Grèce : de violents incendies continuent de ravager le pays, des milliers de personnes ont été évacuées – Le Monde
Le feu, qui a causé la mort de deux personnes, gagne du terrain en Grèce pour le onzième jour d’affilée, dévorant forêts et habitations. Au moins 1 450 pompiers grecs, aidés de renforts venus d’autres pays, poursuivaient, samedi 7 août, leur bataille acharnée contre cinq incendies majeurs au nord d’Athènes, sur l’île d’Eubée, à l’est de la capitale, et trois feux dans la péninsule du Péloponnèse, à l’ouest.
« La France se tient aux côtés de la Grèce, durement touchée par de violents incendies », a écrit Emmanuel Macron sur Twitter, samedi, annonçant que la France avait déployé trois Canadair et 80 pompiers et sauveteurs pour venir en aide au pays sinistré.
De part et d’autre de la mer Egée, des milliers d’habitants et de touristes ont été évacués ces derniers jours, dont beaucoup par la mer, en raison de l’avancée des flammes attisées par les températures caniculaires. Si la situation semblait s’améliorer sous l’effet de la pluie sur les côtes turques, où treize feux restaient actifs samedi sur les 200 des derniers jours, les incendies, avivés par endroits par les vents, continuent à ravager la Grèce.
Le système européen d’information sur les feux de forêts dénombrait 55 feux actifs en Grèce, samedi, et plus de 56 000 hectares ravagés au cours des dix derniers jours. Un total près de trente-trois fois supérieur à la moyenne de 1 700 hectares brûlés, sur la même période, entre 2008 et 2020.
A ce stade, les incendies ont détruit plus de forêts et de pinèdes en 2021 que les trois années cumulées de 2017 à 2020, a rapporté Andrianos Gourbatsis, ancien responsable des services d’incendies grecs, sur le site Ethnos. Un rapport préliminaire de l’ONU, consulté par l’Agence France-Presse, qualifie le pourtour méditerranéen de « point chaud du changement climatique ».
Fumées épaisses sur Athènes
Au nord d’Athènes, le violent incendie continuait d’avancer avec vigueur vers l’est et le lac Marathon, la plus grosse réserve d’eau de la capitale, après avoir provoqué l’évacuation d’une dizaine de localités. Ses fumées épaisses et son odeur âcre s’étaient de nouveau répandues sur la capitale dans la nuit, alors que des vents forts sont prévus dans la journée. L’autoroute qui relie Athènes au nord du pays reste coupée par précaution tandis que des camps de migrants à proximité ont été évacués.
Sur l’île d’Eubée, plus de 1 300 personnes ont été évacuées par bateau dans la nuit du village côtier de Limni, encerclé par les flammes. Selon les médias grecs, plus d’une vingtaine d’autres ont été évacuées samedi matin de la plage de Rovies, également située sur cette vaste île de l’est du pays. Les autorités locales ont réclamé plus de soutien aérien pour lutter efficacement contre le violent incendie d’Eubée, qui s’aggravait, samedi.
« Plus de 300 familles dont l’unique maison a été détruite par le feu ne savent plus où vivre et sont relogées à l’hôtel », a déclaré Fanis Spanos, gouverneur de région. « Le nombre est ahurissant », a-t-il dit à l’agence grecque de presse ANA. Le ministère de l’intérieur grec a promis une aide d’urgence de 1,5 million d’euros aux régions sinistrées.
Dans la péninsule du Péloponnèse, des centaines d’hectares étaient également en feu à l’est du site archéologique d’Olympie et dans les régions de Messénie et du Magne. Dans cette dernière région, plus de 5 000 habitants et touristes ont été forcés à fuir le sinistre. La maire du Magne-Oriental, Eleni Drakoulakou, a estimé à 50 % la zone brûlée à l’est de cette région montagneuse et touristique, où « le feu a brûlé plus de quinze villages ». L’édile a dénoncé, à la Radiodiffusion-Télévision hellénique, l’absence de bombardiers d’eau aux premières heures critiques du sinistre.
Deux arrestations
Au quartier général des pompiers à Athènes, samedi matin, le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a promis une rapide reforestation des zones affectées par les incendies. « Quand cet été cauchemardesque prendra fin, nous réparerons tous les dégâts dès que possible », a-t-il dit aux journalistes, promettant que « les zones brûlées [seraient] classées prioritairement pour la reforestation ».
La police a, par ailleurs, procédé à deux arrestations, vendredi après-midi, selon ANA. Un Grec de 43 ans a été mis en examen pour incendie volontaire, après avoir été arrêté dans le secteur de Krioneri, où le feu a brûlé maisons et entreprises vendredi, selon la même source.
Une Afghane a également été interpellée dans un parc d’Athènes, alors que les autorités ont interdit de fréquenter parcs et forêts en raison du « danger extrême d’incendies ». La contrevenante se trouvait en possession de deux briquets, d’essence et de matériaux inflammable, selon ANA.
