaient devant la clôture surmontée de barbelés que la Pologne a érigée pour empêcher les intrusions, entre résignation et espoir. Face à eux, les forces polonaises protégeaient la frontière en nombre.

Selon des groupes caritatifs, au moins 11 migrants sont morts de part et d’autre de la frontière depuis l’été. L’un d’eux, Ahmad al-Hassane, un Syrien de 19 ans venu de Homs, a été enterré lundi près de la frontière, du côté polonais.

>> À lire sur InfoMigrants : “Ils boivent de l’eau souillée” : en Pologne, des migrants terrifiés par les renvois en Biélorussie

Cette crise migratoire aggrave les tensions croissantes entre les puissances occidentales et la Russie de Vladimir Poutine en Europe orientale, notamment autour de l’Ukraine et de la Biélorussie.

Pour enrayer l’afflux d’exilés, qui a réveillé à Bruxelles le souvenir de la crise migratoire de 2015, les dirigeants européens ont multiplié les consultations.

En parallèle de l’entretien entre les leaders allemand et biélorusse, le président français Emmanuel Macron s’est entretenu lundi avec Vladimir Poutine, parrain du régime biélorusse : les deux dirigeants ont dit souhaiter une “désescalade”. Le secrétaire d’État français aux Affaires européennes Clément Beaune a dit mardi en voir “les premiers signaux”, tout en appelant à être “très prudent”.

Livraison d’aide humanitaire limitée

Alexandre Loukachenko est habitué à souffler le chaud et le froid. La semaine dernière, il avait menacé de couper le transit du gaz russe vers l’Europe en cas de nouvelles sanctions européennes.

Il a une fois de plus nié que son pays ait favorisé la venue des migrants. La veille, il promettait de travailler à leur retour tout en soulignant la réticence des intéressés.

Lundi, la compagnie aérienne biélorusse Belavia a déclaré que Syriens, Irakiens, Afghans et Yéménites étaient désormais interdits de vol de Dubaï vers le Bélarus. La Turquie a imposé les mêmes restrictions la semaine passée. Bagdad a, par ailleurs, annoncé l’organisation jeudi d’un premier vol de rapatriement de migrants irakiens “sur la base du volontariat”.

Sur le terrain, nombre de migrants, qui se sont souvent endettés pour payer le voyage, se disent déterminés à rester, malgré l’accès limité à des vivres et produits de première nécessité. La Croix-Rouge biélorusse a indiqué avoir livré trois tonnes d’aide mardi.

Avec AFP

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