Guerre en Ukraine, en direct : les Ukrainiens toujours aux abords de Soledar, selon CNN – Le Monde

Dans l’attente des blindés occidentaux, les Ukrainiens contraints aux réparations de fortune

Un tankiste ukrainien tient une chaufferette faite avec une boîte de conserve et une bougie, dans les environs de Kreminna, oblast de Louhansk, le 12 janvier 2023.
Deux mécaniciens s’affairent autour des essieux d’un char, dans les environs de Kreminna, le 12 janvier 2023.

« Pour gagner cette guerre, nous avons besoin de matériel militaire supplémentaire, de matériel lourd. Notre coopération avec nos alliés se poursuit et tout ce que je peux dire maintenant, c’est que nous avons commencé à obtenir de l’équipement lourd », rappelle Andriy Yermak, chef de cabinet à la présidence ukrainienne, dans un message posté aujourd’hui sur Telegram.

De fait, les équipages de chars ukrainiens doivent se contenter de ce qu’ils ont, à savoir de vieux modèles de chars de conception soviétique, au confort rustique, comme le T-64. Pour affronter l’hiver, ils ont recours au bricolage – parfois avec les moyens du bord, comme une boîte de nourriture pour chats reconvertie en bougie à la paraffine – pour rester au chaud dans leurs tanks. Les conducteurs de ces engins espèrent bien obtenir un jour un réel chauffage embarqué, si les alliés occidentaux accèdent aux demandes de Kiev pour obtenir des tanks plus récents et plus modernes.

Près de Lyman, une ville ravagée reprise aux forces russes en octobre mais toujours proche du front, le commandant qui commande une brigade de char l’admet : « Le froid est le dernier de nos soucis. (…) La situation est très difficile, les équipements cassent » et les munitions manquent, énumère-t-il à l’Agence France-Presse (AFP) sous la neige qui tombe. Près de lui, un jeune mécanicien travaille sous un blindé dans la boue glacée, creusée de profondes crevasses laissées par les chenilles des engins se dirigeant vers le front.

« Nous n’avons pas de pièces de rechange pour entretenir les chars et les chenilles cassent, alors si notre brigade d’entretien voit des chars qui ont été touchés, elle prend ce dont elle a besoin », explique le commandant.

Le ministre des affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kuleba, a demandé cette semaine aux Occidentaux qui fournissent au pays une aide militaire, davantage de munitions, de pièces l’artillerie, de systèmes antiaériens et de blindés d’infanterie. L’intérêt s’est notamment porté sur le char de combat allemand Leopard 2, que la Pologne, qui en possède, s’est dite prête à fournir à Kiev, sous réserve du feu vert de Berlin.

Ces tanks plus modernes surclassent leurs homologues soviétiques en de nombreux points, mais le plus important est l’endroit où les munitions sont stockées. « Dans un char soviétique, l’équipage est assis sur les munitions, donc si le char est touché, cela signifie presque certainement que 100 % de l’équipage est mort », explique le capitaine Volodymyr Tchaïkovsky, alors que, dans le Leopard, les obus sont stockés derrière un panneau blindé au lieu du compartiment d’équipage. « Ce qui nous importe avant tout est la sécurité de nos équipages, et leur vie est notre priorité. L’équipement peut être remplacé, pas le personnel, selon M. Tchaïkovsky. C’est la raison principale pour laquelle nous avons besoin de chars occidentaux. Tout le reste – GPS, vision nocturne, vision thermique… – vient après. »

Mark Cancian, analyste du groupe de réflexion américain CSIS (Center for Strategic and International Studies), souligne, lui aussi, l’importance de ce point. Même si, pour certains, il s’agit d’un « défaut de conception » du Leopard – stocker les munitions à l’arrière agrandit le char et en fait une cible plus facile à atteindre –, l’expert parle plutôt d’un « compromis ». Que les Ukrainiens semblent largement prêts à faire.

Selon M. Cancian, les tanks plus récents ont également de meilleurs systèmes d’acquisition de cibles et peuvent frapper à plus grande distance que les blindés utilisés par la Russie et l’Ukraine. Ces systèmes peuvent notamment être installés dans le T-72, également de conception soviétique, qui constitue l’essentiel de la flotte de quelque 700 chars que possédait l’Ukraine lorsque la Russie a lancé son invasion, le 24 février 2022, assure M. Cancian.

Et la mise à jour de ces T-72 pourrait être une meilleure option pour l’Ukraine, estime-t-il, plutôt que d’espérer l’arrivée des Leopard qui, vu le nombre annoncé, « ne seront pas un remède miracle ». Car, même si des dizaines d’engins sont envoyés en Ukraine, « on est plus dans le symbole que dans un réel potentiel militaire », pour M. Cancian. Mais, pour le capitaine Tchaïkovsky, dont le fils de 25 ans est lieutenant dans son bataillon, l’aide occidentale est essentielle : « Si nous n’avons pas de soutien de l’étranger, le conflit va s’éterniser et il y aura plus de pertes. »

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