Et si le drôle de défi de Tesla était un hommage à la concurrence ?

Le drôle de défi de Tesla, on en parle ?

Posted by Presse-citron on Monday, September 9, 2019

Elon Musk a fait une drôle d’annonce la semaine dernière suite au lancement mondial de la nouvelle Porsche Taycan : une Tesla Model S serait sur le circuit du Nürburgring cette semaine.

On n’en sait pas beaucoup plus. Connaissant Elon Musk, cette annonce n’a probablement pas été faite par hasard, et si le facétieux patron de Tesla prend le risque d’un tel défi c’est qu’il sait parfaitement ce qu’il fait et où il met les pieds, et qu’il n’a pas l’intention de perdre la face, ni son pari.

Un défi sur le Nürburgring ? Remettons un peu de contexte pour ceux qui sont moins au fait des choses de l’automobile. Le circuit automobile allemand, qui accueillit fut un temps les Grands Prix de F1, fait partie de la légende de la course, et notamment sa fameuse Nordschleife (« boucle nord » pour les intimes), un tourniquet de vingt kilomètres sur lequel tous les pilotes pro ou amateurs viennent ferrailler, mais aussi et surtout tous les grands constructeurs automobiles, que ce soit pour mettre au point leurs voitures ou pour tenter de claquer un chrono et montrer au monde qu’ils ont la meilleure. Il faut dire que ce petit bout d’enfer sur terre a tout pour être le véritable juge de paix des bagnolards : des parties techniques avec courbes serrées, des montées aveugles et des descentes vertigineuses, des grandes courbes hyper rapides et des lignes droites supersoniques. Avec ce catalogue, le Ring est la référence absolue : une voiture qui fait un bon chrono sur cette piste est forcément une très bonne voiture, qui dans la vie quotidienne de monsieur Tout le monde et de madame Michu (qui se sont mariés récemment) sera aussi à l’aise à la montagne, à la campagne et sur l’autoroute.

Porsche a récemment fait tourner sa fameuse Taycan sur le Nürburgring et établi un temps très décent de 7:42, clamant que ce chrono était le meilleur jamais établi par une berline quatre portes électrique de série. Seul petit problème, la Taycan est la seule voiture correspondant à ce critère avec la Tesla Model S (ou Model 3), et ces dernières n’ont jamais tourné officiellement sur le Ring, en dehors de quelques tentatives sur piste encombrée par des conducteurs amateurs. Le record de Porsche est donc une sorte de record en solitaire, sans concurrence. Mais on va dire que par défaut c’est désormais le temps de référence pour une électrique, et que ce sera celui à battre.

Tesla descend officiellement dans l’arène

C’est là qu’intervient la promesse d’Elon Musk. Apparemment piqué au vif par ce chrono, et par la communication intensive de Porsche autour du Taycan et de sa performance, Tesla s’apprête selon toute vraisemblance à faire tourner une Model S, et l’on en déduit que l’objectif est d’aller chatouiller Porsche dans son jardin, voire, idéalement, de descendre sous le temps au tour établi par la Porsche. Connaissant le savoir-faire de Porsche en matière de voitures de sport et l’interminable palmarès de la marque en la matière, tous les spécialistes sont sceptiques et s’accordent à dire que la Tesla n’a aucune chance. Car la Model S P100D a beau être extrêmement performante en accélération et en puissance pure, c’est tout sauf une voiture de circuit. Autre handicap : son système de gestion de batterie se met très rapidement en sécurité quand celles-ci sont trop sollicitées et qu’elle risquent la surchauffe, ce qui a pour conséquence de considérablement dégrader la puissance de la voiture. Sur un tour de vingt kilomètres, il y a des chances pour que la Tesla devienne asthmatique après quelques virages, là où la Porsche continue à donner toute sa puissance, notamment grâce à son architecture 800 volts, unique sur le marché, et qui lui confère une puissance durable sans dégradation. La qualité du châssis et des trains roulants de la Porsche plaident aussi en sa faveur.

Mais Musk n’a pas dit son dernier mot, et il est tout à fait possible que survienne une surprise dans cette confrontation d’un nouveau genre, notamment avec la dernière version « Raven » de la Model S, dont le consommateur tirera de toute façon bénéfice, comme dans toute situation de concurrence acharnée. La lutte entre ces deux géants ne pourra que bénéficier aux performances, notamment des batteries (autonomie, puissance, poids), ce qui sera bon pour les acheteurs futurs. Porsche n’a pas réagi officiellement, mais l’on sait que le pilote Nico Rosberg, champion du monde de Formule 1, a proposé ses services à Elon Musk pour tenter ce défi, et que celui-ci a accepté. Rappelons à toutes fins utiles que Rosberg est… allemand, et qu’il est fan de Tesla.

D’autre part, ce défi nous permet d’assister à une première dans le monde de l’automobile électrique : celle qui montre Tesla déstabilisée par la concurrence pour la première fois de sa courte existence, et dont le PDG descend dans l’arène en se fendant notamment de quelques sarcasmes sur Twitter, ce qui en creux démontre qu’il reconnait la qualité du travail de Porsche, ou à tout le moins sa position de challenger.

Ce n’est qu’un début, et nous assisterons dans les mois et années à venir à des confrontations de plus en plus nombreuses dans ce domaine. Cela ne rendra pas forcément leurs acteurs plus modestes, mais on peut espérer qu’une fois que ces joutes d’égos seront réglées, la raison l’emportera, et qu’ils se remettront sur le métier pour proposer des voitures électriques moins gourmandes en énergie, moins lourdes, pas forcément aussi puissantes, avec des batteries plus performantes permettant des autonomies encore plus importantes avec des temps de recharge plus courts. Et que les réseaux de stations de recharge suivront le mouvement en se densifiant rapidement.

L’avenir va être passionnant. En attendant… popcorn pour tout le monde !

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