Étudiant immolé à Lyon. Sept chiffres qui montrent l’ampleur de la précarité étudiante – Ouest-France

Un étudiant lyonnais s’est immolé par le feu vendredi 8 novembre 2019, devant les locaux du Crous, après avoir laissé un message indiquant que son geste était motivé par des difficultés financières et visait « un lieu politique […] et par extension le gouvernement ». Il était toujours entre la vie et la mort mercredi 13 novembre.

Son geste a provoqué des manifestations dans plusieurs villes universitaires, où des étudiants ont défilé pour protester contre la précarité à laquelle ils estiment devoir faire face. Plusieurs syndicats étudiants ont estimé que les difficultés qu’affrontait l’étudiant lyonnais étaient communes et que ce genre de geste dramatique pourrait se reproduire. Les organisations proposent plusieurs mesures, dont l’encadrement des loyers ou un revenu universel.

Les difficultés financières des étudiants – et les fragilités qu’elles entraînent – sont mesurées par plusieurs indicateurs.

20 % des étudiants sous le seuil de pauvreté

C’est un chiffre qui revient souvent dans les rassemblements des derniers jours : 20 % des étudiants vivent sous le seuil de pauvreté.

En effet, selon l’enquête « Revenu, niveau de vie et pauvreté » menée en 2016 par l’Insee, 20,8 % des élèves et étudiants vivaient sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire à moins de 60 % du niveau de vie médian.

Après une baisse dans les années 90 et un plus-bas en 2002 (17,2 %), ce taux est remonté ces dernières années :

37,5 % des étudiants boursiers sur critères sociaux

712 000 personnes ont touché une bourse sur critères sociaux (BCS) sur l’année 2018-2019, selon les chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Cela représente 37,5 % des étudiants, mais avec de fortes variations selon les académies et les filières.

Ainsi, 55 % des étudiants en STS (sections technicien supérieur) sont boursiers, contre 13 % en école de commerce.

Ces bourses s’échelonnent de 1 009 (31,8 % des bénéficiaires) à 5 551 € pour l’année (6,7 %) :

 

Une rentrée à 2 285,26 €, qui augmente plus vite que l’inflation

Depuis 2002, la FAGE (Fédération des Associations Générales Étudiantes) calcule chaque année le coût de la rentrée étudiante. Cet indicateur est construit en additionnant les Frais spécifiques à la rentrée universitaire (Frais d’inscription, cotisations, frais d’agence, assurance logement, complémentaire santé, matériel pédagogique…) et des Frais de vie courante (loyer et charges, alimentation, loisirs, transports, téléphonie et internet, vêtements et produits d’hygiène et d’entretien).

Pour 2019, le coût de la rentrée étudiante s’élevait à 2 285,26 €, en hausse de 1,96 % par rapport à 2018. La FAGE relève que chaque année ce coût augmente (notamment à cause de l’inflation et de la hausse des loyers), mais que les revenus des étudiants, eux, n’évoluent pas aussi rapidement.

50 % des étudiants travaillent à côté de leurs études

Selon l’Observatoire de la vie étudiante (OVE), un étudiant sur deux travaillait en 2016, pour augmenter ses revenus. Cette étude relève que 46 % des étudiants ont une activité rémunérée ; pour 50 % d’entre eux, elle est sans lien avec leurs études.

Pour 20 % des étudiants qui travaillent, leur activité professionnelle est « concurrente » des études, et pour 17,7 %, elle a un impact négatif sur leurs études. Pour un tiers d’entre eux, ce travail est source de stress et de tension nerveuse. Pour 54 %, il est cependant « indispensable pour vivre ».

57 % d’étudiants parmi les livreurs à vélo

Un rapport de l’Institut Montaigne, publié en avril 2019, pose la question de la précarité des emplois issus des nouvelles plateformes numériques. Selon leur étude, menée auprès de 800 coursiers à vélo livrant de la nourriture, 57 % sont des étudiants.

Rémunérés entre 10 et 15 € bruts de l’heure, ils sont travailleurs indépendants et ont un régime de protection sociale incomplet : pas de mutuelle, pas de chômage, pas de congés payés, pas d’assurance contre les risques de perte d’activité…

13,5 % des étudiants renoncent à des soins

Toujours selon l’enquête de l’Observatoire de la vie étudiante (OVE), un tiers des étudiants interrogés indiquent avoir renoncé à voir un médecin. Pour 44,5 % de ces derniers, le motif était le manque de moyens financiers.

Ce sont donc 13,5 % des étudiants qui ont renoncé à des soins pour des raisons financières, avec une inégalité entre sexes : 10,7 % chez les hommes, 15,9 % chez les femmes.

Des pensées suicidaires pour 20 % des étudiants

Selon une enquête I-Share publiée en septembre 2018, et menée auprès de 14 722 étudiants (dont 75 % de femmes), un étudiant sur cinq aurait eu des pensées suicidaires. Celles-ci seraient fréquentes pour 4 % d’entre eux.

Le suicide est la 2e cause de mortalité dans la tranche d’âge 15-24 ans.

Partager cet article Des étudiants ont manifesté devant le Crous de Montpellier le mardi 12 novembre, pour dénoncer la précarité, après qu'un étudiant lyonnais s'est immolé par le feu vendredi 8 novembre.

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