Guerre en Ukraine. Élargissement de l’Otan, Lyssytchansk et Kherson résistent… Le point sur la nuit – Ouest-France

L’Ukraine entame son 126e jour de guerre, ce mercredi 29 juin 2022, et continue de payer un lourd tribut à cause de l’invasion russe.

Les autorités ukrainiennes ont recensé plusieurs frappes meurtrières contre des civils, mardi, notamment à Lyssytchansk, ville jumelle de celle de Sievierodonetsk, située dans une poche de résistance ukrainienne stratégique dans le bassin du Donbass.

Sur le plan diplomatique, le conflit en Ukraine sera au cœur du sommet de l’Otan à Madrid, où plus de 40 chefs d’État et de gouvernement sont réunis pour discuter de l’avenir de l’Alliance, que la Suède et la Finlande vont finalement pouvoir rejoindre après la levée du veto de la Turquie.

Le point sur la journée du mardi 28 juin 2022

Lyssytchansk résiste, Kherson contre-attaque

Les autorités ukrainiennes ont fait état mardi de plusieurs frappes meurtrières contre des civils, notamment à Lyssytchansk. Néanmoins, les forces russes n’ont toujours pas encore encerclé cette ville du Donbass, nouvelle cible des Russes après la capture de sa ville jumelle de Sievierodonetsk.

Les forces ukrainiennes consolident leurs positions sur les hauteurs de Lyssytchansk, a indiqué le ministère britannique de la Défense dans une mise à jour du champ de bataille. Les forces armées russes sont « de plus en plus vidées de leur substance », ont ajouté les responsables britanniques, car elles ont déployé des éléments essentiels de six armées différentes, mais n’ont obtenu qu’un succès tactique à Sievierodonetsk.

Des responsables de la République de Lougansk ont affirmé que les forces ukrainiennes avaient commencé à se retirer de la ville, mais cette information ne pouvait pas être vérifiée. Selon l’Institut d’Étude de la Guerre (ISW), les forces russes qui se sont engagées dans les opérations offensives à Sievierodonetsk auront besoin d’un certain temps pour rétablir leurs capacités de combat avant de participer à un assaut sur Lyssytchansk.

À Kherson, la ville du sud de l’Ukraine occupée par les forces russes dès les premiers jours de l’invasion, les signes de résistance se multiplient. Un responsable du ministère américain de la Défense a déclaré lundi qu’il était au courant de tentatives d’assassinat de responsables russes locaux, ainsi que de rapports suggérant que les Ukrainiens ont réussi à libérer plusieurs petites villes au nord-ouest et à l’ouest de Kherson.

Le maire de Kherson arrêté par les forces de sécurité russe

Des responsables russes nommés dans la région de Kherson ont annoncé que leurs forces de sécurité avaient arrêté mardi le maire de la ville, Igor Kolykhaïev, après qu’il a refusé d’obéir aux ordres de Moscou.

Une responsable locale a de son côté déclaré que le maire de Kherson avait été enlevé.

« Je peux confirmer que Kolykhaïev a été arrêté par le bureau du commandant (de la police militaire) » a indiqué Ekaterina Goubareva, la cheffe adjointe de la région de Kherson nommée par Moscou, dans un message publié sur Telegram.

« Ce matin, le maire de Kherson Igor Kolykhaïev s’est rendu dans les locaux où travaillaient les employés restants du conseil municipal » a écrit Halyna Lyachevska, une conseillère du maire, dans un message publié sur Facebook.

« Sitôt qu’il est sorti de sa voiture, il a été enlevé par des gardes nationaux armés et, vraisemblablement, le FSB », a-t-elle ajouté, faisant référence au principal service du renseignement russe.

Un autre responsable russe nommé dans la région a déclaré lundi à l’agence de presse russe RIA qu’Igor Kolykhaïev a « beaucoup nui au processus de dénazification » initié par la Russie en Ukraine, ajoutant : « Il a finalement été neutralisé ».

Zelensky dévoile la vidéo de la frappe à Krementchouk

Dans son adresse nocturne à la nation, Volodymyr Zelensky a partagé la vidéo du tir de missile mortel sur le centre commercial de Krementchouk.

Ce lieu « très fréquenté » de la ville du centre de l’Ukraine a été touché par un missile russe lundi 27 juin 2022, faisant au moins 18 morts.

La frappe a été qualifiée de « crime de guerre » par les pays du G7. Moscou dément de son côté avoir frappé un centre commercial bondé, comme l’affirme Kiev. Les forces russes ont assuré mardi avoir ciblé un entrepôt d’armes.

La Turquie lève son veto à l’adhésion de la Finlande et de la Suède

La Turquie, membre de l’Otan, a levé mardi son opposition à l’adhésion de la Finlande et de la Suède après que les trois pays sont convenus de protéger leur sécurité mutuelle, mettant fin à un feuilleton de plusieurs semaines qui a mis à l’épreuve l’unité des pays de l’Alliance sur fond de guerre en Ukraine.

Cette avancée majeure vers un élargissement de l’Otan a été obtenue à l’issue de quatre heures de discussions en amont de l’ouverture formelle, dans la soirée, du sommet de trois jours de l’Alliance à Madrid.

Elle permet aux 30 membres de l’Otan d’éviter une impasse embarrassante alors qu’ils cherchent à afficher lors du sommet leur unité et leur détermination face à la Russie, laquelle est désormais considérée comme une menace sécuritaire directe plutôt que comme un éventuel adversaire.

La Finlande et la Suède vont pouvoir déposer formellement leurs demandes d’adhésion à l’Otan en vue de bénéficier de la protection de celle-ci, confirmant ce qui s’apparente au plus important virage sécuritaire en Europe depuis des décennies, alors que les deux pays nordiques étaient de longue date restés neutres.

Zelensky réclame l’exclusion de la Russie du conseil de sécurité

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé mardi la Russie d’être un « État terroriste » lors d’un discours prononcé devant les Nations unies.

La Russie a rétorqué que le président ukrainien utilisait son discours devant le Conseil de sécurité des Nations unies comme une « campagne de relations publiques à distance » afin de réclamer des armes occidentales supplémentaires.

Volodymyr Zelensky a demandé au Conseil de sécurité d’expulser Moscou des Nations unies et de créer un tribunal pour enquêter sur les actions de l’armée russe en Ukraine. La Russie bénéficie toutefois d’un droit de veto au Conseil et peut se protéger contre toute action intentée en ce sens.

« La Russie n’a aucun droit de prendre part aux discussions et aux votes concernant la guerre en Ukraine, qui n’a pas été provoquée et vise simplement un but colonialiste », a estimé le président ukrainien. « Je vous exhorte à priver la délégation de cet État terroriste de ses pouvoirs. »

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