Guerre en Ukraine : l’évacuation de Sloviansk se poursuit, les Russes gagnent du terrain au Donbass – Le Figaro

LE POINT SUR LA SITUATION – Le Figaro fait le point sur les dernières informations issues de journalistes, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales et d’organisations internationales.

Au 134e jour du conflit, l’armée russe s’efforce toujours d’éliminer les dernières poches de résistance à Lougansk, et de pousser son avantage à Donetsk, l’autre région du Donbass, face à des forces ukrainiennes arc-boutées autour de la ville de Sloviansk. Celle-ci constitue le prochain objectif et la priorité des forces russes dans leur plan de conquête totale du bassin du Donbass, et l’évacuation des civils s’y poursuit.

Les civils de la ville de Sloviansk sont évacués vers l’ouest

«L’évacuation est en cours», a déclaré le maire Vadim Liakh. «Il reste en ce moment 23.000 habitants» à Sloviansk, qui en comptait environ 110.000 avant le conflit, a-t-il ajouté dans une vidéo. Et «17 sont morts et 67 ont été blessés» depuis le début des hostilités. Dans cette cité bombardée depuis plusieurs semaines, «les infrastructures essentielles fonctionnent toujours, mais il n’y a plus de réseau central d’approvisionnement en eau depuis un mois et un tiers de la ville se retrouve régulièrement sans électricité», a-t-il souligné.

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«Mon principal conseil : évacuez !», a lancé quant à lui le gouverneur de la région de Donetsk, Pavlo Kyrylenko, soulignant que «pendant la semaine, il n’y a pas eu un jour sans bombardement» à Sloviansk. Les frappes y ont notamment détruit près d’un tiers d’un marché. Des habitants sont allés voir l’étendue des dégâts au milieu des débris calcinés. Un peu plus loin, quelques-uns continuaient de vendre leurs fruits et leurs légumes.

Mardi, Pavlo Kyrylenko avait déclaré que les derniers bombardements russes, dont celui qui a frappé le marché, avaient fait deux morts et sept blessés. Comme d’autres responsables locaux, Vadim Liakh a affirmé que les forces ukrainiennes repoussaient les tentatives de percée russes vers Sloviansk et sa ville jumelle de Kramatorsk, le centre administratif de la partie du Donbass contrôlée par Kiev. Selon lui, «les Russes n’arrivent pas à s’approcher» de Sloviansk ou à l’«encercler», car ils sont bloqués par les soldats ukrainiens à une quarantaine de kilomètres de là.

«Il y a en ce moment la plus brutale des confrontations, entre Sloviansk et Bakhmout», a résumé dans son adresse du soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Les Russes veulent s’emparer de tout le Donbass

Après sa prise dimanche de Lyssytchansk, l’armée russe clame que la quasi-totalité de la province de Lougansk est entre ses mains, ce que les Ukrainiens continuent de nier. «Il y a toujours des combats dans deux villages», a assuré mercredi son gouverneur, Serguiï Gaïdaï. Les Russes cherchent maintenant à conquérir la deuxième province du Donbass, celle de Donetsk, pour ainsi occuper l’intégralité de ce bassin minier, que les séparatistes prorusses contrôlent partiellement depuis 2014. Mais il leur faut pour cela prendre Sloviansk et Kramatorsk, ses deux plus grandes cités conservées par les Ukrainiens.

Selon Gaïdaï, les militaires russes «essaient constamment de construire des passages pour transférer encore plus de matériel» vers la région de Donetsk. Mardi, ils se trouvaient à une dizaine de kilomètres de Siversk, qu’ils pilonnent depuis plusieurs jours, et donc à une cinquantaine de kilomètres de Sloviansk.

Mercredi soir, les autorités séparatistes de la République populaire de Donetsk (DNR) ont annoncé sur Telegram que deux enfants ont été tués et trois autres blessés, ainsi que trois adultes, par des bombardements ukrainiens qui ont visé Makeïevka, près de Donetsk.

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Le ministère russe de la Défense a aussi accusé mardi soir des «nationalistes ukrainiens» de préparer dans la région de Donetsk «une provocation avec l’utilisation de substances toxiques», dont «de grandes quantités de chlore amenées dans une station de filtration minée».

Attrition sur le front sud

Dans la région de Mykolaïv, les bombardements se poursuivent, avec des frappes qui ont provoqué la mort d’au moins deux personnes mardi et mercredi, dénoncent les autorités ukrainiennes. «La menace des tirs de missiles perdure dans la région de Mykolaïv» car la Russie «maintient quatre navires équipés d’armes de haute précision en mer Noire», estime l’armée ukrainienne. Mais d’après le président ukrainien, cela pourrait changer car «l’artillerie occidentale – les armes que nous avons reçues de nos partenaires – ont commencé à agir très efficacement» et «nos défenseurs infligent des coups sévères» à la logistique russe.

Statu quo dans le nord-est

Dans le nord de la région de Kharkiv, deuxième ville du pays, «les forces russes ont poursuivi leurs assauts limités et infructueux», selon l’ISW.

Accusée de crimes de guerre, la Russie brandit la menace nucléaire

L’ex-président russe Dmitri Medvedev a évoqué mercredi le recours à l’arme nucléaire, pour mieux exclure toute éventualité de sanctions contre Moscou par la justice internationale, à l’heure où la Cour pénale internationale (CPI) enquête sur des crimes de guerre présumés commis en Ukraine.

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«L’idée même de châtier un pays qui a le plus grand arsenal nucléaire du monde est absurde en soi. Et cela crée potentiellement une menace pour l’existence de l’humanité», a écrit sur son compte Telegram l’actuel vice-président du puissant Conseil de sécurité russe.

La reconstruction de l’Ukraine se prépare déjà

Mardi soir à Lugano (Suisse) s’était achevée une conférence internationale destinée à dessiner les contours de la reconstruction de l’Ukraine, dont Kiev évalue le coût à 750 milliards de dollars.

Dans leur déclaration finale, les nations alliées, des institutions internationales et le secteur privé se sont engagés à «pleinement soutenir l’Ukraine tout au long de son parcours». Toutefois, l’utilisation de ces milliards de dollars inquiète dans un État perclus de corruption.

Dizaines de milliers de morts

Il n’existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. Pour la seule ville de Marioupol (Sud-Est), tombée en mai au terme d’un terrible siège, les autorités ukrainiennes évoquent quelque 20.000 morts.

Sur le plan militaire, des sources de sécurité occidentales évoquent désormais de 15.000 à 20.000 soldats russes tués. Les forces ukrainiennes perdent chaque jour une centaine de soldats, selon Kiev.

Ukrainiens déplacés ou réfugiés

Plus de six millions d’Ukrainiens sont déplacés à l’intérieur de leur pays, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR).

Ils s’ajoutent aux quelque 5,5 millions d’Ukrainiens enregistrés comme réfugiés dans d’autres États européens depuis le début de l’invasion le 24 février.


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