EXCLUSIF – Ségur de la santé : la facture pourrait dépasser 7 milliards d’euros – Les Échos

Publié le 2 juil. 2020 à 15h51Mis à jour le 2 juil. 2020 à 17h22

Drôle de moment pour boucler une négociation . A quelques jours d’un remaniement ministériel susceptible d’engourdir les processus de décision, le ministre de la Santé, Olivier Véran, cherche ce jeudi à obtenir des arbitrages budgétaires favorables pour conclure ses « accords de Ségur », en allant au-delà de 7 milliards d’euros de revalorisations salariales.

Mercredi, au ministère, il est resté avec les syndicats de la fonction publique hospitalière jusque tard dans la nuit, pour une négociation-marathon qui a duré plus de dix heures. Jeudi matin, il a enchaîné avec les syndicats de médecins. Lors de ces rendez-vous, il a d’emblée posé sur la table une rallonge de 400 millions pour les premiers , 100 millions pour les seconds , qui fait passer la facture potentielle du Ségur de la santé de 6,5 à 7 milliards d’euros, d’après des sources syndicales. Encore un effort, lui ont en substance demandé les partenaires sociaux, qui, pour certains, trouvent ces sommes dérisoires.

« Pour les praticiens hospitaliers, il faudrait le double. Ce n’est pas à la hauteur du discours d’Emmanuel Macron », commente Rachel Bocher, présidente de l’intersyndicale INPH, en regrettant que « la vraie négociation commence seulement à la fin supposée des discussions ».

Synthèse des travaux repoussée

Le calendrier prévu au départ est d’ailleurs en train de se décaler, pour organiser de nouvelles séances en début de semaine prochaine. La réunion multilatérale de vendredi, où l’animatrice du Ségur Nicole Notat devait faire la synthèse des travaux engagés le 25 mai, serait repoussée. L’ensemble devra impérativement être bouclé avant le 14 juillet. Emmanuel Macron envisage de faire les annonces lui-même.

Pendant leur marathon de négociation, les syndicats ont cherché à en savoir plus sur la ventilation des 6,4 milliards d’euros promis aux professionnels non-médecins de l’hôpital. La revalorisation devrait comporter plusieurs étages . Dans l’immédiat, le gouvernement envisage, selon nos informations, d’investir 2,4 milliards d’euros par an dans la revalorisation générale des salaires des infirmiers, aides-soignants, mais aussi des personnels techniques et administratifs, en incluant l’effectif médico-social. En 2022, les grilles indiciaires seraient révisées afin d’effectuer des rattrapages salariaux très attendus, pour 1,7 milliard d’euros. Sur la refonte des primes, le schéma gouvernemental demeure flou.

Des « effets d’annonce »

Mais les syndicats critiquent des « effets d’annonce ». Avec 35 euros nets par mois pour tous, et 80 euros pour certains, on est très loin des 300 euros de revalorisation salariale que réclament les hospitaliers depuis plus d’un an – revendication à nouveau portée lors de la journée de mobilisation du 30 juin. Ensuite, l’enveloppe de 6,4 milliards doit également servir à revaloriser le secteur privé ; or ces 500.000 salariés supplémentaires consommeraient, selon les partenaires sociaux, un tiers de l’enveloppe, soit 2 milliards. De plus, les sommes seront débloquées progressivement, avec seulement une demi-année de revalorisation générale, au mieux, en 2020.

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