Féminicide de Mérignac : ce que l’on sait de la mort de Chahinez, brûlée vive par son mari – franceinfo

Un nouveau féminicide a été perpétré en France. Chahinez, une femme de 31 ans, mère de trois enfants, est morte mardi 4 mai à Mérignac, près de Bordeaux (Gironde), après avoir été brûlée vive par son mari violent récidiviste dont elle était séparée. Ce drame a suscité une vague d’indignations et a poussé le gouvernement à lancer une mission d’inspection. Franceinfo fait le point sur cette affaire.

Un meurtre en pleine rue

Vers 18h10 mardi, en pleine rue de cette tranquille banlieue bordelaise, le mari a poursuivi sa femme dont il était séparé. Il a tiré plusieurs coups de feu dans ses jambes jusqu’à ce qu’elle s’effondre. Il l’a ensuite aspergée d’un liquide inflammable alors qu’elle était encore en vie et a allumé le feu, selon le parquet de Bordeaux et la police. Le pavillon où vivait la victime a été partiellement incendié dans des circonstances qui n’ont pas été précisées.

Une mère de trois enfants

Mère de deux enfants de 12 et 7 ans d’un premier mariage, Chahinez “était arrivée d’Algérie il y a cinq ans”, selon sa voisine Anne interrogée par l’AFP, et s’était remariée avec Mounir B., 44 ans, père de son dernier fils de 5 ans. Les trois enfants ne se trouvaient pas au domicile au moment des faits, a indiqué le parquet.

Le 15 mars, la jeune femme avait porté plainte au commissariat de Mérignac pour une agression commise par son conjoint dans la matinée. Une enquête en flagrance avait été ouverte et malgré les recherches des services de police pour localiser l’intéressé, celui-ci restait introuvable. “La victime ne disposait pas de téléphone grave danger (TGD) et le mis en cause ne s’était pas vu attribuer de bracelet anti-rapprochement”, a reconnu le parquet.

Près de 400 personnes se sont rassemblées pour rendre hommage à Cachinez, victime d'un fémicide, le 5 mai 2021 à Mérignac (Gironde). (MEHDI FEDOUACH / AFP)

Un mari violent déjà condamné

L’auteur des faits a été interpellé environ une demi-heure plus tard par des policiers de la BAC (Brigade anti-criminalité), dans la commune limitrophe de Pessac, et placé en garde à vue. Il “était porteur d’un fusil de calibre 12, d’un pistolet à gaz et d’une ceinture de cartouches”, selon le communiqué du parquet de Bordeaux, qui a ouvert une enquête du chef d’homicide volontaire par conjoint et destruction par incendie.

Le quadragénaire avait été condamné le 25 juin 2020 par le tribunal correctionnel de Bordeaux dans le cadre d’une comparution immédiate pour “violences volontaires par conjoint” sur sa compagne. Il avait écopé d’une peine de 18 mois de prison, dont neuf mois avec sursis, assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans, avec mandat de dépôt décidé à l’audience, selon le parquet.

Il “avait obtenu à compter du 5 octobre” une mesure de placement extérieur spécifique pour les auteurs de violences conjugales. Libéré le 9 décembre 2020, “il était depuis suivi par le service pénitentiaire d’insertion et de probation de la Gironde”. Cette mesure “comprenait notamment une obligation de soins, l’interdiction d’entrer en contact avec la victime et l’interdiction de paraître à son domicile”, selon le parquet.

Des critiques très vives contre l’Etat

Quelque 400 personnes se sont réunies sur les lieux du drame, mercredi. Dans un communiqué, la mairie de Mérignac avait condamné “ce féminicide d’une barbarie inouïe qui soulève une vague d’émotion dans la ville”. Elle a mis en place une cellule psychologique à destination des riverains.

Plusieurs associations ont mis en cause l’action de l’Etat. “En plus d’être multirécidiviste, il avait une arme à feu ! Encore ! Mais que fait Gérald Darmanin ?”, a tweeté Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui demande le retrait systématique des armes à feu aux conjoints violents dès le premier signalement. “Inaction de l’Etat”, a aussi réagi sur le réseau social l’association Osez le féminisme !, estimant que “tout le monde savait qu’il était dangereux et armé”.

Le ministère de l’Intérieur a annoncé en février avoir demandé aux préfets de “systématiquement saisir les armes des conjoints violents dès la plainte”, une mesure permise depuis le Grenelle contre les violences conjugales organisé en 2019, mais encore trop peu appliquée selon les associations. En 2020, 90 féminicides ont été officiellement recensés en France, contre 146 l’année précédente.

Une mission d’inspection lancée 

Face à la polémique, les ministères de la Justice et de l’Intérieur ont déclenché jeudi une mission d’inspection. Cette mission, qui devra rendre ses premières conclusions le 11 mai, devra “vérifier les modalités de mise en œuvre de la mesure de sursis probatoire dont le mis en cause a fait l’objet”, “examiner si cette prise en charge a été correctement effectuée et suivie” et “analyser les suites réservées à la plainte du 16 mars 2021 déposée par la victime”, ont détaillé les ministères dans un communiqué conjoint.

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