Gouvernement : dernière ligne droite avant le remaniement – Le Parisien

Minuit passé, dans la nuit de dimanche à lundi, à la Colombe-Niemeyer, le restaurant-bar branché planté en plein cœur du Havre. Un verre à la main, Edouard Philippe déambule au milieu des siens, le « cœur léger » dit-on, et avec un bon mot pour chacun de ses colistiers qu’il a conviés pour passer le reste de la soirée en présence de leurs conjoints. Presque cent personnes en tout, massées dans le décor chic et feutré de cette institution havraise. On croise aussi Edith, son épouse, et leurs trois enfants. Quelques heures plus tôt, le Premier ministre a vu sa liste largement réélue au second tour (58,83 %) des municipales. Pari gagné. Une défaite, et son sort à Matignon aurait été tout de suite tranché.

Alors cette victoire vaut bien quelques heures de lâcher prise avant de reprendre tôt le lendemain matin le chemin de la capitale. Evoque-t-il au milieu de cette foule joyeuse ces rumeurs de remaniement qui bruissent dans le tout-Paris ? « Sincèrement, je crois que personne n’a osé lui en parler. Ce n’était pas le moment. Et cela aurait été d’une impolitesse extrême », raconte un participant.

Partira? Partira pas? « A ce stade, c’est du 50/50. Il y a autant de bonnes raisons de le garder que de s’en séparer », décrypte un stratège de la majorité. « Le président choisira le meilleur Premier ministre possible en fonction du projet. Ça sera le quoi avant le qui », martèle de son côté un conseiller de l’Elysée. Lundi matin, le tête-à-tête entre les deux hommes, juste avant la Convention citoyenne pour le climat, n’a pas permis d’aller au bout du sujet. Selon nos informations, ils ont même prévu de se revoir ce mercredi soir, ou alors le lendemain.

Conseil des ministres ce vendredi

« Il faut qu’ils se parlent, qu’ils se voient. Le président n’a pas totalement arrêté ses choix », confesse-t-on. D’aucuns avancent la possibilité que la décision soit prise avant dimanche matin, et l’installation du nouveau conseil municipal au Havre prévu à 10 heures. Mais d’autres n’excluent pas que le suspense dure encore quelques jours, malgré le conseil des ministres ce vendredi. Une chose est néanmoins certaine : « D’ici mercredi prochain, on peut raisonnablement penser qu’on aura un nouveau gouvernement », avance un proche du président.

La liste des postulants pour remplacer Edouard Philippe s’est réduite à peau de chagrin ces derniers jours. « Le Drian avait encore ses chances avant les municipales, mais le basculement à droite de Lorient, son ancien fief politique, l’a fragilisé », estime un poids lourd de la macronie. « Il faut rester calme », insiste le ministre des Affaires étrangères, en privé, face aux rumeurs incessantes.

« Mais il n’y a personne qui est plus populaire, plus solide, plus loyal, plus apprécié dans la majorité qu’Edouard Philippe, défend un député LREM. Alors que Le Drian, on ne le connaît pas. Il ne vient jamais aux réunions de groupe. » D’autres évoquent aussi une surprise du chef : « Quand Macron nomme Philippe en 2017, personne ne l’avait vu venir. Il peut encore nous surprendre », poursuit un sénateur.

Gouvernement : dernière ligne droite avant le remaniement

Et le sort des autres ministres n’est guère plus précis. La défaite de certains d’entre-eux dimanche soir pourrait-elle obérer leur chance d’être reconduit ? « Le président ne sanctionnera pas ceux qui ont été battus. Ils ont pris un risque, dans un contexte particulier. C’était plutôt courageux de leur part », estime un conseiller ministériel. Même si ces derniers jours, les boucles internes sont en surchauffe pour tenter de savoir qui sera touché par ce remaniement censé donner un nouveau souffle à la majorité.

Le nom de Jean-Louis Borloo revient régulièrement

Parmi les noms actuellement testés pour entrer, celui des MoDem Laurence Vichnievsky et Jean-Louis Bourlanges, l’ancienne ministre de Jacques Chirac Anne-Marie Couderc, mais aussi le franco-ivoirien Tidjane Thiam, ancien directeur de Crédit Suisse et proche de Thierry Breton. Le nom de Jean-Louis Borloo revient aussi régulièrement. « Il s’agite de tous les côtés pour envoyer des signaux. Macron a besoin de figures, des personnalités qui incarnent de surcroît l’écologie. Jean-Louis remplit ces deux cases », veut croire un de ses supporteurs.

Reste à savoir un dernier point : le moment prévu par le chef de l’Etat pour présenter aux Français les conclusions de toutes ses consultations, et le cap concret des mois à venir. « On a quatre ou cinq hypothèses sur la table », reconnaît son entourage. Notamment celle d’une intervention télévisée ce dimanche soir ou d’une grande conférence de presse dans le courant de la semaine prochaine. « L’étau se resserre à tout point de vue, résume l’Elysée. On est dans le money time. »

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