Guerre en Ukraine: nouvelle nuit sous tension à Kiev, l’UE durcit le ton face à la Russie – BFMTV

L’Union européenne a annoncé une nouvelle série de mesures pour venir en aide à l’Ukraine face à l’invasion russe, promettant notamment la livraison d’armes. Une première.

La mise en alerte par Vladimir Poutine des forces de dissuasion nucléaire de son pays a suscité ce dimanche un haro mondial, jusqu’à la promesse de l’UE de fournir des avions de chasse à l’Ukraine, qui résiste avec acharnement au quatrième jour d’une invasion russe.

Après des combats intenses notamment à Kharkiv (1,4 million d’habitants), deuxième ville d’Ukraine dans le nord-est du pays, dont les forces ukrainiennes ont déclaré avoir repris le contrôle ce dimanche après l’entrée de blindés russes dans la nuit, l’espoir fragile d’une trêve était né après l’annonce de pourparlers russo-ukrainiens à la frontière biélorusse.

Mais Vladimir Poutine, dont les forces se sont heurtées depuis jeudi à la résistance des Ukrainiens et à la mobilisation des Occidentaux, a ordonné dans une réunion filmée avec son ministre de la Défense Sergueï Choïgou de “mettre les forces de dissuasion de l’armée russe en régime spécial d’alerte”, ce qui concerne les forces nucléaires, invoquant “les déclarations belliqueuses de l’Otan” et les sanctions “illégitimes” imposées à la Russie.

Les États-Unis ont aussitôt dénoncé une escalade “inacceptable”, accusant Vladimir Poutine de “fabriquer des menaces qui n’existent pas afin de justifier la poursuite d’une agression”. Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a dénoncé une attitude “irresponsable” de Moscou.

La ministre allemande de la Défense Christine Lambrecht a accusé le chef de l’Etat russe d’avoir “franchi un cap supplémentaire” parce que “l’invasion rapide de l’Ukraine a été stoppée par des actions courageuses et déterminées de l’Ukraine”.

“Ce qui se passe vraiment, c’est qu’ils se défendent peut-être avec plus d’effet, plus de résistance, que ce que s’imaginait le Kremlin”, a abondé le Premier ministre britannique Boris Johnson.

Fermeture des espaces aériens

En réponse, les pays du G7 ont intimé dimanche soir à la Russie de “mettre un terme immédiatement aux attaques contre l’Ukraine”, la menaçant de nouvelles sanctions après celles, déjà considérables, qui ont été adoptées cette semaine.

L’UE a annoncé dimanche fermer l’ensemble de son espace aérien aux avions russes, débloquer 450 millions d’euros pour financer des livraisons d’armes à l’Ukraine, et banir les médias russes RT et Sputnik et leurs “mensonges”.

Mais aussi, évolution considérable et source potentielle d’escalade avec Moscou qui a menacé tout pays venant en aide à l’Ukraine, l’UE a annoncé dimanche soir avoir l’intention de fournir des avions de combat aux forces ukrainiennes.

Volodymyr Zelensky a salué la formation d’une “coalition anti-guerre” internationale pour soutenir l’Ukraine et appelé les étrangers à venir se battre “contre les criminels de guerre russes” dans une “Légion internationale” en formation.

Premier pays à réagir à cet appel, le Danemark a dit ne pas y voir d'”obstacle juridique”. “C’est un choix que tout un chacun peut faire”, a déclaré la Première ministre Mette Frederiksen.

L’Union européenne a aussi confirmé dimanche qu’elle s’était entendue avec les puissances du G7 pour bloquer les transactions de la Banque centrale russe. Quand à l’éviction de banques russes du système international de messagerie interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale, annoncée samedi, le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell a annoncé que l’UE “continuera à y travailler” avec ses partenaires dans le monde.

Bruxelles va aussi interdire dans l’UE les médias d’État russes en langues étrangères RT et Sputnik, qui “ne pourront plus diffuser leurs mensonges pour justifier la guerre de Poutine et semer la division dans notre Union”, a déclaré Mme von der Leyen. Enfin l’UE va prendre de nouvelles sanctions contre le Bélarus en interdisant les exportations des “plus importants secteurs économiques” du régime de Minsk, “complice” de l’invasion russe.

Concernant les hypothétiques pourparlers, la présidence ukrainienne n’en a pas précisé la date, la Russie affirmant initialement qu’ils auraient lieu dès dimanche. Selon Kiev, la rencontre devait avoir lieu à la frontière ukraino-bélarusse, “dans la région de la rivière Pripiat”, près de Tchernobyl. Moscou a évoqué la région de Gomel, de l’autre côté de la frontière du Bélarus, pays qui sert de base arrière pour ses militaires.

Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a cependant averti que son pays ne “capitulera pas”. “Je ne crois pas trop à un résultat”, mais “il faut qu’on essaie”, a déclaré le président Volodymyr Zelensky dans une vidéo.

368.000 réfugiés

Sur le terrain, le flot de réfugiés fuyant l’Ukraine enfle. Depuis jeudi, quelque 368.000 réfugiés ont fui vers les pays voisins et leur nombre “continue à augmenter”, a annoncé le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés. L’UE a dit s’attendre à plus de 7 millions de personnes délacées.

L’Ukraine a fait état de quelque 200 civils tués et de dizaines de militaires morts au combat, mais n’a pas publié de bilan précis dimanche.

L’ONU recensait samedi au moins 64 morts parmi les civils et des centaines de milliers de personnes sans eau ou électricité.

L’armée russe a, de son côté, pour la première fois dimanche reconnu des pertes humaines, sans les chiffrer. L’Ukraine affirme que plus de 4300 soldats russes ont été tués.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté dimanche, à la demande des Occidentaux, une résolution convoquant lundi “en session extraordinaire d’urgence” l’Assemblée générale des Nations unies pour que ses 193 membres se prononcent sur l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Cy.C avec AFP

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