Firefox va-t-il disparaître ?

Firefox va-t-il disparaître ?

Utilisateur du navigateur Firefox de Mozilla depuis sa version bêta, il a même été mon navigateur web préféré pendant un certain temps, en 2004. Pas forcément parce qu’il était open source, mais surtout parce qu’il était bien meilleur et plus sûr qu’Internet Explorer. C’était à l’époque. Mais aujourd’hui, Firefox est vraiment menacé.

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L’arrivée de Google Chrome

Firefox a connu un grand succès. Mais dès 2012, à partir de Firefox 11, le navigateur autrefois innovant, a connu une forte baisse de qualité. Et au fil des ans, les choses ont continué à se dégrader.

Mozilla et Firefox ont continué à livrer des innovations importantes. Pour n’en citer que quelques-unes, il y a JavaScript, Rust et WebAssembly. Ils étaient également les champions de la sécurité et de la protection de la vie privée. Des projets comme l’adoption du DNS-over-HTTPS (DoH) et d’améliorations globales de sécurité sécurité globale ont été très bien accueillis. Mais les utilisateurs ne s’en sont pas souciés.

Lorsque Google a lancé Chrome, de nombreux utilisateurs se sont tournés vers ce dernier au détriment de Firefox. Chaque année, si on regarde les courbes de popularité des navigateurs web, Firefox perd des parts de marché. Dès juillet 2012, la popularité de Firefox a reculé, par rapport à son record historique de 23,75 %.

En mars 2020, selon le programme d’analyse numérique (DAP) du gouvernement fédéral américain, qui présente un décompte des visites du site web du gourvement au cours des 90 derniers jours, Firefox représentait 3,6 % des visites. Au 14 août 2020, quelques mois plus tard, il n’était plus qu’à 3,3 %. Firefox est en passe de perdre sa pertinence.

Deux vagues de licenciements

Pire encore, Mozilla vient d’entamer sa deuxième série de licenciements. La première vague a vule départ de certains de ses employés les plus anciens. Et il y avait parmi eux des développeurs de haut niveau. Puis, en août, c’est près d’un quart du personnel qui a été remercié.

Selon les mots de Matthew MacDonald, auteur spécialisé en technologie, « Mozilla a vidé l’équipe du MDN [Mozilla Developer Network] » (réseau des développeurs de Mozilla, NDLR). Les équipes de sécurité et de développement de Firefox ont également été durement touchées.

C’est mauvais. En janvier, Mitchell Baker, PDG de Mozilla Corporation et président de la Fondation Mozilla, expliquait que des départs étaient nécessaires en raison de la baisse d’intérêt pour Firefox, et donc de la diminution des revenus. Il avait alors ajouté que Mozilla cherchait à obtenir plus de revenus de « sources extérieures à la recherche » mais que « cela n’était pas arrivé ». Et ce n’est toujours pas le cas. Selon le dernier rapport annuel de Mozilla, la majorité des revenus proviennent toujours des partenariats du navigateur sur les recherches. Qui inclut l’accord négocié avec Google en 2017.

Lors des derniers licenciements, Mitchell Baker a accusé la pandémie de coronavirus. Mais il se pourrait qu’ils soient plus liés au déclin continu des partenariats sur les recherches.

Le partenariat nécessaire avec Google

Il est vrai que Mozilla vient d’admettre que son nouveau partenariat avec Google lui rapportera, en estimation, 400 à 450 millions de dollars par an. En échange de quoi Google restera le moteur de recherche par défaut de Firefox jusqu’en 2023.

Mais la question qui demeure est si Mozilla est capable de gagner autant. Selon les derniers chiffres rendus publics, la Mozilla Corp a gagné 435,702 millions de dollars en 2018, grâce aux royalties, aux abonnements et aux recettes publicitaires.

La quasi totalité des revenus proviennent du contrat avec Google. Difficile de croire, malgré tout, que Google verse à Mozilla une somme forfaitaire. La somme versée doit être liée à des performances, mesurées d’une certaine manière. Et comme la part de marché de Firefox ne cesse de diminuer, les revenus de Mozilla doivent être en baisse. Ce qui expliquerait les licenciements massifs…

Une espèce menacée

Malgré cela, Mitchell Baker a assuré que Mozilla « va déployer de nouveaux produits plus rapidement, et développer de nouvelles sources de revenus ». Notamment, l’application de marque-pages Pocket, les salles virtuelles Hubs et son VPN, disponible pour l’instant dans six pays.

Mais il est légitime de s’interroger sur ces nouvelles sources de revenus. Il existe déjà de nombreux programmes de marque-pages (Evernote, Flipboard, Instapaper), de réunions virtuelles (Zoom, Slack, Teams) et de VPN (NordVPN, PureVPN, Hotspot Shield). Y a-t-il vraiment la place pour un nouveau service payant, et donc des possibilité de revenus ? Rien n’est moins sûr.

Firefox continuera à vivre d’une manière ou d’une autre. C’est un logiciel libre après tout. Mais continuera-t-il à occuper une place centrale dans l’univers des navigateurs, ou à être un centre de développement open source d’importance ? Je ne le pense pas. Pour moi, cette époque est révolue et Firefox est officiellement sur ma liste des espèces menacées.

Source : ZDNet.com

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