Guerre en Ukraine: après l’évacuation des civils d’Azovstal, l’assaut final sur Marioupol? – BFMTV

Samedi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé que toutes les femmes, enfants et personnes âgées avaient été évacués du complexe industriel. Laissant champ libre à Moscou pour un dernier assaut, à la veille du 9 mai.

Le drapeau russe flottera-t-il ce dimanche soir sur l’usine Azovstal? Samedi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué que l’ensemble des civils avaient pu être évacués des galeries souterraines de cet immense complexe industriel, où s’étaient terrés de nombreux habitants de Marioupol lors du déclenchement de l’invasion russe. Une information confirmée sur BFMTV ce dimanche par le député de Marioupol Iaroslav Zheleznyak.

“Toutes les femmes, tous les enfants et toutes les personnes âgées ont été évacués de l’usine Azovstal”, a-t-il assuré.

Sur place, seuls résident d’ultimes combattants ukrainiens, dotés de moins en moins de munitions et de nourriture, dans des conditions de vie extrêmes. Alors que Marioupol est presque sous contrôle total des forces russes, l’usine Azovstal résiste encore, pilonnée sans relâche par Moscou, en plus d’attaques importantes au sol à l’origine de violents combats.

“Ils transportent les cadavres avec eux”

Ievguenia Tytarenko, infirmière militaire, dont le mari, membre du régiment Azov, se trouve dans l’usine, a donné à l’Agence France-Presse (AFP) de nombreux détails concernant les conditions de vie sur le site. “De nombreux soldats se trouvent dans un état grave. Ils sont blessés et n’ont pas de médicaments”, explique-t-elle. “La nourriture et l’eau manquent aussi.”

Un constat partagé par Iaroslav Zheleznyak, qui a indiqué sur BFMTV ce dimanche: “Il reste un grand nombre de soldats blessés sur place. Ils ont besoin d’être évacués. (…) On ne peut pas les évacuer, les combattants du site d’Azovstal sont privés de médicaments.”

Ievguenia Tytarenko décrit une situation chaotique à l’intérieur des tunnels de l’usine, les soldats combattant tout en acheminant civils et cadavres à travers le dédale de galeries souterraines datant de l’époque soviétique. Les morts ont été emballés dans des sacs en plastique et pourrissent faute de systèmes de réfrigération. Mais les membres du régiment Azov ne veulent surtout pas qu’ils tombent entre les mains des forces russes.

“Presque partout, ils transportent des cadavres avec eux”, explique-t-elle. “Ils méritent d’être évacués”, ajoute-t-elle, “ceux qui sont vivants, les blessés et les morts”.

Dernier baroud d’honneur

Mais malgré l’horreur, certains trouvent insupportable d’être à l’extérieur. Rolana Bondarenko, une femme de 54 ans, a une douzaine d’amis parmi les membres du régiment Azov toujours présents. Avec son fils, elle a été une des premières à rejoindre le bataillon en 2014. Depuis, Rolana a appris que son garçon avait été tué mi-avril.

“Ils l’ont mis dans un sac noir et son corps pourrit”, explique-t-elle par téléphone depuis l’Allemagne où elle habite depuis un an pour des raisons médicales. “Et ce n’est pas uniquement lui qui est dans son cas. Il y en a des centaines!”

Mais même après la perte de son fils, Rolana continue de soutenir ardemment les derniers combattants ukrainiens qui font face à la puissance de feu de l’artillerie et des avions russes, dans ce qui ressemble à un dernier baroud d’honneur. D’autant que l’assaut final semble être imminent sur le site, maintenant vidé des derniers civils.

Le 9 mai imminent

“L’ennemi cherche à achever les défenseurs d’Azovstal, il essaie de faire cela avant le 9 mai pour faire un cadeau (au président russe) Vladimir Poutine”, a mis en garde Oleksiï Arestovytch, un conseiller du président ukrainien.

Ce lundi, Moscou fête en effet sa victoire sur l’Allemagne nazie à l’issue de la Seconde guerre mondiale, un jour qui revêt une importance symbolique pour le Kremlin, n’ayant remporté aucune victoire majeure en 73 jour de conflit en Ukraine.

“Les Russes veulent liquider au sens propre et figuré du terme ce qu’il reste d’Azovstal. Pour pouvoir dire et planter le drapeau russe, ‘ça y est, c’est à nous, c’est russe’ et tant pis pour les soldats ukrainiens qui sont encore terrés”, analyse sur BFMTV le général Jérôme Pellistrandi.

Jules Fresard avec AFP

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