Féminicide de Mérignac : une mission d’inspection relève « une série de défaillances » dans le suivi du mari violent – Le Monde

Des personnes rendent hommage à Chahinez Boutaa, tuée par son mari devant son domicile, à Mérignac le 4 mai.

Une semaine après le meurtre d’une femme, brûlée vive par son mari à Mérignac, tout laisse à croire qu’il y a eu « une suite de défaillances » dans le suivi judiciaire de cet homme violent et récidiviste. C’est en tout cas ce que relève un rapport d’étape de la mission d’inspection diligentée par les ministères de la justice et de l’intérieur, mercredi 12 mai.

Le meurtre, qui a suscité une vive émotion, avait poussé ces ministères à déclencher une mission d’inspection pour étudier, notamment, les conditions de remise en liberté et de suivi de cet homme, condamné à une peine de prison aménagée pour violences conjugales.

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Mardi 4 mai au soir, dans une rue tranquille de Mérignac, Mounir Boutaa, 44 ans, déjà emprisonné pour violences conjugales en 2020, a poursuivi sa femme, lui a tiré plusieurs coups de feu dans les jambes, puis l’a aspergée d’un liquide inflammable alors qu’elle était encore en vie et a mis le feu. Il a ensuite incendié le domicile de la victime. L’homme a été interpellé environ une demi-heure plus tard et a été placé en garde à vue. Il a été mis en examen vendredi pour homicide volontaire sur conjoint et placé en détention provisoire.

Le 25 juin 2020, à Bordeaux, le quadragénaire avait été condamné à dix-huit mois de prison, dont neuf mois avec sursis et mandat de dépôt à l’audience pour « violences volontaires par conjoint » en récidive, sur la même victime, selon le parquet de Bordeaux.

Rapport définitif attendu le 10 juin

Il « avait obtenu, à compter du 5 octobre », une mesure de placement extérieur spécifique pour les auteurs de violences conjugales. Libéré le 9 décembre 2020, « il était depuis suivi par le service pénitentiaire d’insertion et de probation de la Gironde », avait affirmé le parquet au lendemain du féminicide, rappelant que cette mesure « comprenait notamment une obligation de soins, l’interdiction d’entrer en contact avec la victime et l’interdiction de paraître à son domicile ».

La victime, Chahinez Boutaa, 31 ans, ne disposait pas de téléphone grave danger et son époux ne s’était pas vu attribuer de bracelet antirapprochement, « pas effectif » à l’époque. A la mi-mars, Chahinez Boutaa avait porté plainte au commissariat de Mérignac contre son conjoint pour une agression commise dans la matinée, selon le parquet. Mais l’homme, recherché par la police, était « introuvable ». Il s’était pourtant présenté deux fois aux convocations de l’administration pénitentiaire sans être inquiété. Ce sont les suites apportées à cette plainte qui sont examinées par la mission d’inspection.

« La mission doit se poursuivre pour caractériser ces dysfonctionnements et proposer les initiatives propres à y remédier », a précisé mercredi le communiqué des ministères, ajoutant que le rapport définitif « devrait être remis le 10 juin » et ses « conclusions rendues publiques ».

Lire notre enquête : Féminicides, mécanique d’un crime annoncé

Le Monde avec AFP

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