Guerre en Ukraine. Kiev « libérée », horreur dans les rues de Boutcha… Le point sur la nuit – Ouest-France
Les forces armées russes poursuivent leur retrait du nord de l’Ukraine. Un départ de villes clés qui a permis aux Ukrainiens de reprendre la possession de toute la région de Kiev, a annoncé le gouvernement.
Néanmoins, les soldats ukrainiens doivent désormais affronter une tout autre épreuve en rentrant dans les villes précédemment occupées, ne pouvant que constater les violences des dernières semaines. À Boutcha notamment, où près de 300 personnes ont dû être enterrées dans des fosses communes, et où des corps gisent sur le sol de certaines rues.
Mais si la Russie quitte le nord de l’Ukraine, elle accentue la pression sur l’est de l’Ukraine. À Marioupol, après une première tentative avortée de pénétrer dans la ville portuaire pour évacuer des civils, la Croix Rouge a lancé ce samedi une deuxième opération.
Voici les événements qui ont marqué les dernières heures du conflit en Ukraine.
Les villes du nord libérées
C’est un changement de stratégie qui marque une véritable rupture avec ce qui avait été observé depuis le début de la guerre en Ukraine. L’armée russe a décidé de concentrer ses forces sur l’est du pays et notamment sur le Donbass, et de laisser de côté sa volonté de prise de la capitale ukrainienne, Kiev.
Au point que ce samedi 2 avril, la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar, a indiqué la libération de la totalité de la région, après le retrait des forces russes de villes clés situées près de la capitale.
Après Irpin, les villes de Boutcha et Gostomel ont été « libérées de l’envahisseur », a-t-elle déclaré sur Facebook.
Dans les derniers jours, d’autres villes du nord du pays ont été reprises par l’armée ukrainienne, comme Trostyanets.
Scènes d’horreur et accusations d’exécutions à Boutcha
Les villes autour de Kiev sont reprises par les Ukrainiens, un retrait de l’armée russe est bel et bien observé au nord, mais les traces du passage de celle-ci restent. À Boutcha, au nord-ouest de Kiev, le bilan humain est catastrophique et les scènes apocalyptiques.
« Dans certaines rues, on voit 15 à 20 cadavres sur le sol », mais « je ne peux pas dire combien il y en a encore dans des cours, derrière les palissades », a déclaré le maire, Anatoly Fedorouk.
Dans une vidéo diffusée sur ses réseaux sociaux, le ministère de la Défense ukrainien accuse les forces russes d’avoir exécuté arbitrairement des civils dans la banlieue de la capitale. On y voit des corps, qui jonchent le sol de Boutcha. De nombreuses autres images circulent sur les réseaux sociaux. Plusieurs journalistes rapportent des images de victimes avec les mains attachées.
La ministre britannique des affaires étrangères, Liz Truss, a réagi sur Twitter. « Consternée par les atrocités commises à Boutcha et dans d’autres villes d’Ukraine », elle précise que le Royaume-Uni travaille actuellement avec d’autres pays pour « collecter des preuves » et « soutenir l’UE ainsi que la Cour pénale internationale » dans l’enquête sur les « crimes de guerre ». Avant de conclure : « les responsables devront rendre des comptes ».
Le maire de Boutcha a déclaré à l’AFP, au téléphone, que « 280 personnes » avaient déjà été enterrées « dans des fosses communes », car il était impossible de le faire dans les trois cimetières de la municipalité, tous à portée de tir des militaires russes.
Plus de 4 000 civils évacués ce samedi
Au cours d’une déclaration effectuée sur le réseau social Télégram, la vice-première ministre de l’Ukraine, Iryna Vereshchuk, a annoncé l’évacuation de 4 217 civils de villes à travers le pays, grâce à des couloirs humanitaires.
Elle précise que 1 263 personnes de la ville assiégée de Marioupol et de la ville de Berdiansk, tenue par les Russes, ont rejoint la ville de Zaporojie ce samedi 2 avril, confirmant les informations rapportées par plusieurs journalistes sur place.
Iryna Vereschuk a également déclaré que 17 bus avaient atteint Berdiansk en provenance de Zaporojie, et étaient attendus ce dimanche matin pour poursuivre l’évacuation d’habitants de Marioupol.
2 650 civils ont également pu quitter la région de Louhansk, dans l’est de l’Ukraine.
La Croix-Rouge poursuit ses efforts en direction de Marioupol
La ville portuaire de Marioupol, où la situation humanitaire se dégrade jour après jour, compte toujours près de 100 000 habitants en attente d’évacuation, selon le média américain CNN.
Un convoi de la Croix-Rouge devait s’y rendre ce samedi 2 avril, pour tenter une nouvelle fois d’évacuer des civils de la ville assiégée, après une première tentative avortée. « L’opération pour se rendre à Marioupol est en cours, a déclaré Ewan Watson, un porte-parole de l’organisation, rapporte le New York Times. Elle n’est pas au point mort, nous avançons lentement mais sûrement. »
Des avancées dans les négociations selon l’Ukraine
Les négociations se poursuivent entre Russes et Ukrainiens à Istanbul, en Turquie. Ce samedi, David Arakhamia, le négociateur en chef ukrainien, s’est exprimé dans une émission télévisée et a annoncé que la Russie avait donné un accord “oralement” aux principales propositions de l’Ukraine. Kiev attend désormais une confirmation écrite.
La Russie viserait une victoire début mai à l’est de l’Ukraine
Selon plusieurs hauts responsables de la défense américains, rapportant les dernières informations des services de renseignements, la Russie aurait changé sa stratégie de guerre pour se concentrer uniquement sur le Donbass, et viserait une victoire début mai dans cette région, écrit CNN.
Selon ces responsables, les services de renseignement suggèrent que Poutine se concentrerait sur la date du 9 mai, le « jour de la victoire » de la Russie, un jour férié du calendrier russe, où le pays marque la capitulation des nazis lors de la Seconde Guerre mondiale par un énorme défilé de troupes et d’armes sur la Place Rouge, devant le Kremlin.
