Guerre en Ukraine : les troupes russes avancent vers Kiev, le monde s’inquiète – Le Monde

Des véhicules militaires ukrainiens passent devant la place de l’Indépendance dans le centre de Kiev, le 24 février 2022.

A l’aube du deuxième jour de l’offensive russe sur le territoire ukrainien, le tableau dressé, vendredi 25 février, par les différents protagonistes semble préoccupant. L’attaque aérienne et terrestre orchestrée par Moscou, et qualifiée de « succès » par le ministère russe de la défense, a déjà fait des dizaines de morts et provoqué un tollé dans la communauté internationale, surtout côté occidental.

  • Où en est l’invasion russe ?

Deux fortes explosions ont retenti à l’aube vendredi dans le centre de Kiev. Selon des sources militaires occidentales, l’armée russe, qui a une « supériorité aérienne totale » en Ukraine, se rapproche de Kiev avec l’intention de « décapiter le gouvernement » ukrainien et d’y installer à la place un gouvernement favorable à Moscou.

La centrale de Tchernobyl, théâtre du pire accident nucléaire de l’histoire, en 1986, est tombée aux mains des soldats russes. Les forces de Moscou ont également attaqué l’aéroport militaire Antonov à Gostomel, aux portes de Kiev – la capitale est soumise à un couvre-feu –, où les combats semblaient se poursuivre en fin de journée. Cet aéroport pourrait devenir un point de rassemblement pour l’armée russe si elle voulait encercler la capitale.

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  • Le président ukrainien déplore l’isolement de son pays

Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, a regretté, vendredi matin dans une vidéo, que Kiev se retrouve « laissée seule » face à l’armée russe.

« Qui est prêt à combattre avec nous ? Je ne vois personne. Qui est prêt à donner à l’Ukraine la garantie d’une adhésion à l’OTAN ? Tout le monde a peur. »

Un décret présidentiel a ordonné, jeudi soir, la mobilisation générale de ceux soumis « à la conscription militaire et des réservistes », sous 90 jours dans toutes les régions du pays.

M. Zelensky a annoncé qu’au moins 137 Ukrainiens avaient perdu la vie et que 316 autres avaient été blessés depuis le début de l’invasion russe. En outre, les communications du pays semblent fonctionner, a-t-il noté, soulignant qu’une cyberattaque pour les paralyser pourrait survenir lors de la prochaine phase de l’offensive.

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Le président Zelensky a déclaré ne pas vouloir quitter Kiev. « Selon des informations en notre possession, l’ennemi m’a identifié comme la cible numéro 1. Et ma famille comme la cible numéro 2 », a-t-il ajouté.

  • Une partie de la population en exil

Dès les premières heures de la journée, jeudi, des habitants de Kiev se sont pressés dans le métro pour s’y abriter ou ont tenté de quitter la ville ; des voitures remplies de familles fuyant la capitale créaient de vastes embouteillages.

Sur le quai de gare de Kramatorsk, dans la région de Donetsk, dans l’attente d’un train pour Kiev, le 24 février 2022.

Sur les grandes routes de l’Est, l’armée ukrainienne était partout. Un responsable de la défense civile a souligné que les opérations d’évacuation de civils étaient entravées par des tirs d’artillerie nourris et des communications défaillantes.

Environ 100 000 personnes ont fui leur foyer en Ukraine et des milliers ont quitté leur pays, a déploré le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

  • Les forces militaires occidentales mobilisées

Pour éviter une extension de ce conflit à d’« autres pays européens », contre laquelle a mis en garde le chancelier allemand Olaf Scholz, les forces militaires des pays membres de l’OTAN ont été placées en état d’alerte et certaines unités vont faire mouvement pour renforcer le flanc est de l’Alliance, comme l’a annoncé le président français Emmanuel Macron, dans la nuit de jeudi à vendredi.

« La France continuera à jouer pleinement son rôle de réassurance des alliés de l’OTAN en envoyant en Estonie un nouveau contingent au sein de la présence avancée renforcée, en anticipant sa participation à la police du ciel balte dès le mois de mars, et en accélérant son déploiement en Roumanie », a déclaré le chef de l’Etat à l’issue d’une rencontre exceptionnelle des dirigeants de l’Union européenne (UE) à Bruxelles et à la veille d’un sommet de l’OTAN consacré à la guerre en Ukraine.

Les Etats-Unis défendront « le moindre pouce de territoire de l’OTAN », a assuré le président Joe Biden. Mais ils n’enverront pas de troupes en Ukraine, a-t-il précisé. Le Pentagone dépêchera toutefois quelque 7 000 soldats de plus en Allemagne.

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Vladimir Poutine avait souligné, jeudi, que son pays restait une des « plus grandes puissances nucléaires au monde ». Jean-Yves Le Drian, le ministre français des affaires étrangères, a réagi sur TF1 en déclarant que « [le président russe] doit aussi comprendre que l’Alliance atlantique [OTAN] est une alliance nucléaire ».

Un peu plus tard, lors de son intervention nocturne, Emmanuel Macron a jugé utile de maintenir une volonté de dialogue avec Moscou pour obtenir un arrêt de son offensive en Ukraine, après avoir eu, jeudi, un « échange franc, direct, rapide » avec Vladimir Poutine.

  • Nouvelles sanctions contre la Russie

Les vingt-sept Etats membres de l’UE ont approuvé un nouveau train de sanctions contre la Russie, ciblant les secteurs de la finance, de l’énergie et des transports, et qui auront des « conséquences massives », selon leur déclaration.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a détaillé les mesures à l’issue du Conseil européen, avec quatre volets :

  • Financier (accès coupé aux principaux marchés de capitaux)
  • Energétique (interdiction d’exportation du pétrole russe)
  • Aérien (interdiction de la vente de tous les avions, pièces détachées et équipements aux compagnies aériennes russes)
  • Technologique (accès limité aux technologies cruciales « comme les semi-conducteurs ou les technologies de pointe »)

Ces sanctions ne vont pas aussi loin qu’attendu par certains observateurs, n’excluant notamment pas dans l’immédiat la Russie du réseau bancaire Swift, qui permet de recevoir ou d’émettre des paiements dans le monde entier.

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De son côté, Joe Biden, pour qui Vladimir Poutine va devenir « un paria sur la scène internationale », a imposé des restrictions aux exportations de produits technologiques vers la Russie. Le numéro deux de l’ambassade russe à Washington a été expulsé et vingt-quatre personnes et entités biélorusses punies pour leur implication dans l’invasion de l’Ukraine.

Les Etats-Unis et l’Albanie ont demandé un vote du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) vendredi sur un projet de résolution condamnant fermement l’invasion de l’Ukraine par la Russie et réclamant à ce pays le retrait immédiat de ses troupes.

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De son côté, la Chine, qui entretient des relations étroites avec Moscou, a dit suivre « de près » la situation et appelé à « la retenue de toutes les parties ».

  • Rassemblements de soutien à l’Ukraine

Des manifestations contre la guerre ont eu lieu à Moscou, ainsi qu’à Saint-Pétersbourg. Près de 1 400 personnes ont été arrêtées sur l’ensemble du territoire russe, selon l’ONG spécialisée OVD-Info.

Partout dans le monde, à Varsovie, à Prague et ailleurs, des rassemblements de soutien à l’Ukraine ont eu lieu. Devant l’ambassade russe à Berlin, un manifestant brandissait une pancarte où il était écrit : « Stoppez cette folie, sauvez la vie, plus de mensonges ».

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A Paris, plusieurs centaines de personnes étaient réunies elles aussi devant l’ambassade russe, dont plusieurs candidats à l’élection présidentielle d’avril comme l’écologiste Yannick Jadot ou l’ancienne ministre de la justice Christiane Taubira. Quelque 2 800 manifestants, selon la Préfecture de police, se sont également rassemblés, en fin de journée, sur la place de la République.

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Le Monde avec AFP

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