Galileo : opérationnel depuis 10 ans, le GPS européen gagne encore en précision

Galileo : opérationnel depuis 10 ans, le GPS européen gagne encore en précision

Il y a 10 ans, presque jour pour jour, le 12 mars 2013, l’Europe pouvait pour la première fois déterminer une position au sol en utilisant son propre système de navigation indépendant. Au-delà de l’enjeu de souveraineté, Galileo a été conçu dans un cadre civil, à la différence du GPS (Global Positioning System) américain et de ses équivalents russe (Glonass) et chinois (BeiDou/Compass), mis au point par leurs forces armées respectives.

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4 milliards de smartphones compatibles

10 ans plus tard, Galileo, composé d’une constellation de 28 satellites et d’un réseau de stations de contrôle au sol, est le système de navigation par satellite le plus précis au monde, offrant une précision au mètre près. Si vous avez un smartphone dans les mains, vous devez certainement faire partie des quelque 4 milliards de prioritaires de terminaux compatibles. Galileo publie sur son site la liste des modèles éligibles, ce qui est le cas des appareils vendus dans le marché unique européen.

Galileo a aussi contribué à sauver des milliers de vies. Le système de géolocalisation est la pièce maîtresse du dispositif eCall qui génère automatiquement un appel aux services d’urgence (112) en cas d’accident grave de la route. Il est obligatoirement intégré à tous les véhicules mis en circulation dans l’Union européenne depuis 2018.

Les débuts de Galileo n’ont pourtant pas été simples. Sur son site, l’Agence spatiale européenne (ESA) rappelle la genèse du programme de conception d’une infrastructure européenne de navigation par satellite. Il remonte à 1993 et prendra successivement les noms de GNSS-1, EGNOS et GNSS-2, avant de se baptiser définitivement Galileo.

13 milliards d’euros « à la charge des contribuables européens »

En 1999, la Commission européenne donne son feu vert pour une mise en service prévue pour 2008. Les deux premières paires de satellites ne seront en fait lancées qu’en 2011 et 2012. Et, si les premiers services de Galileo sont opérationnels depuis décembre 2016, il faudra attendre le tournant des années 2020 pour que la constellation de satellites soit presque au complet.

Entre-temps, le projet aura subi un grand nombre de problèmes techniques. Faute de financement privé, les 27 seront par ailleurs obligés de mettre la main à la poche. Selon un rapport de la Cour des comptes datant de 2016, le projet sur la période 1994-2020 devait coûter 13 milliards d’euros à la charge des contribuables européens, dont 2,45 milliards d’euros pour la quote-part française.

Depuis, Galileo a rattrapé son retard avec le GPS avec lequel il est compatible depuis 2004. Il est même plus précis, avec une portée de l’ordre du mètre, grâce à des horloges atomiques présentes sur chaque satellite, contre une précision de 5 à 10 mètres pour le système américain, bridé dans son usage civil.

Une précision ramenée à 20 cm

Grâce à cette précision métrique, Galileo entend faire la différence dans les domaines du transport ferroviaire et maritime, de l’agriculture ou des opérations de sauvetage. Galileo a même accru son avance. En janvier dernier, l’ESA indiquait être en mesure de fournir une précision horizontale jusqu’à 20 cm et une précision verticale de 40 cm grâce à un nouveau système de haute précision (HAS).

Avec cette précision accrue, l’agence de l’UE pour le programme spatial (EUSPA), chargée de l’exploitation de Galileo, a identifié différents cas d’usage, comme l’agriculture de précision, la prospection des ressources ou les levées terrestres et hydrographiques, mais aussi des applications plus émergentes liées à la robotique, aux véhicules autonomes ou aux drones.

Un marché de 492 milliards d’euros en 2031

Comme le rappelle l’ESA, le principe de base de Galileo est simple. « Les satellites dans l’espace transmettent des signaux intégrant une mesure du temps très précise, exacte à quelques milliardièmes de seconde près. Un récepteur capte les signaux de quatre satellites Galileo, ou plus, et mesure le temps qu’il a fallu à chaque signal pour l’atteindre. Il convertit ensuite ces valeurs de temps en distance en multipliant les chiffres par la vitesse de la lumière. Le récepteur vérifie ensuite les distances de tous les satellites pour localiser son emplacement sur la surface de la Terre. »

Au-delà de l’enjeu de souveraineté, le marché des GNSS (global navigation satellite systems) est particulièrement porteur. Selon une étude de l’EUSPA, le chiffre d’affaires généré par les ventes d’appareils et surtout les services associés devrait atteindre 492 milliards d’euros d’ici 2031, soit une croissance moyenne annuelle de 9,2 % en une décennie.

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