ENTRETIEN. « La réforme des retraites mettra le feu au pays », affirme Fabien Roussel – Ouest-France

Le communiste Fabien Roussel part sur les routes de l’Hexagone. Le 1er octobre, il entame un tour de France. Objectif ? Aller à la rencontre des habitants, répondre à leurs questions, être mis sur le gril, trouver des solutions… « Nous sortons de deux élections importantes, et je ressens des inquiétudes, des déceptions… Parlons, alors, du climat, de l’emploi, de l’argent… J’aborde ce tour de France avec humilité, et l’espoir que cela change vraiment. »

Deux manifestations sont annoncées, le 22 septembre pour la défense du système de santé, le 29 septembre pour les salaires. Est-ce le début d’un automne mouvementé ?

Quand Emmanuel Macron dit qu’il veut allonger le temps de travail avec la réforme des retraites, quand Élisabeth Borne annonce une hausse des prix du gaz et de l’électricité, je me demande s’ils ne jouent pas à enflammer le climat social. Ils se baladent avec un jerrican d’essence et un briquet.

Que vous disent les Français que vous croisez ?

Ils me parlent de pouvoir d’achat, de leur travail qui ne paie pas suffisamment, de factures qui augmentent…

« C’est facile d’accuser la guerre en Ukraine »

Une hausse générale des salaires, n’est-ce pas utopique ?

Il y a des recettes à aller chercher. Le gouvernement doit taxer les profits des grands groupes et cesser de leur distribuer des milliards d’exonérations fiscales. Nous demandons aussi de mettre un terme à la déréglementation du marché de l’énergie, source de hausse des prix. C’est facile d’accuser la guerre en Ukraine, mais si les tarifs flambent, c’est qu’ils sont fixés à la bourse.

Vous avez fait campagne sur le retour des jours heureux. Est-ce encore possible ?

Les jours heureux, c’est protéger les emplois, les services publics, les salaires. C’est retrouver notre souveraineté énergétique, alimentaire, industrielle. Le tout premier programme des jours heureux a été écrit par le Conseil national de la Résistance, en 1945, dans une France en ruines. Nous, aujourd’hui, face à une crise difficile, nous ne serions pas capables de mettre en place de telles réformes ? Il faut reprendre la main sur les marchés financiers. Les richesses produites doivent être mises au service du climat, de l’être humain, du pays.

Craignez-vous que le gouvernement passe en force sur le projet de loi de finances, la réforme des retraites ?

C’est ce qu’il laisse entendre, en utilisant l’arme antidémocratique du 49.3. Cela va aussi mettre le feu au pays !

« Il nous faut élargir à gauche »

Vous sentez-vous encore à l’aise dans l’union de la gauche – Nupes – après les critiques de Jean-Luc Mélenchon vous incitant à cesser vos « jérémiades » ?

Il ne faut pas craindre le débat entre nous. Aux législatives, si la gauche a progressé, elle n’a pas gagné. Si nous voulons l’emporter, il nous faut convaincre bien plus d’électeurs, ces 26 millions qui ne sont pas allés voter. Il nous faut renforcer nos propositions. Il faut nous élargir à gauche.

Pourriez-vous tendre la main aux socialistes, dont l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, opposés à l’accord avec les Insoumis ?

Nous devons nous retrouver ensemble, sans exclure, invectiver. Il nous faut également sortir de la politique politicienne pour, d’abord, parler aux Français. Voilà pourquoi j’entame un tour de France le 1er octobre, afin d’aller à leur rencontre, répondre à leurs questions, être mis sur le gril, trouver des solutions…

Est-ce aussi l’occasion de prendre le pouls du pays ?

Nous sortons de deux élections importantes et je ressens des inquiétudes, des déceptions. Parlons, alors, du climat, de l’emploi, de l’argent… J’aborde ce tour de France avec humilité, et l’espoir que cela change vraiment.

Êtes-vous prêt à faire des compromis avec le gouvernement ?

Entre le Smic à 1 500 € net et aucune revalorisation, j’espère qu’on trouvera un compromis dans les semaines qui viennent. Sinon, comment les Français vont-ils payer la hausse de l’énergie ? C’est intenable.

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