Guerre en Ukraine en direct : la Russie a frappé une seconde usine militaire à Kiev – Le Monde

Carnets d’exil, épisode 1 : « Je n’arrête pas de me dire que c’était le bon choix »

Avec la guerre, ils ont quitté Lviv, Odessa ou Tcherkassy et posé leurs valises à Strasbourg, Selles-Saint-Denis, Asnières, Dijon… Pour un mois, pour une année, pour toujours ? Qui peut savoir… Douze familles ukrainiennes et russes, dont les vies ont été bouleversées, ont accepté de nous raconter leur quotidien et de nous donner des nouvelles au fil des semaines. Extrait du témoignage d’Alina, à Nice :

Avec Yevhen [son mari], nous prenons des cours de français depuis trois semaines. C’est dur. Le premier mot que j’ai appris, c’est « demain ». Parce qu’à chaque fois que j’allais quelque part, on me disait : « Revenez demain ! » Maintenant, je sais dire « tartelette aux fruits », et « Pôle emploi » [elle rit]. J’y ai rendez-vous le 12 avril. Je voudrais une formation intensive en français pour pouvoir me débrouiller encore plus rapidement.

Uliana [sa fille de 6 ans] est triste parfois, parce qu’elle n’a pas d’ami ici et qu’elle ne comprend rien à l’école. Je lui dis que moi non plus, qu’on va apprendre ensemble. Chaque jour, j’essaie de faire quelque chose de nouveau. Inscrire Uliana à l’école, ouvrir un compte en banque… Tout prend beaucoup de temps.

Kharkiv, ma Kharkiv… Regardez comme la vie était belle [elle fait défiler les photos sur son téléphone]. (…) Je sais pourquoi nous avons fui, ce qu’il se passe là-bas, mais mon cerveau n’arrive pas à faire la connexion. J’ai vu un psychologue qui m’a dit d’arrêter de regarder les informations toute la journée, alors on se force à ne le faire qu’une heure par jour. Et chaque jour est pire que la veille.

[Pendant leur fuite, ils se sont arrêtés quelques jours à Budapest,] mais ce n’était pas assez loin. J’étais terrorisée, il fallait s’éloigner encore. Alors on a repris la voiture, Yevhen a vu sur Internet que la préfecture de Nice serait ouverte pour les Ukrainiens le 8 mars. Voilà comment on a choisi. Le hasard, ou peut-être le karma. Je n’arrête pas de me dire que c’était le bon choix.

Retrouvez le récit d’Alina en entier, et celui de cinq autres personnes ayant fui la guerre en Ukraine, dans cet article :

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