Face à la deuxième vague du Covid-19, Emmanuel Macron devrait dévoiler une série de mesures contraignantes – Le Monde

Alors que la deuxième vague de Covid-19 suit une trajectoire inquiétante, Emmanuel Macron va s’adresser aux Français, mercredi 14 octobre au soir, pour annoncer une série de mesures plus contraignantes. Rien ne devrait être divulgué en amont de l’interview du président de la République – à 19 h 55 sur TF1 et France 2 – ; elle doit durer quarante-cinq minutes. Il s’agit de sa première longue intervention sur le coronavirus depuis le 14 juillet.

Ses annonces seront scrutées et analysées : la mission d’évaluation de la gestion de la crise du coronavirus a déploré dans un rapport d’étape des « défauts manifestes d’anticipation, de préparation et de gestion » dans les aspects sanitaires. Disponibilité des masques, déploiement des tests, coordination entre les différents acteurs et déclin de la priorité accordée à la prévention constituent autant de points faibles dans les décisions prises ces derniers mois pour le groupe de cinq experts présidé par l’infectiologue suisse Didier Pittet, qui remettra son rapport final au mois de décembre.

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Couvre-feu nocturne avec fermeture des commerces et des lieux publics, interdiction de circuler à partir de 20 heures, de 21 heures ou de 22 heures, retour au télétravail, régulation des transports : « toutes les options sont sur la table » dans les villes les plus touchées, a rapporté l’entourage du chef de l’Etat, après la tenue d’un conseil de défense sanitaire à l’Elysée.

Le chef du gouvernement, Jean Castex, a également réuni mardi soir à Matignon plusieurs ministres dont Olivier Véran (santé), Bruno Le Maire (économie), Gérald Darmanin (intérieur), Jean-Michel Blanquer (éducation nationale) ou Eric Dupond-Moretti (justice).

Une trajectoire « sur le long terme »

La priorité du président reste plus que jamais « d’éviter un reconfinement général » pour ne pas remettre l’économie et la vie sociale à l’arrêt. Tout reconfinement local semble également écarté à ce stade mais le chef de l’Etat pourrait décider d’imposer des couvre-feux, avec interdiction de sortir entre le soir et le petit matin, comme en Guyane ou durant le printemps à Mulhouse.

« Il ne s’agit pas de prendre une mesure pour quinze jours, un coup on ferme, un coup on rouvre. Il faut des mesures bien plus longues », selon son entourage. « Les Français ont besoin de clarté sur le moyen et long terme. Il faut leur donner une trajectoire, un calendrier pour les mois qui viennent », ajoute l’entourage du chef de l’Etat, pour qui les six à huit prochaines semaines seront une période charnière.

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Un couvre-feu permettrait de limiter les déplacements nocturnes, donc les réunions de famille ou d’amis, en particulier chez les jeunes, dont les fêtes dans des lieux privés, très difficiles à contrôler, sont autant de clusters potentiels.

« Des villes de différentes tailles seront concernées par ces mesures, en fonction de la circulation du virus », ajoute la même source. « Mais il faut faire peser le minimum de contacts sur la vie de tous les jours, dont l’école ou l’université. » Le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer a d’ailleurs exclu mardi sur RTL « a priori » l’annonce par Emmanuel Macron de mesures concernant les écoles, collèges et lycées.

L’hypothèse d’un couvre-feu inquiète les oppositions

Le chef de l’Etat devrait par ailleurs annoncer une accélération des dépistages, grâce à l’arrivée de nouvelles techniques beaucoup plus rapides, comme les tests salivaires.

Au-delà du sanitaire, le chef de l’Etat détaillera des aides économiques et sociales pour les acteurs touchés par ses nouvelles mesures, sur sa ligne du « quoi qu’il en coûte » lancée dès le 12 mars. De plus en plus de secteurs économiques appellent l’Etat à l’aide, comme ces derniers jours les forains, les chauffeurs de VTC et les patrons de discothèques. Signe que l’épidémie est loin d’être terminée, l’édition 2021 du Salon de l’agriculture, qui devait se tenir à Paris du 27 février au 7 mars, a été annulée.

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Cauchemar des restaurateurs, l’hypothèse d’un couvre-feu inquiète les oppositions. « C’est une décision lourde, une restriction de liberté importante », prévient le député socialiste des Landes Boris Vallaud, en évoquant un « risque de jacquerie ». « Elle peut être nécessaire dans les grandes villes », et dans ce cas « nous y serons favorables », avance pour sa part le président des députés Républicains Damien Abad.

« La France n’a pas les effectifs de police pour faire appliquer un couvre-feu », juge de son côté le patron des députés Union des démocrates et indépendants Jean-Christophe Lagarde. « Les restrictions, c’est quand on a tout raté », a lancé Marine Le Pen (Rassemblement national).

Sans atteindre pour l’instant le niveau de la première vague du Covid-19 en France, la deuxième présente un profil extrêmement inquiétant. Sur les dernières vingt-quatre heures, le nombre de malades en réanimation a augmenté de 94 pour atteindre 1 633, et 87 décès ont été enregistrés.

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Le Monde avec AFP

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