Guerre en Ukraine, en direct : l’ONU évoque des « crimes de guerre » en Ukraine ; la Russie continue de bombarder dans les zones autour de Kiev, selon les autorités du pays – Le Monde

La haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU évoque « des crimes de guerre » et met en cause la Russie

Dans un long réquisitoire, Michelle Bachelet, la haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, a estimé, mercredi, que les attaques indiscriminées et à grande échelle menées par les forcées armées russes « pourraient être des crimes de guerre ». Devant le Conseil des droits de l’homme, Mme Bachelet a usé du conditionnel par convention, les crimes de guerre devant être prouvés devant un tribunal mais ne faisant guère de doute. L’ancienne présidente du Chili n’a laissé aucun doute sur le fait qu’elle estime que la Russie est la principale fautive, même si elle n’a pas totalement dédouané les forces ukrainiennes.

Mme Bachelet a notamment rappelé que les forces armées russes ont attaqué et bombardé de nombreuses villes en Ukraine et a également détaillé les attaques menées contre des infrastructures de santé. « La destruction massive d’objets civils et le nombre élevé de victimes civiles indiquent fortement que les principes fondamentaux de distinction [entre cibles militaires et les civils], de proportionnalité et de précaution n’ont pas été suffisamment appliqués », a-t-elle dit.

« La terreur et l’agonie vécue par le peuple ukrainien sont ressenties dans le monde entier. Il veut que la guerre s’arrête, revenir à la paix, la sécurité et la dignité humaine. Et il est grand temps que leur appel soit entendu », a-t-elle ajouté, appelant Moscou « à agir immédiatement pour retirer ses troupes du territoire ukrainien ».

Mme Bachelet s’est inquiétée de l’utilisation d’armes à forte puissance et à large rayon d’action dans les zones peuplées, qui provoquent « des dommages massifs sur des objets civils ». Elle a souligné que ses services avaient « des allégations crédibles, selon lesquelles les forces armées russes ont utilisé des armes à sous-munitions dans des zones peuplées au moins 24 fois ». Ses services enquêtent pour vérifier si l’armée ukrainienne a aussi utilisé ce type d’armes.

Ni Moscou ni Kiev n’adhèrent à la convention qui interdit l’usage de ces armes considérées comme particulièrement meurtrières et dangereuses pour les civils parce que très souvent elles n’explosent pas tout de suite et deviennent des mines.

Mme Bachelet a aussi dressé un tableau détaillé des attaques contre les structures de santé. Quelque 77 ont été endommagées. Cinquante hôpitaux et une dizaine de ces structures ont été totalement détruits, mais la haut-commissaire estime que le nombre réel « est probablement considérablement plus élevé ».

C’est aussi le cas pour le nombre de civils tués, dont le Haut-Commissariat tient un décompte précis depuis le 24 février. Selon ses données, au 29 mars, 1 189 civils, dont 98 enfants sont morts en Ukraine. Un bilan très inférieur à la réalité, ses équipes n’ayant pas accès directement aux endroits les plus exposés comme Marioupol, où le Haut-Commissariat a repéré récemment, grâce à des images satellites, la présence de fosses communes. Les autorités ukrainiennes évoquent 5 000 à 10 000 morts dans ce seul port, assiégé depuis des semaines.

« Les civils subissent des souffrances incommensurables et la crise humanitaire est critique », a insisté Mme Bachelet, soulignant que les populations manquent souvent des produits de première nécessité. « Mais avant tout, elles ont besoin que les bombes cessent de tomber et que les armes se taisent », a plaidé la haut-commissaire. Dans les villes assiégées, la mortalité a particulièrement augmenté, au-delà des victimes directes des armes. « Cela peut être attribué à l’interruption des soins médicaux ainsi qu’aux privations et au stress créés par le conflit », selon Mme Bachelet.

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading