Guerre en Ukraine : au matin du cinquième jour de l’offensive, Kiev craint une possible guérilla – Le Monde
Kiev retient son souffle. Vivant au son des explosions qui résonnent sporadiquement dans les faubourgs, la capitale ukrainienne craint, lundi 28 février, soit un assaut brutal de l’armée russe, soit d’être assiégée. En attendant ce jour, la ville se prépare à résister. Des milliers d’hommes et quelques femmes se sont engagés dans les rangs de la « défense territoriale », qui doit appuyer l’armée ukrainienne en cas de combats urbains. La distribution d’armes ne concerne plus seulement les hommes en âge de combattre, comme annoncé initialement par l’armée, mais « toute personne prête à défendre la ville ».
La ville a passé le week-end sous couvre-feu, décrété samedi et levé lundi matin. Les premiers jours de guerre, rythmés par des raids aériens et une première incursion russe dans la capitale, ont renforcé la conviction de l’état-major ukrainien que Kiev a été de longue date infiltrée par des Spetsnaz, les forces spéciales russes. Outre des missions de renseignement et de reconnaissance du terrain, ils mèneraient des « activités de sabotage » et auraient pour objectif d’assassiner le président, Volodymyr Zelensky.
Afin de lutter contre ceux que Kiev soupçonne d’être des « espions » et des « saboteurs », la ville a été totalement bouclée. Les habitants ont reçu samedi l’ordre de ne plus quitter les abris ou les habitations, de ne pas mettre le nez dehors et de ne pas s’approcher des fenêtres. « Les civils qui seront dans la rue pendant le couvre-feu seront considérés comme des membres des groupes de sabotage et de reconnaissance de l’ennemi », a prévenu le maire de Kiev, Vitali Klitschko. Des unités de l’armée et des services de renseignements traquent l’ennemi invisible. Le maire a indiqué à l’agence Associated Press que « six Russes » avaient été tués samedi soir, et que d’autres « affrontements » avec « des groupes subversifs » ont eu lieu, sans davantage de précisions.
Les hommes de la « défense territoriale », pour leur part, ferment les avenues avec des barricades, créent des checkpoints et contrôlent les intrus qui se risqueraient à circuler en ville. Ils sont fébriles, le doigt sur la gâchette. Leur nervosité est renforcée par le fait que des infiltrés ont déjà été découverts circulant en civil ou en uniforme de l’armée et de la police ukrainiennes – et en province, une unité de combattants tchétchènes des forces russes aurait été arrêtée dans un véhicule maquillé en voiture de journalistes, avec un autocollant « Press » ou « TV » collé sur le capot.
Les habitants appelés à se préparer à des combats
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