Grève du 5 décembre, Otan… pour Macron, une semaine à hauts risques – Le Parisien

« Macron, il joue tous les jours sa vie politique », assène un conseiller élyséen. Cette semaine, tout particulièrement. Car les jours qui viennent s’annoncent… noirs pour le chef de l’Etat. Ce lundi 2 décembre au soir, à peine avait-il achevé son hommage aux treize soldats tombés au Mali, qu’Emmanuel Macron se projetait déjà dans cet agenda de tous les dangers.

D’abord, mardi et mercredi, à Londres, le sommet de l’Otan, instance que le président français avait dépeinte il y a quelques semaines en « état de mort cérébrale », une provocation; jeudi, la grande journée de grève contre sa réforme des retraites; quarante-huit heures plus tard, mobilisation des Gilets jaunes. Puis, au début de la semaine suivante, la synthèse de Jean-Paul Delevoye sur la concertation sur les retraites; et enfin, un Conseil européen le 12 et 13 décembre au cours duquel il sera notamment question de défense et de climat. Deux fronts, l’un international, l’autre intérieur, sur lesquels le président va devoir faire face à de puissants vents contraires.

Grève du 5 décembre, Otan… pour Macron, une semaine à hauts risques

« C’est le moment de mettre les bouchées doubles pour avoir un bilan sur la scène internationale, décrypte l’un de ses intimes. Et sur la scène nationale, c’est maintenant que se joue notre capacité à réformer ». Un ministre, plus cash encore, renchérit : « L’acte II démarre vraiment maintenant. Cette semaine, ça passe, et il pourra se plonger sur 2022, ou ça casse. »

« C’est la 2e étape du quinquennat qui est en jeu »

Début de réponse dès mardi après-midi, avec deux rencontres au sommet à Londres : un tête à tête avec l’Américain Donald Trump pour évoquer les opérations militaires au Sahel, puis juste après des retrouvailles forcément tendues avec le Turc Recep Tayyip Erdogan qui l’a décrit vendredi lui-même en « état de mort cérébrale ». Une charge d’une rare violence, sur fond de bras de fer autour de la présence turque dans le nord de la Syrie. « Soyons clairs, ce n’est pas une déclaration, ce sont des insultes », réplique l’Elysée avant cette rencontre qui s’annonce glaciale. « On va avoir une discussion franche, même une clarification. Mais nous serons sur le fond, pas sur le terrain des attaques personnelles », précise-t-on.

Puis, après les chaos du monde, les troubles de l’Hexagone. Jeudi, tandis que se tiendra le Conseil des ministres, le pays sera, lui, figé par une grève XXL. Et cela pourrait bien durer jusqu’à samedi, avec la crainte que les Gilets jaunes entrent dans la ronde.

Dimanche soir à Matignon, où le gouvernement était réuni en séminaire, l’inquiétude était d’ailleurs palpable : « On est dans une situation un peu chaude, il ne faut pas se raconter d’histoires. Tout le monde était à la fois inquiet et déterminé. C’est la deuxième étape du quinquennat qui est en jeu », confiait un ministre à la sortie. Mais à l’Elysée, où l’on s’agace d’entendre dire que le président « s’enlise », on refuse de s’enfermer dans cette sombre prophétie : « On nous parle de l’apocalypse du 5 décembre, mais le monde ne s’arrêtera pas ce jour-là… »

« Le vrai danger, ce sera plutôt lundi »

De fait, la majorité, comme résignée à une fin de semaine « brutale, très dure », dixit un ministre, a surtout les yeux rivés sur une autre échéance : « Le problème, ce n’est pas vraiment jeudi. C’est une journée de blocage à l’initiative des syndicats, donc on connaît. Le vrai danger, ce sera plutôt lundi. C’est là que l’on verra vraiment si le pays repart ou pas », anticipe un pilier de l’exécutif, qui a l’oreille du président.

À l’image de son gouvernement − qui ne se prive pas de le mettre en scène −, Macron enchaîne les rendez-vous et réunions pour se préparer à affronter cette série d’obstacles. Lundi, en fin de matinée, avant la cérémonie des Invalides, il a réuni ses équipes en amont du sommet de l’Otan. Jeudi soir, c’est un dîner avec des grands élus et poids lourds de la Macronie qui est prévu pour « débriefer » la journée de grève.

Dans ce contexte tendu, certains, au sein de l’exécutif, redoutent que les conseillers techniques de l’Elysée ou de Matignon le poussent à revoir sa copie sur les retraites pour s’offrir un peu d’air. « Il a eu des recommandations en ce sens, des échos qui l’encouragent à lever le pied, glisse un conseiller ministériel. Mais on sent que ça ne lui plaît pas du tout. » Et un collaborateur élyséen de confirmer le côté va-t-en-guerre de son patron : « Il considère que son principal ADN politique, c’est de jouer tous les jours. Il fait tapis tous les jours », comme on dit au poker. Reste à savoir s’il sera gagnant.

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