Grève des urgences : Agnès Buzyn abat ses cartes pour “régler la crise” – Actu Orange

Orange avec AFP-Services, publié le lundi 09 septembre 2019 à 07h45

Après presque six mois de grève, les personnels hospitaliers attendent le plan de la ministre de la Santé, qui doit répondre à un “ras-le-bol” généralisé sur fond de surmenage et de manque de considération.

Agnès Buzyn, doit présenter lundi après-midi son “plan d’actions” avec un “budget dédié” pour “régler sur le long terme” la crise des urgences qui dure depuis bientôt six mois. La primeur de ces annonces sera réservée aux représentants des personnels et dirigeants hospitaliers, que la ministre doit recevoir ce lundi à 15h, ainsi que les syndicats de médecins libéraux et le collectif Inter-Urgences, à l’origine de ce mouvement social inédit. Mais la ministre a déjà promis qu’il y aurait “un budget dédié pour régler la crise”.

“Ouvrir les vannes”

“Je vais mettre de l’argent dans des solutions pérennes, restructurantes, qui vont régler le problème des urgences sur le long terme”, a-t-elle affirmé.

Selon Les Echos, ce budget devrait dépasser 600 millions d’euros sur trois ans. Des moyens, c’est justement ce que réclament les grévistes depuis le début. Le président du collectif Inter-Urgences, Hugo Huon, attend que Mme Buzyn “mette beaucoup d’argent sur la table, que Bercy ouvre les vannes”.

Même la CFDT, absente du conflit, en convient: “S’il n’y a pas des choix budgétaires très forts sur l’hôpital public, ça va continuer, et pas que dans les urgences”, a prédit son secrétaire général Laurent Berger, interrogé dimanche sur LCI. Une simple rallonge ne suffira pas toutefois à sortir de l’impasse. Pour preuve, la prime mensuelle de 100 euros net versée depuis juillet et les 15 millions d’euros débloqués pour recruter des renforts estivaux n’ont pas empêché le mouvement de s’étendre. Selon le collectif Inter-Urgences, 249 sites étaient en grève vendredi, tout en continuant d’assurer les soins. De son côté, le ministère en avait recensé 195 mi-août. Soit la moitié des services d’urgences publics français. “La prime Buzyn a eu l’effet inverse de celui escompté: elle a montré que c’était possible”, explique t-il.

Patrick Pelloux, président des médecins urgentistes, s’alarme lui du “ras-le-bol très profond” chez les personnels hospitaliers. “Nous sommes arrivés au bout d’une logique, il faut inventer quelque chose de nouveau”, estime-t-il ce lundi 9 septembre à l’antenne d’Europe 1.

Les revendications des grévistes, soutenus par une intersyndicale CGT-FO-SUD, sont diverses : plus de postes et plus de lits, aux urgences et plus largement dans tout le secteur hospitalier. “Ce que la ministre n’a pas compris, c’est qu’on veut des postes en plus, pas des tâches en plus”, a déploré une praticienne à l’antenne de franceinfo, répondant à la piste gouvernementale d’accorder une prime aux infirmiers acceptant d’effectuer certains actes médicaux comme des sutures.

Selon le JDD, une partie de ces demandes pourraient être satisfaites par les “mesures chocs en préparation”, avec “des réouvertures de lits”, une “réforme de la tarification” et un “numéro de téléphone unique” pour les secours médicaux. En attendant, la ministre a dévoilé la semaine dernière une salve de mesures “remontées du terrain”, comme “l’admission directe” des personnes âgées sans passer par les urgences, la “vidéo-assistance” entre les Ehpad et les régulateurs du Samu, ou encore l’envoi d’une ambulance vers un médecin libéral pour les cas les moins graves.

“Grande journée d’action nationale” ce mercredi

Ce remède est censé limiter la saturation de services dont la fréquentation a plus que doublé en vingt ans, atteignant 21,4 millions de passages en 2017. Estimant que “l’hôpital n’a pas vocation à fonctionner comme une entreprise”, la ministre de la Santé souhaite “valoriser tout ce qui peut éviter un passage inutile” dans l’objectif de “lever la pression sur les urgences”. Elle saura vite si son “plan d’actions” aura convaincu les grévistes de relâcher la pression: le collectif Inter-urgences tiendra son “assemblée générale nationale” mardi 10 septembre à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). L’événement a reçu le soutien de plusieurs syndicats et associations de médecins hospitaliers, invitant les praticiens “à rejoindre la mobilisation” pour “mettre fin aux restrictions budgétaires pour l’hôpital public”.

Un mot d’ordre semblable à celui de la CGT, qui tente depuis des mois d’élargir le mouvement à tout le secteur sanitaire et social, notamment la psychiatrie et les Ehpad. Son appel à une “grande journée d’action nationale” mercredi, avec une manifestation parisienne à 13H00 depuis la place d’Italie jusqu’au ministère de la Santé, n’a cependant pas trouvé d’écho parmi les autres syndicats.

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