Événement “majeur” rassemblant 15.000 experts: à quoi sert le Congrès mondial de la Nature qui s’ouvre à… – BFMTV

Au terme de son déplacement de trois jours à Marseille, Emmanuel Macron lance, ce vendredi, le Congrès mondial de la nature. Ce sommet, organisé par l’Union internationale pour la conservation de la nature, doit durer huit jours et accueillir les échanges de milliers d’experts et d’associations.

Alors qu’Emmanuel Macron a consacré l’essentiel de son déplacement de trois jours à Marseille au thème de la sécurité, puis des aides allouées à la ville pour la sortir de l’ornière financière qui tire vers le fond ses infrastructures et ses écoles, le risque était de voir le Congrès mondial de la nature passer pour accessoire. Mais c’est bien le chef de l’État qui inaugurera ce vendredi en fin de journée ce sommet – le premier du genre en France – qui durera huit jours, jusqu’au 11 septembre.

Ses participants entendent bien y prendre à bras-le-corps les grandes urgences écologiques.

Un événement qui se veut “le plus grand jamais organisé sur la biodiversité”

C’est l’Union internationale pour la conservation de la nature qui organise ce Congrès mondial de la nature. Si l’instance est en elle-même une ONG, elle rassemble en son sein des agences gouvernementales et des représentations des États aussi bien que des associations. Fort de ce contingent, elle n’hésite pas à présenter sur son site ledit Congrès mondial de la nature marseillais, qui se tiendra au Parc Chanot, comme “le plus grand événement mondial jamais organisé sur la biodiversité”.

Il faut dire que, comme le récapitule France 3, le plateau est impressionnant: 1300 organisations sur place, c’est-à-dire 1300 délégations venues de 160 pays, 15.000 experts et 20.000 personnes attendues. Reporterre, média indépendant spécialisé dans le suivi de l’actualité écologique, en convient, c’est un “congrès majeur”, et le décrit comme un mélange “à mi-chemin entre une COP, une exposition universelle et une session du Giec”.

“Trouver une convergence” autour de huit urgences

Les objectifs de cet événement roboratif mais quelque peu hybride sont listés sur sa page officielle. Il s’agit d'”appeler à la mobilisation et à l’action” quant aux huit thématiques suivantes: les écosystèmes (forêts, océan et littoraux), les aires protégées, les solutions fondées sur la nature pour lutter contre le changement climatique, la biodiversité en Outre-mer, la déforestation importée, l’artificialisation des sols, les alternatives aux pesticides.

Maud Lelièvre, présidente du Comité français de l’UICN, était l’invitée de notre antenne ce vendredi matin. Elle a défini plus précisément la feuille de route du rendez-vous à venir: “Il s’agit de trouver une convergence entre les États et ce que porte l’UICN et que tous ensemble on établisse des plans d’action mis en œuvre demain”.

Caisse de résonance

La date marseillaise revêt de surcroît un intérêt inédit. “C’est la première fois que le Congrès mondial est ouvert au grand public! Ça nous paraissait important de pouvoir associer le grand public, car les politiques se décident à tous les niveaux et se mettent aussi en œuvre avec les citoyens”, s’est en effet félicitée Maud Lelièvre, toujours sur BFMTV. Une caisse de résonance dont elle espère beaucoup.

“Il faut une prise de conscience et des décisions pour stopper la crise de la biodiversité”, a ainsi plaidé la présidente du Comité français de l’UICN auprès de la matinale de France Inter, où elle est également intervenue ce vendredi. 

Singularité

Tout ça est bel et bon mais ce volontarisme n’empêche pas le “plus grand événement mondial jamais organisé sur la biodiversité” de pêcher par manque de notoriété. Et, situé à quelques mois de la COP 26 de Glasgow – qui se tiendra du 1er au 12 novembre – et de la COP 15 sur la biodiversité de Kunming en Chine – du 11 au 24 octobre -, il pourrait même avoir du mal à trouver de la visibilité dans l’agenda international.

Maud Lelièvre a fait valoir auprès de la radio publique que ces différentes échéances n’entraient pas en collision mais se complétaient au contraire: “À la différence d’une COP, cela permet de mettre tout le monde autour de la table: les États, mais aussi des scientifiques, des ONG, des parcs nationaux. Tous les acteurs autour de la table peuvent trouver les solutions et les déployer”.

L’espoir d’échapper aux vœux pieux

À l’instar d’une COP en revanche, la menace de voir le sommet n’engendrer que coups d’épée dans l’eau et vœu pieu paraît bien réelle. Pourtant, rappelle ici France 3, ce sont tout de même 128 recommandations qui doivent être édictées à l’issue du Congrès mondial de la nature – le tout porté par une trentaine de motions – dont 109 ont déjà été votées par les États et les associations, tandis que 19 doivent l’être à Marseille.

Mais la sémantique employée le dit assez clairement. “Recommandations”, un terme à l’évidence taillé pour évacuer toute idée d’impératif et de contrainte pour les mondes politique comme économique. “Ce n’est pas un organe de décision internationale”, a admis François Chartier, chargé de campagne océan et pétrole chez Greenpeace, auprès de France 3. “Mais en fait c’est le lieu où la science se met en position d’envoyer des messages politiques”, a-t-il toutefois relancé.

Afin de donner du corps à l’événement, Maud Lelièvre a d’ailleurs mis en avant une mesure particulièrement ambitieuse: “On espère que dans la déclaration finale, l’UICN demandera officiellement à tous les États que 10% des 13 milliards d’euros prévus pour la relance post-Covid soient consacrés à la nature.”

Les milliers de participants du Congrès mondial de la nature ont donc huit jours pour concrétiser ce projet. Hélas, tandis que les catastrophes environnementales s’enchaînent – depuis les incendies méditérannéens de l’été jusqu’aux inondations new-yorkaises de ces mercredi et jeudi, en passant par l’affolement des températures -, les acteurs de la scène écologique sont de toute façon habitués à vivre au gré des comptes-à-rebours.

Robin Verner

Robin Verner Journaliste BFMTV

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