Etats-Unis : Les républicains toujours dans l’impasse à la Chambre après trois jours et 11 tours de vote – 20 Minutes

De notre correspondant aux Etats-Unis,

Pour la onzième fois en trois jours, le verdict est tombé, jeudi soir, comme un disque rayé : « Aucun nominé n’ayant reçu la majorité des voix, aucun Speaker n’a été élu. » Mais si les factions ont campé sur leurs positions et que Kevin McCarthy n’a pas réussi à convaincre un des 20 frondeurs de voter pour lui au poste de président de la Chambre lors de cinq nouveaux tours de scrutin, son camp a fait état de « progrès » dans les négociations, qui pourraient aboutir vendredi.

Il faut remonter à 1859, avant la Guerre civile américaine, pour retrouver un tel blocage. L’élu afro-américain John James a eu beau rappeler que les divisions actuelles sont « moins béantes » qu’à l’époque entre les abolitionnistes et les esclavagistes, rien n’y a fait. Tour après tour, les 20 rebelles, essentiellement des élus du Freedom caucus, un groupe parlementaire qui veut la tête de Kevin McCarthy – ou au minimum l’obliger à mettre le cap à droite et à couper les dépenses – n’ont rien cédé. Les soutiens de McCarthy, soit 90 % des républicains, non plus.

Une seule voix pour Donald Trump

Dans ce duel, personne ne veut cligner des yeux le premier. Matt Gaetz, l’un des 20 « Never Kevin », a joué les trolls en nommant Donald Trump – en profitant du fait que la Constitution n’impose pas qu’un Speaker soit un élu. Mais personne ne l’a suivi, avec sa seule voix pour Trump. Un signe que l’emprise de l’ex-président sur le parti républicain est sans doute en train de s’effriter.

Lauren Boebert, qui avait posé en famille pour Noël en 2021 en brandissant un fusil, refuse, elle aussi, de baisser les armes, tweetant : « Quand le pays est en train d’être détruit à un niveau sans précédent, il faut parfois faire des choses sans précédent pour le remettre sur les rails. Nous combattons pour sauver l’Amérique, et nous ne reculerons pas. »

Des progrès signalés

Sur la moquette de la Chambre, on voit depuis trois jours des élus de tous bords discuter, négocier, plaisanter ou se clasher. Mais c’est en coulisses, dans les bureaux parlementaires que tout se joue. Jeudi matin, McCarthy avait accepté l’une des demandes principales des objecteurs : qu’un seul élu puisse déposer une motion de censure contre un Speaker, une mesure vue comme un garde-fou.

Dans la soirée, l’un des lieutenants de McCarthy, Patrick Henri, a fait état de « progrès » laissant place à un optimisme mesuré. Selon des journalistes américains, le camp McCarthy a fait une proposition écrite de compromis. Elle comprendrait notamment un pouvoir élargi pour le Freedom caucus dans les comités, et également des engagements pour s’attaquer à la dette – ce qui pourrait mettre Joe Biden en difficulté quand il faudra relever le plafond pour éviter un défaut de paiement au cours des prochains mois.

Cela suffira-t-il pour rapprocher les lignes ? Avec 222 républicains, la marge de Kevin McCarthy est infime. Il a besoin de convaincre une quinzaine de frondeurs de le rejoindre, et quelques autres de voter « présents » pour qu’il puisse l’emporter en devançant le démocrate Hakeem Jeffries (212 voix), sans forcément atteindre la majorité absolue (218). Lors du vote pour lever la séance jusqu’à vendredi midi (18 heures, heure de Paris), tous les républicains sauf trois ont serré les rangs. Le dénouement est, peut-être, proche.

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