Grève du 5 décembre : à la RATP «on est prêt à perdre un mois de salaire pour défendre nos retraites» – Le Parisien

Le verdict est attendu ce mardi. Conformément à la loi, les personnels de la RATP et de la SNCF ont jusqu’au 3 décembre pour se déclarer grévistes auprès de leur employeur. C’est sur la base de ces informations que les deux entreprises publieront ce mardi après-midi leur « plan de transports », 48 heures avant le début du mouvement de grève illimitée contre la réforme des retraites.

Combien de métros, de RER ou de bus rouleront jeudi, vendredi et les jours suivants? Si l’on en croit les syndicats de la RATP, tout indique que le mouvement de jeudi sera « au moins aussi important que le 13 septembre ». Ce jour-là, pour la première fois depuis 2007, dix lignes de métro avaient été entièrement fermées, et le RER avait tourné au ralenti, faute de personnel disponible.

Sur le réseau SNCF en Ile-de-France, « les perturbations débuteront dès 17h30 mercredi sur le RER E et la ligne P, dont le trafic sera totalement interrompu à 19 heures ». A la RATP en revanche, les perturbations ne débuteront que jeudi matin.

«Cette réforme signifie 500 à 600 euros en moins par mois»

Depuis le 20 septembre, date où les syndicats de la RATP ont publié un appel commun à la grève illimitée, les discussions sont au point mort avec le gouvernement. Et la détermination des représentants syndicaux ne fléchit pas.

« Le calcul est simple, cette réforme signifie 500 à 600 euros de retraite en moins par mois », estime Laurent Djebali, secrétaire général adjoint à l’Unsa-RATP, le syndicat majoritaire. Sur le fond, « le problème, ce n’est pas le régime spécial, ni même l’âge de départ, qui recule chaque année. Nous cotisons 43 ans, comme tout le monde. Nous ne sommes pas des privilégiés, sur 43 000 salariés, 30 500 ont touché la prime Macron il y a un an! Si nous tenons au calcul de notre retraite sur les six derniers mois, c’est parce que les salaires en début de carrière sont bas. »

« Le départ à la retraite un peu plus tôt, c’est une compensation, pas un avantage, ajoute Jean-Christophe Delprat, de SUD RATP. C’est un pacte, en échange du fait de travailler un week-end sur cinq et de se lever régulièrement à 4 heures du matin. »

«Le tournant, ce sera le lundi 9. On est prêt à durer jusqu’à Noël»

Chez les cadres, le passage à un système de retraites universel à points, objectif du gouvernement, est aussi très mal perçu. « C’est le hold-up du siècle ! juge Frédéric Ruiz, de CFE-CGC. Pour autant, beaucoup de cadres feront grève par procuration, grâce à leurs collègues du métro. La pression de la direction est énorme, beaucoup craignent pour leur carrière s’ils cessent le travail… Cette pression vient aussi du gouvernement et d’Ile-de-France Mobilités »

Jeudi et les jours suivants, des cadres habilités à conduire les métros et les RER remplaceront les conducteurs grévistes. Certains ont été formés spécialement depuis septembre. « Difficile à refuser quand on vous offre une prime », grince Frédéric Ruiz. « Le système existe depuis 10 ans afin de répondre à la loi sur la continuité de service, et n’a absolument pas été mis en place pour le mouvement du 5 décembre prochain », explique la direction de la RATP.

Pour l’Unsa-RATP et ses alliés, le véritable objectif de la grève, c’est de prolonger le bras de fer pour faire plier le gouvernement. « Le plus important, pour nous, ce n’est pas le 5 décembre ni le 6. Le tournant, ce sera le lundi 9, souligne Laurent Djebali. On est prêt à durer jusqu’à Noël, à perdre un mois de salaire pour défendre nos retraites. On est conscient que ce sera une gêne pour les usagers. Mais lors de nos distributions de tracts, on sent une réelle solidarité, car cette réforme est dangereuse pour tous les Français. »

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