Féminicide de Julie Douib : son ex-compagnon condamné à la réclusion criminelle à perpétuité – Le Monde

Le 10 juin 2021, avant le procès de Bruno Garcia-Cruciani, à la cour d’assises de Bastia (Haute-Corse).

La cour d’assises de Bastia (Haute-Corse) a condamné, mercredi 16 juin, Bruno Garcia-Cruciani à la réclusion criminelle à perpétuité, avec une peine de sûreté de vingt-deux ans, pour l’assassinat de son ex-compagne, Julie Douib, en mars 2019 à L’Ile-Rousse.

La présidente de la cour a également décidé de retirer à l’homme de 44 ans son autorité parentale sur les deux fils du couple, âgés aujourd’hui de 11 et 13 ans : « Cette mesure est destinée à protéger les enfants », a-t-elle souligné. L’accusé, qui a dix jours pour faire appel de ce verdict, a enfin été condamné à l’interdiction de détenir une arme pendant quinze ans et à verser 10 000 euros à l’ensemble des parties civiles.

Reconnaissant que cette peine de perpétuité est « inhabituelle », la présidente a détaillé les motivations des jurés, précisant que « la violence ultime » de l’assassinat a été « suffisante » pour aboutir à cette condamnation, indépendamment des violences conjugales. « Le risque de réitération des faits en raison de votre personnalité impulsive et vindicative » a également pesé, a-t-elle dit à Bruno Garcia-Cruciani, ajoutant l’absence de regret et le fait qu’il ait « revendiqué » son geste en prison.

La veille, l’avocate générale, Charlotte Beluet, avait requis la réclusion criminelle, « une façon de requérir la mort sociale » selon elle, et l’interdiction de la détention d’une arme pendant quinze ans. Elle avait également requis la « déchéance de l’autorité parentale » et, à la sortie de prison, un suivi judiciaire avec injonction de soins pendant quinze ans.

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Dénonçant la dangerosité et les menaces que l’accusé a proférées, l’avocate générale avait rappelé que de « nouvelles cibles existent », en la personne du père de Julie Douib et du professeur de sport avec qui elle était en relation au moment de sa mort, à 34 ans, le 3 mars 2019.

L’accusé réserve ses excuses à ses enfants

L’avocate générale avait également demandé aux jurés que Julie Douib « ne soit pas une statistique », rappelant que ce féminicide était le 30e, sur 149, en 2019 en France. Ce crime avait agi comme un électrochoc social et suscité une vague d’indignation dans le pays, entraînant l’organisation par le gouvernement d’un sommet sur les violences faites aux femmes.

Bruno Garcia-Cruciani s’était rendu à la gendarmerie de L’Ile-Rousse, le 3 mars 2019, à 11 h 25, moins d’une demi-heure après avoir tiré trois fois avec son pistolet semi-automatique Glock 17 de calibre 9 mm parabellum sur Julie Douib, dans son appartement situé dans la petite cité balnéaire.

Mardi, devant les assises de Bastia, l’accusé a répété à de nombreuses reprises qu’il n’allait pas « se positionner en victime » et qu’il allait « assumer » ses actes, tout en niant la préméditation : « Je n’avais rien préparé. » « Je ne peux pas revenir en arrière. J’ai enlevé la mère à mes enfants. Et les excuses et les regrets, je les donnerai à mes enfants », avait ajouté le quadragénaire, refusant en revanche d’en offrir aux parents de Julie Douib, présents dans la salle d’audience depuis le début du procès, jeudi.

Rappelant « qu’une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon ou ex-compagnon », l’avocat de l’accusé, Camille Radot, avait plaidé que « tous les jours, ce type de dossier est jugé sans journaliste », dénonçant dans ce cas précis une « médiatisation à outrance ».

« Je vous demande de le ramener dans la communauté des hommes », de « lui laisser une chance », avait-il insisté, ajoutant que « Bruno Garcia n’est pas un animal, pas un monstre ». L’avocat avait également assuré que « rien ne signe la préméditation », demandant aux jurés de « mettre à son crédit que ce n’était pas un si mauvais père que ça » et mettant en avant la décision du juge des affaires familiales de lui confier la garde temporaire des enfants.

Lire notre enquête : Féminicides, mécanique d’un crime annoncé

Le Monde avec AFP

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