FERMETURE DE FESSENHEIM | La procédure d’arrêt du réacteur enclenchée – DNA – Dernières Nouvelles d’Alsace

En début de soirée, une centaine de manifestants étaient réunis au centre-ville de Fessenheim. Au programme, distribution de bougies et de soupe. Photo L'Alsace/Stéphane Cardia
En début de soirée, une centaine de manifestants étaient réunis au centre-ville de Fessenheim. Au programme, distribution de bougies et de soupe. Photo L’Alsace/Stéphane Cardia

21 h 00.- La procédure d’arrêt définitif du réacteur n°1 de la centrale a été entamée comme prévu vers 20H30, a-t-on appris auprès d’EDF. Le premier réacteur à eau pressurisée de 900 mégawatts doit ralentir progressivement pour être débranché du réseau électrique national vers 02H00 la nuit prochaine. Cependant, dans l’équipe de nuit qui devait prendre ses fonctions à 21H00 et compte une quinzaine de personnes, plusieurs agents étaient susceptibles de refuser de poursuivre les opérations, repoussant de plusieurs heures l’échéance, selon des sources concordantes. 

Mais un salarié d’EDF arrivant en voiture à la centrale dans la soirée pour participer à la mise à l’arrêt du réacteur, tout en reconnaissant avoir «les boules» le constatait : «il y a un décret qui est sorti, il faut le faire, on ne va pas aller au tribunal».
«Pour l’ensemble du personnel de quart, cette nuit d’arrêt du réacteur n°1, réaliser les gestes pour le découpler définitivement sera quelque chose de très difficile à vivre», expliquait un syndicaliste. «Il y a une atmosphère très lourde à la centrale, les salariés ont les nerfs à fleur de peau», a également souligné le maire de Fessenheim, Claude Brender. Ils éprouvent «un sentiment de révolte (…) l’impression d’un gâchis».
«Je compte sur le professionnalisme des salariés d’EDF», avait lancé dans la matinée Elisabeth Borne, la ministre de la Transition écologique à l’issue d’une rencontre avec les élus locaux à Colmar.

«Gâchis humain et financier»

Celle-ci s’était ensuite rendue brièvement à Fessenheim à la rencontre de quelques commerçants dans l’après-midi.
Dans l’attente de l’arrêt du réacteur, la commune s’est plongée dans le noir vendredi soir pour symboliser les temps obscurs et incertains qui l’attendent.
Sur la place centrale du bourg, une petite centaine de personnes se sont réunies dans l’obscurité vers 19h00 autour d’une soupe populaire, en soutien aux agents de la centrale, dénonçant «un gâchis humain, financier et écologique». Sur une table et tracé à l’aide de bougies, ces trois lettres: EDF.
Devant la marmite de soupe fumante, Claude Brender dénonçait une «euthanasie». «On tue une machine qui aurait pu tourner encore 20 ans» et «on ne sait toujours pas pourquoi», fulminait encore le maire. «Quelques lobbyistes écologistes ont su faire de Fessenheim leur cible», a lancé pour sa part le député LR du Haut-Rhin Raphaël Schellenberger, jugeant la décision de fermer les 2 tranches de Fessenheim «juste invraisemblable».

Trois grandes banderoles restent accrochées à l’entrée du parking de la centrale: «La centrale de Fessenheim est sûre… Qu’elle dure!», «La fermeture anticipée est une faute historique» et, en rouge sur fond noir, «Fessenheim sacrifiée».

19 h 30.- “1000 emplois perdus, on ferme un site sans continuité”, explique le maire Claude Brender, devant les manifestants. L’éclairage public est éteint pour l’occasion. 

Le député Raphaël Schellenberger juge pour sa part “invraisemblable qu’on demande à des salariés de couper leur outil de production”. Selon lui, “La vie économique va s’étouffer progressivement”, alors qu’il évoque un “mépris pour le territoire”.

19 h 15.- Une centaine de manifestants sont réunis au centre-ville de Fessenheim pour protester contre la fermeture de la centrale. Au programme, distribution de bougies et de soupe, ainsi qu’une prise de parole des élus.

Beaucoup d’anciens de la centrale et d’habitants sont parmi les manifestants, de même que des membres de familles du personnel de la centrale. Alors que Claude Brender et Raphaël Schellenberger prennent la parole, on sent beaucoup de colère contre la fermeture d’un site qui “aurait pu servir encore longtemps”, d’après les manifestants.

16 h 00.- C’est à 13 h que la première équipe chargée d’arrêter le premier réacteur de la centrale nucléaire de Fessenheim devait prendre son « quart ». Elles sont trois à assurer la mission, composées, chacune, de 15 à 20 personnes : « La première doit démarrer la baisse de charge à partir de 19 h ce vendredi ; la seconde  continue à partir de 21 h et découple l’alternateur à 1 ou 2 h du matin ; la troisième poursuit les activités de mise à l’arrêt du réacteur à partir de 6 h du matin. Ces trois équipes se relaieront, dans cet ordre-là, tout le week-end », explique Alain Besserer, délégué FO.

Sauf que, comme nous le disions ce matin (lire ci-dessous), les agents ont annoncé qu’ils n’allaient pas découpler, ou alors, quand ils le décideront, eux. Pour le moment, il semble que les équipes discutent avec la direction. Un agent nous a indiqué  par SMS  que « la baisse de charge prévue à 19 h  n’aura pas lieu et que, par conséquent, la tranche 1 ne sera pas retirée du réseau à 2 h 30 ».

En théorie, le découplage peut encore se faire durant la journée du 22 février, comme annoncé, mais rien n’est encore sûr.

Un courrier de revendications

Nous indiquions ce matin que certains salariés de la centrale nucléaire de Fessenheim menacent de ne pas appliquer les procédures d’arrêt du réacteur, prévues à partir de ce soir. « C’est plus des menaces, ça va se faire. On ne découplera pas ! », indique un agent d’exploitation non syndiqué. Ce dernier explique que la direction a été prévenue dès samedi dernier : « On a envoyé un courrier avec nos revendications, comme quoi le compte n’y était pas ».

Par ce mouvement, les salariés expriment une forte colère et tentent de faire pression sur la direction pour obtenir un meilleur accompagnement social de la fermeture du site, principalement le maintien en région. « On voit que les anti-nucléaires ont envie de se faire une grosse fête demain, on ne va pas leur donner ça !  On découplera quand bon nous semblera, quand la direction aura répondu à nos attentes », poursuit notre interlocuteur.

Sanctions disciplinaires

Le risque est gros pour ces potentiels grévistes, souligne Alain Besserer, délégué FO. « Les agents qui se disent gréviste se verront remettre un courrier de mise en demeure d’agir. Ils s’exposent à des sanctions disciplinaires, qui est un licenciement en fait. Le droit de grève est limité dans toutes les centrales nucléaires, il faut faire les opérations liées à la sûreté. Les agents disent que l’arrêt ne relève pas de la sûreté. »

Sachant que l’arrêté décidant de l’arrêt du premier réacteur évoque le 22 février, une option serait que les potentiels grévistes enclenchent la baisse de charge le 22, mais à 23 h 59 ; ce qui les laisserait dans la légalité. « Tout dépendra de la réaction de la direction, si elle accepte de se mettre à la table des négociations ou pas cet après-midi et demain », indique l’agent.

Et de conclure : « La bataille, elle est lancée, ça, c’est sûr !»

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