
Face aux députés de la majorité, Macron reconnaît un « moment difficile du quinquennat » – Le Monde

Début 2019, Emmanuel Macron avait mené un grand débat national dans tout le pays pour tenter de réparer sa relation avec les Français suite à la crise des « gilets jaunes ». Un an plus tard, le président de la République s’est placé dans la même posture, mais cette fois vis-à-vis de sa propre majorité. Le chef de l’Etat a invité « ses » députés, mardi 11 février, à venir exprimer leurs doléances sous les ors de la salle des fêtes de l’Elysée.
Depuis quelques semaines, certains n’hésitent en effet pas à exprimer une forme de déception, pour ne pas dire de défiance à son endroit, à un peu plus de deux ans de la fin du quinquennat. L’objectif était donc d’écouter les troupes, mais aussi de les remotiver, dans une séance de questions-réponses d’un peu plus d’une heure où Emmanuel Macron est allé jusqu’à reprendre la scénographie du grand débat, déambulant, micro en main, au milieu des parlementaires. « De plain-pied », comme il le dit lui-même.
Pas question, pour autant, de prendre des gants pour s’adresser à ses troupes. « Je vous demande de l’unité », a enjoint le chef de l’Etat, alors que les départs se multiplient au sein du groupe La République en marche (LRM) à l’Assemblée nationale, et que les critiques à visage découvert se font de plus en plus nombreuses.
« On ne peut pas parler de frondeurs mais il faut faire attention », reconnaît ainsi un cadre de la Macronie, quand d’autres craignent la création d’un groupe dissident. « Le quinquennat précédent s’est disloqué sur des aventures personnelles », a rappelé Emmanuel Macron, en évoquant le souvenir du mandat de François Hollande.
Ton ferme
Même ton ferme en ce qui concerne les retraites. Face à des oppositions qui, selon lui, « vont chercher un moment de télévision » lors des débats à l’Assemblée nationale, il a invité les députés LRM à se montrer « responsables » et à ne pas se laisser prendre au jeu de La France insoumise, qui a déposé plus de 19 000 amendements.
« On ne peut pas faire démarrer un régime de manière déséquilibrée parce qu’on perdrait notre crédibilité », a-t-il par ailleurs assumé, espérant trouver « un bon accord, pas un accord à tout prix » dans le cadre de la conférence de financement menée avec les syndicats.
Surtout, le chef de l’Etat a laissé entendre qu’il serait prêt à prendre ses responsabilités si l’examen du texte devait s’éterniser. « Nous devrons prendre des décisions, majorité et gouvernement, face au risque de se traîner le sujet, d’enjamber l’été avec les retraites », a-t-il mis en garde. Un sous-entendu « limpide », selon une députée, en faveur du recours à l’article 49-3 de la Constitution, qui permet au gouvernement de sauter la case des débats parlementaires en engageant sa responsabilité. « Pas du tout », jure un autre.