« Farouchement courageux », « stable mentalement » : vif émoi après le suicide d’un Iranien à Lyon – Ouest-France

« Quand vous regarderez cette vidéo, je serai mort ». D’une voix calme, Mohammad Moradi s’est exprimé dans une vidéo postée sur plusieurs réseaux sociaux avant de commettre l’irréparable. Il s’est suicidé lundi 26 décembre 2022 en se jetant dans le Rhône, au niveau du pont Gallieni, à Lyon.

Cet Iranien de 38 ans s’est donné la mort pour dénoncer la violente répression en cours dans son pays. L’Iran connaît depuis deux mois une vague de contestation sans précédent depuis la Révolution islamique de 1979. Elle est née de revendications sur les droits des femmes après la mort de Mahsa Amini, arrêtée pour avoir mal porté le voile islamique.

« J’ai décidé de me suicider dans le fleuve Rhône, c’est un challenge pour montrer que nous, peuple iranien, nous sommes très fatigués de cette situation », a notamment dit Mohammad Moradi pour expliquer son geste dans la vidéo de trois minutes. Sa mort a provoqué une onde de choc.

« Il n’a pas l’habitude de ne pas répondre »

Selon des membres de la communauté iranienne, il était étudiant en licence d’histoire et travaillait dans un restaurant. Il vivait à Lyon avec sa femme depuis trois ans.

Contacté par Le Progrès, l’un de ses camardes de fac, étudiant lui aussi, affirme ne rien avoir vu venir. Le jour du drame, Thomas raconte avoir reçu un message d’adieu vers 18 h. Le jeune homme de 23 ans explique avoir d’abord pensé que « Mohammad Moradi s’était trompé de destinataire ». Puis, après plusieurs appels sans réponse, Thomas s’est inquiété car son ami n’avait « pas l’habitude de ne pas répondre ».

« Un homme bien », « courageux », « stable mentalement »

L’un de ses amis proches s’est exprimé en anglais au micro de BFMTV. Affirmant que Mohammad Moradi était stable mentalement, Naser était régulièrement en contact avec son ami. « Nous avons souvent parlé, ces trois derniers mois, des problèmes politiques et sociétaux en Iran », confie-t-il, insistant sur le fait que Mohammad Moradi n’a jamais « rien dit concernant son suicide ».

Naser décrit son ami comme « un homme bien », « courageux », qui « lisait beaucoup de livres sur la politique, l’Histoire, la philosophie, la sociologie ». Selon lui, Mohammad Moradi « s‘est toujours battu contre la répression, l’injustice et la violence dont souffre le peuple iranien » et il a « sacrifié sa vie pour une prise de conscience des pays occidentaux et des peuples du monde. Il a envoyé un message important au monde entier »

Un geste « farouchement courageux »

« Mohammad Moradi s’est donné la mort pour faire entendre la voix de la révolution en Iran, notre voix n’est pas propagée par les médias occidentaux », a fustigé mardi Timothée Amini, porte-parole de quelque trois mille membres de la communauté iranienne de Lyon lors d’un rassemblement sur les lieux du drame.

Devant de nombreux journalistes, une quarantaine de personnes ont déposé bougies, bouquets de roses et photos du défunt sur les rambardes, avant de prononcer discours et chants.

Son geste est « farouchement courageux », a jugé sa compatriote Lili Mohadjer. Mohammad Moradi « espérait que sa mort soit un élément de plus pour les médias occidentaux et les gouvernements, pour soutenir la révolution en marche en Iran ».

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