Face à Poutine, Macron poursuit sa politique de la main tendue malgré les déconvenues – Le Monde

Le président russe Vladimir Poutine (gauche) et Emmanuel Macron, à Paris, en 2019.

Le dialogue. Encore et malgré tout. En pleine montée de fièvre géopolitique autour du sort de l’Ukraine, Emmanuel Macron ne dévie pas de son mantra : il faut parler à la Russie, et s’accrocher, même lorsque la discussion paraît sans issue.

L’échange téléphonique qui devait se tenir, vendredi 28 janvier, entre Vladimir Poutine et le chef de l’Etat s’inscrit dans ce même objectif : « poursuivre le dialogue », a martelé le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, au sortir du conseil des ministres, mercredi. Le président français, inquiet de voir que les esprits s’échauffent, tant en Europe qu’aux Etats-Unis, face à l’imminence présumée d’une offensive de l’armée russe en Ukraine, entend à la fois « pousser la Russie à clarifier ses positions » vis-à-vis de Kiev, souligne M. Attal, et se faire l’ambassadeur d’une désescalade espérée.

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Certes, à moins de trois mois d’un scrutin où Emmanuel Macron devrait jouer sa réélection, une crise géopolitique d’ampleur peut lui permettre d’asseoir sa stature. En 2008, Nicolas Sarkozy ne s’était-il pas distingué lors de la guerre opposant la Géorgie à la Russie ? La France, qui occupait comme aujourd’hui la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne (UE), avait été un acteur clé dans la résolution du conflit. Si la crise ukrainienne se prolonge, ou dégénère, nul doute que le chef de l’Etat voudra faire valoir qu’il joue un rôle, en contact direct avec les grands protagonistes du conflit, Joe Biden et Vladimir Poutine. Avec d’emblée une première difficulté : être accepté à une table où personne ne l’a invité, le Kremlin réclamant un dialogue exclusif avec Washington.

En France, de l’extrême droite à l’extrême gauche, plusieurs des rivaux de M. Macron affichent leur proximité ou leur souci d’apaisement avec le Kremlin. De quoi expliquer le « en même temps » du président sortant ? Pro-européen convaincu, défenseur de l’autonomie stratégique des Vingt-Sept, il n’entendrait pas laisser en France trop d’espace aux prorusses revendiqués, quitte à braquer une bonne partie du continent, partisane de la plus grande fermeté avec Moscou.

Opération de charme

Paradoxalement, les bruits de bottes à la frontière de l’Ukraine donnent, veut croire le président français, un sens nouveau à une conviction martelée sans relâche ni grande réussite jusqu’ici. A peine élu, Emmanuel Macron avait reçu Vladimir Poutine au château de Versailles. Main tendue d’un côté, critiques de l’autre, qui intervenaient après le piratage des courriels de l’équipe du candidat d’En marche ! et la diffusion dans les médias d’Etat russes de rumeurs sur sa vie privée.

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