Gorbatchev : à Moscou, ses funérailles se déroulent sans Vladimir Poutine, qui s’est contenté d’un hommage minimal – Le Monde

Les gardes d’honneur se tiennent près du cercueil de Mikhaïl Gorbatchev, le dernier dirigeant de l’Union soviétique, à la Maison des syndicats de Moscou, en Russie, le 3 septembre 2022.

Les funérailles du dernier dirigeant de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), Mikhaïl Gorbatchev, se déroulent samedi 3 septembre à Moscou, sans le président Vladimir Poutine, signe de l’héritage controversé du père de la perestroïka en Russie.

Grande figure politique du XXe siècle, Mikhaïl Gorbatchev s’est éteint mardi soir, à l’âge de 91 ans, des suites d’une « longue et grave maladie », selon l’hôpital où il était soigné. Il a marqué l’histoire en précipitant, malgré lui, la disparition de l’Union soviétique en 1991, alors qu’il essayait de la sauver avec des réformes démocratiques et économiques, mettant ainsi fin à la guerre froide.

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Responsable du déclassement russe, selon Moscou

Salué en Occident comme un homme de paix, Mikhaïl Gorbatchev est vu par beaucoup en Russie comme le responsable du déclassement géopolitique de Moscou et des années de crise politique, économique et morale qui ont suivi la chute de l’URSS. Signe de cette désaffection, aucun jour de deuil national n’a été annoncé, même si des « éléments de funérailles nationales » seront présents lors de son inhumation, notamment une « garde d’honneur », a souligné le Kremlin.

A titre de comparaison, Boris Eltsine, premier président de la Fédération de Russie, au pouvoir lors des années de transition douloureuse vers l’économie de marché, et qui avait désigné Vladimir Poutine comme successeur, avait eu droit, lui, à des honneurs appuyés à sa mort, en 2007. Le Kremlin avait alors décrété un jour de deuil national et organisé des funérailles officielles, en présence de MM. Poutine et Gorbatchev.

Vladimir Poutine absent

Les obsèques du dernier dirigeant de l’Union soviétique ont commencé par une cérémonie d’adieu, à 9 heures, à la Maison des syndicats, lieu symbolique de la capitale russe où les dépouilles de plusieurs dignitaires communistes ont été exposées, comme celle de Joseph Staline, en 1953.

A l’intérieur, un portrait de l’ancien dirigeant trônait à côté du cercueil ouvert, près duquel la fille de Gorbatchev, Irina, était assise. Deux gardes en uniforme étaient postés de part et d’autre du cercueil, pendant que les visiteurs déposaient des fleurs avant de s’incliner respectueusement devant la dépouille. Quelques centaines de personnes étaient venus rendre hommage à M. Gorbatchev en début de matinée, a constaté l’Agence France-Presse.

L’ancien dirigeant soviétique sera ensuite enterré au cimetière de Novodevitchi, à côté de son épouse, Raïssa Gorbatcheva, morte en 1999.

La liste des personnes qui assisteront aux funérailles n’est pas connue, mais le Kremlin a d’ores et déjà annoncé, jeudi, que le président Poutine serait absent du fait, officiellement, d’un « emploi du temps » chargé. Au lendemain de sa mort, M. Poutine lui avait rendu mercredi un premier hommage minimal, dans un message de condoléances. Sur un ton neutre, il avait constaté que Mikhaïl Gorbatchev avait eu « une grande influence sur l’histoire du monde » et qu’il s’était « efforcé de proposer ses propres solutions aux problèmes ». La relation entre les deux hommes était complexe, oscillant entre marques d’estime et reproches mutuels, avant de faire place à une cordiale indifférence.

Viktor Orban à Moscou

Par contraste, les capitales occidentales, de Washington à Berlin, en passant par Paris et Rome, ont célébré chaleureusement la mémoire de Gorbatchev, salué pour avoir œuvré au rapprochement Est-Ouest et à une réduction des arsenaux nucléaires, ce qui lui avait valu en 1990 le prix Nobel de la paix. L’Allemagne, dont la réunification a été permise par la chute du mur de Berlin et de l’URSS, a annoncé que les drapeaux seraient en berne dans la capitale allemande, samedi.

Mais dans un contexte de vives tensions entre la Russie et les pays occidentaux en raison du conflit en Ukraine, seul un dirigeant étranger a annoncé son déplacement pour assister aux funérailles à Moscou : le premier ministre hongrois, Viktor Orban.

Son déplacement intervient alors que la Hongrie a rendu public, mercredi, un renforcement de ses échanges avec Gazprom et reçoit des livraisons supplémentaires de gaz, au moment où ses partenaires européens sont confrontés à une forte réduction des quantités fournies. Depuis son retour au pouvoir en 2010, M. Orban a tissé des liens avec la Russie, une collaboration maintenue malgré l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

M. Poutine n’a cependant pas prévu de rencontrer M. Orban lors de sa visite, a fait savoir le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à l’agence de presse russe RIA Novosti, expliquant qu’« il n’y a eu aucune demande pour des entretiens ».

Le Monde avec AFP

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