EXCLUSIF. Les couples binationaux séparés par le Covid vont pouvoir se retrouver – Le Journal du dimanche

Sur Facebook ou Twitter, ils affichent leur amour autant que leur désespoir. Canadiens, Américains, Chiliens, Marocains… Depuis plusieurs mois, ces couples binationaux non mariés, non pacsés, parfois juste fiancés vivent séparés en raison de la fermeture des frontières pour cause de l’épidémie du Covid-19. Ils seraient plus d’un millier ainsi écartelés entre la France et l’étranger, pris dans des méandres administratifs faute d’être unis en bonne et due forme. Nombre d’entre eux se sont regroupés au sein du collectif #LoveIsNotTourism pour faire évoluer la réglementation. Car un vide juridique les empêche de poursuivre leur histoire.

Le gouvernement va le combler cette semaine. “Ce virus n’aime pas l’amour. Nous, si”, clame ­Jean-Baptiste ­Lemoyne, secrétaire d’État en charge du dossier, qui l’annonce au JDD : “Après avoir dialogué avec le collectif #LoveIsNotTourism, nous allons ouvrir une procédure dérogatoire. Les conjoints devront se présenter au consulat avec des documents attestant d’activités communes, leurs pièces d’identité, une preuve de résidence en France pour le conjoint français, un titre de transport aller et retour… Ces dérogations, qui seront validées par la Commission interministérielle de crise, entraîneront la délivrance d’un laissez-passer lorsque c’est nécessaire. Ainsi, ces couples pourront enfin se retrouver. Car leur séparation n’a que trop duré.”

L’appel de la Commission européenne

Pour décrocher une autorisation spéciale à venir en France, il faudra donc prouver une relation sentimentale durable. Cela peut passer par un contrat de bail locatif, des factures ou un compte en banque communs, les tampons apposés sur les passeports établissant des visites régulières et pas uniquement des échanges virtuels… Derrière ces documents à fournir, l’espoir de serrer à nouveau l’autre dans ses bras. “La plupart sont épuisés nerveusement, ils ont passé seuls le confinement, sans perspective d’avenir et dans des situations parfois précaires”, décrit ­Jean-Baptiste ­Soufron, avocat qui représente des couples séparés.

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Face à une telle détresse, plusieurs États, comme l’Allemagne et les Pays-Bas, ont décidé de libéraliser les attributions de visa court séjour. En France, la mobilisation a récemment pris de l’ampleur avec la multiplication des refus de titres de séjour et l’interpellation de plusieurs députés de la majorité sur la situation kafkaïenne vécue par ces amoureux. Vendredi soir, la Commission européenne avait appelé tous les États membres de l’UE à permettre l’entrée sur leur territoire des partenaires non mariés des citoyens et résidents européens, regrettant que “seule une minorité” le permette.

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