Ericsson continue sa course à la 5G et appelle Bruxelles et Paris à faire de même

Ericsson continue sa course à la 5G et appelle Bruxelles et Paris à faire de même

Bien engagé dans la course à la 5G, Ericsson porte son regard vers la Chine, d’où la menace pourrait surgir. Le constructeur suédois a en effet publié ce lundi une mise à jour de ses facteurs de risque, émettant une obligation non garantie de 500 millions d’euros à 8 ans.

En cause : l’affaiblissement des relations entre la Suède et la Chine, qui pourrait entraver sa croissance. Stockholm a en effet interdit aux fleurons chinois Huawei et ZTE de participer au déploiement des réseaux 5G sur son territoire en octobre 2020, tout en poussant les opérateurs nationaux à éliminer la présence des deux géants sur leurs réseaux d’ici à 2024.

De quoi pousser Pékin à prendre des mesures de rétorsion vis-à-vis d’Ericsson ? C’est ce que craint l’état-major du constructeur. “Bien qu’Ericsson soit invité à participer à divers appels d’offres en cours en Chine, le résultat final reste incertain et le risque qu’Ericsson se voit attribuer, dans le cadre de ces appels d’offres, une part de marché nettement inférieure à sa part de marché actuelle, augmente”, a fait savoir la direction de l’équipementier.

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Ericsson et Samsung font la paix

Si le risque de perdre des parts sur l’immense marché chinois est réel, Ericsson est également sous la menace de la concurrence. Bonne nouvelle pour le constructeur, celui-ci vient de conclure un accord avec le géant coréen Samsung pour mettre fin à des litiges portant sur des brevets dans le domaine des technologies cellulaires.

Ericsson avait porté plainte en début d’années contre Samsung en accusant le géant asiatique d’avoir violé des brevets portant sur des équipements réseaux allant des tours de communications cellulaires (antennes, radios, stations de base) aux produits de réseau de base qui se connectent sans fil aux téléphones portables et autres équipements cellulaires. L’accord, annoncé ces dernières semaines, doit permettre aux deux entreprises de normaliser leurs relations tout en permettant à Ericsson de sécuriser ses revenus de licence, qui devraient s’élever à plus de 200 millions d’euros au deuxième trimestre 2021.

De quoi garantir à Ericsson de conserver une place de premier choix dans la course à la 5G… À condition que tous les pays et les opérateurs jouent le jeu. Sur 140 réseaux 5G actuellement opérationnels dans le monde, l’équipementier est présent dans 85 d’entre eux, se satisfait pour l’heure le président d’Ericsson France Franck Bouétard. Dans l’hexagone, le géant scandinave opère sur les réseaux d’Orange et de Bouygues Telecom, ses deux partenaires historiques.

Bruxelles et Paris appelés à redoubler d’efforts

Déjà candidat aux appels d’offres lancés par les opérateurs français pour équiper leurs coeurs de réseaux 5G d’ici à 2022 ou 2023, le constructeur scandinave appelle toutefois la France et ses voisins européens à se mettre au diapason des champions mondiaux de la 5G que sont la Corée du sud, la Chine ou les Etats-Unis pour ne pas se laisser distancer au cours des prochaines années. “Nous avons pris du retard”, alerte le président d’Ericsson France, interrogé par ZDNet France.

“Alors que la Chine dispose de 2,3 millions de stations de base 5G contre 110 000 pour les Etats-Unis, la France en compte 2 800. Il faut absolument accélérer afin de ne pas se laisser distancer au cours de la prochaine décennie, il en va de la réussite économique de la France et de l’Union européenne toute entière”, souligne le dirigeant. Celui-ci applaudit toutefois l’émergence d’un “volontarisme politique français qui doit nous permettre d’aller de l’avant”.

Et de pointer du doigt l’importance du rôle que doit jouer la 5G pour accompagner le déploiement du très haut débit sur l’ensemble du territoire français. “La 5G est un candidat naturel à la complétude des réseaux très haut débit”, relève Franck Bouétard. “La fibre doit être réservée aux zones très denses, où elle a beaucoup de sens. Quand on passe dans les zones peu denses, la fibre n’est pas la technologie la plus pertinente pour connecter les zones les moins enclavées. Là, il vaut mieux utiliser une technologie radio, qu’elle soit 4G ou 5G”, explique-t-il.

Un rôle clé pour le très haut débit

Pour ce dernier, la montée en puissance progressive de la 5G au cours des prochaines années devrait contribuer à placer la connectivité cellulaire au centre du jeu. Et ce n’est pas l’arrivée prochaine d’acteurs satellitaires comme Starlink qui risque de freiner cette ascension vers les sommets, estime-t-il. “Les solutions satellitaires ne peuvent rivaliser, tant en terme de coût qu’en terme de débit. On ne la voit pas comme une technologie concurrente mais comme une technologie complémentaire pour les zones qui ne peuvent être couvertes, comme les océans par exemple.”

Et si la fibre est appelée à jouer les premiers rôles dans la connectivité des français, la 5G aura évidemment son mot à dire. D’autant que, “d’un point de vue environnemental, la 5G consomme moins que la fibre”, souligne le président d’Ericsson France. De là à se substituer à la connectivité via Wi-Fi dans les prochaines années ? “Il est évident que quand la 5G va se déployer, cela va conduire à une explosion des capacités de données et donc à réduire significativement le trafic transitant par la Wi-Fi. Des gens ne vont plus se connecter à leur borne Wi-Fi. Il va y avoir une certaine substitution, qui comprendra à la fois complémentarité et concurrence”, estime-t-il.

Alors que la décennie qui s’ouvre sera celle de la 5G, Ericsson prépare déjà l’avenir en participant à l’élaboration de la future 6G au sein des différentes initiatives internationales planchant sur le sujet. Pour autant, “il ne faut pas se presser et faire les choses dans l’ordre. Nous n’en sommes qu’au début d’un long processus d’ébauche de ce que sera la 6G et à quels besoins elle devra répondre. La priorité va à la 5G car il y a urgence”, relève Franck Bouétard.

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