Fatalité : oubliez Google, DuckDuckGo et consorts

Fatalité : oubliez Google, DuckDuckGo et consorts

Quand on lit la préface de “Tout est fatal”, on comprend que Stephen King a écrit ce recueil, en premier lieu pour se faire plaisir à lui-même, pour renouer avec un genre tombé en désuétude selon lui et pour donner l’occasion à ses fans de cogiter.

Sans fin

J’avoue sans honte avoir sauté les nouvelles qui font partie de la saga de Tour Sombre. Je n’accroche pas avec l’histoire, ce qui est rare chez King. Pour les autres nouvelles, elles semblent toutes avoir un point commun : ne pas avoir réellement de fin. On a l’impression que King a voulu inciter ses fans à écrire leurs propres fins de chaque nouvelle, à imaginer ce qui peut se passer après.

Ce n’est pas la première fois que King paraît laisser le champ libre à ses lecteurs. Plusieurs autres ouvrages se terminent presque trop brutalement. On ne suit pas les personnages après les évènements, on ne sait pas ce qu’ils deviennent. Sauf quand King décide de faire une suite comme avec Docteur Sleep.

Peut-être est-ce dû à l’écriture, à la forme, mais ce n’est pas un recueil qui plaira à tout le monde. Il faut aimer King, sa noirceur, sa vision du monde, sa nostalgie d’une certaine époque pour apprécier ce livre un peu particulier. Mais, si vous avez lu la plupart de ses livres, n’hésitez pas à donner sa chance à Tout est fatal.

Un clic

Justement, concentrons-nous la nouvelle qui donne son titre au recueil : “Tout est fatal”. On suit le quotidien d’un looser. Il vit de petits boulots, chez sa mère et n’a pas de grandes perspectives. Jusqu’au jour où un monsieur, “très comme il faut”, le contacte et lui propose une vie qu’il ne peut pas refuser.

Il y a une contrepartie, car notre héros n’est pas exactement comme tout le monde. En fait, si vous avez lu l’Institut, vous allez tout de suite comprendre de quoi il s’agit. Pour faire ce qu’on attend de lui, il peut utiliser un ordinateur, qui semble connecté à son propre réseau et à ses propres bases de données. Oubliez Google, DuckDuckGo et consorts : la « firme » est plus évoluée et permet de cibler des personnes.

En quelques clics, notre héros peut tout simplement supprimer des personnes, comme nous effaçons des lignes sur notre traitement de texte. Les connait-il ? Sait-il pourquoi il doit les supprimer ? S’en préoccupe-t-il même ? C’est tout l’enjeu de cette nouvelle qui parle de choix et d’arbitraire. Insidieusement, on pose la question de savoir ce que nous sommes individuellement prêts à accepter pour un peu plus de confort et de tranquillité.

Maudits hôtels

King nous avait déjà partagé sa passion des hôtels avec Shining mais dans la nouvelle qui inspirée le film « Chambre 1408 », on retourne dans un hôtel hanté. Plus précisément, dans une chambre hantée. Mike est un écrivain qui débunke les histoires de fantômes et de surnaturel. Pour lui, il s’agit de croyances et de superstitions, qui n’existent pas ailleurs que dans le folklore.

C’est donc tout naturellement qu’il se dirige vers le Dolphin pour séjourner dans la chambre 1408, réputée hautement hantée. Le directeur de l’hôtel essaie de le dissuader de passer la nuit dans cette chambre. Rien n’y fait : Mike est convaincu que ce sont des fadaises. Il ne restera dans cette chambre qu’une heure environ.

Si vous avez vu le film, sachez que les scénaristes ont pris des libertés avec la nouvelle d’origine, à vous de découvrir lesquelles. Et si vous n’êtes rassasié des hôtels, vous avez toujours la nouvelle « tout ce que vous aimez sera emporté ».

Écho

Pour une raison bizarre, la nouvelle sur le Dolphin fait penser au Cecil Hotel de Los Angeles. Un endroit hanté, tant par des vivants que par des esprits plus dérangeants ou dérangés. Il est vrai que cet établissement est entré dans la légende d’Internet et peuple les mythes urbains américains. Il est presque naturel de faire le lien avec cet endroit de malheur.

Comme toujours avec King, on commence ses livres en se disant qu’on n’aura pas peur et on finit par se réveiller à cause d’un cauchemar qui paraît beaucoup trop réel. Chacune des histoires fait appel à ce qu’il y a de plus enfoui en nous, à nos propres terreurs. Certaines sont dues à des monstres fantastiques, mais d’autres sont beaucoup plus réelles et ont un écho particulier quand on traverse une période de crise.

Mais, surtout, quand on referme un King, on n’a qu’une hâte : en découvrir un autre et continuer à plonger dans l’horreur et la terreur. “Tout est fatal” est disponible en version papier et numérique.

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