Environnement : Macron s’affiche mais ne montre pas l’exemple – Libération

Tout auréolé de son titre de «champion de la Terre», reçu il y a un an du Programme des Nations unies pour l’environnement, Emmanuel Macron compte se présenter comme tel à la face du monde pendant les quarante-huit heures qu’il passera à New York pour le sommet climat de l’ONU. Il s’agira de «poursuivre et amplifier le travail fait au G7» de Biarritz, fin août, «sur le climat, et plus spécifiquement l’Amazonie et les forêts tropicales», dixit l’Elysée.

Rien de concret

Lundi, il doit consacrer la matinée à une réunion destinée à «mobiliser des financements» pour la reforestation de l’Amazonie, le développement soutenable de la région et la participation des populations locales à ce développement. Y assisteront des présidents de la région, mais aussi celui de la république démocratique du Congo, recouverte elle aussi d’une forêt tropicale, ou encore des représentants de pays donateurs comme l’Allemagne et la Norvège, et d’institutions comme la Banque mondiale.

Cette séquence amazonienne est qualifiée d’«importante» par l’Elysée car elle «permet de réaffirmer que nous sommes aussi un pays amazonien», grâce à la Guyane. Mais la tâche sera sans doute compliquée pour le chef de l’Etat, en l’absence de son homologue brésilien, Jair Bolsonaro, avec qui il s’était écharpé en août au sujet des incendies et dont le pays exerce une forte influence diplomatique sur ses voisins. Le président français veut «réaffirmer notre ambition climatique» lors du sommet climat de l’ONU et «soutenir l’effort international qui doit être fait d’ici la COP 26 de 2020 dans le but de relever certains niveaux d’ambition». Sauf que dans les faits, Macron ne devrait rien annoncer de bien concret. La France est encore loin de montrer l’exemple.

A la veille du G7 à Biarritz, Macron a certes affiché son refus de soutenir l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur. Mais le Grand Conseil coutumier des peuples amérindien et bushinengé de Guyane lui reproche d’attribuer «360 000 hectares de forêt aux multinationales minières». Et Paris ne s’attaque toujours pas aux causes de la déforestation que sont l’importation massive de soja sud-américain pour nourrir ses animaux d’élevage ou d’huile de palme asiatique pour alimenter la bioraffinerie de Total de La Mède (Bouches-du-Rhône).

Loi énergie-climat

Alors que la Commission propose aux Etats membres un nouvel objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de – 55 % d’ici 2030 par rapport à 1990 (contre – 40 % actuellement), la France ne semble pas prête à suivre l’Allemagne qui, la semaine dernière, s’est prononcée en faveur d’une telle réduction de – 55 %. «On aura des décisions à prendre au niveau européen, ce sera clé pour le rôle que pourra jouer l’Europe en matière d’entraînement de ses grands partenaires, en particulier l’Inde ou la Chine», élude-t-on à l’Elysée. Et pour cause. La loi énergie-climat, qui doit obtenir cette semaine l’aval du Sénat, écarte la possibilité de rehausser l’objectif de 40 % de réduction d’émissions de GES d’ici 2030.

Et la France n’est pas sur la bonne trajectoire pour respecter ses objectifs. Certes, ses émissions de GES ont baissé de -4,2% en 2018, selon l’Observatoire climat-énergie, mais c’est en grande partie grâce à un hiver doux. Et ces émissions dépassent de 4,5 % le budget carbone 2015-2018. «Des objectifs ne sont rien si on ne donne pas les moyens de les tenir. Il manque plus de 20 milliards [d’euros] d’investissement dans la transition écologique chaque année en France», note le député (ex-LREM) Matthieu Orphelin.

Coralie Schaub

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