ENTRETIEN. Carole Delga : “Je veux créer un mouvement d’union de la gauche républicaine” – LaDepeche.fr

l’essentiel Quelques heures après la ratification par le Conseil national du PS de l’accord avec LFI, EELV et le PCF, la présidente de la région Occitanie prend acte de sa position minoritaire dans les instances du parti. Réaffirmant son opposition à ce qu’elle considère comme “une liquidation du PS”, Carole Delga annonce son intention de réunir les militants qui partagent sa vision, puis d’organiser des états généraux de la gauche républicaine cet été. 

Comment accueillez-vous le vote du Conseil national du PSqui valide l’accord électoral avec La France insoumise ?
Je reste résolument opposée à cet accord, à la négation de nos valeurs et de notre projet socialiste et je prends acte – qu’à ce jour – je suis minoritaire dans le parti.

À la lecture de ce résultat, envisagez-vous de quitter le PS ?
Je suis profondément socialiste et je considère avoir encore toute ma place dans ce parti qu’il faut transformer. Je ne suis pas moins socialiste qu’Olivier Faure. Je vais donc continuer à travailler avec tous les militants et sympathisants qui partagent mes idées et me témoignent leur soutien. Evidemment, je serai porteuse d’une vision différente de celle de la direction du parti.

“Je ne suis pas moins socialiste qu’Olivier Faure,
je ne quitterai pas le parti”

Comment voyez-vous alors l’avenir du PS et quel rôle entendez-vous jouer ?
Dans un premier temps, je vais rassembler prochainement toutes ces personnes qui n’acceptent pas la liquidation du PS.
Faut-il conclure que vous pourriez présenter une motion au prochain congrès du PS ?
Ma feuille de route est claire et précise : réunir d’abord toutes celles et tous ceux qui, comme moi, ne peuvent pas se résoudre à l’anéantissement de l’héritage socialiste, du travail accompli par les militants, les élus locaux et nationaux pour défendre et promouvoir nos valeurs ; Ensuite consacrer toute mon énergie pour qu’un maximum de candidats de gauche l’emportent aux législatives et puissent constituer une opposition forte à la politique d’Emmanuel Macron ; Et enfin, réunir cet été des états généraux de la gauche républicaine, européenne et écologiste en France car je pense en effet qu’un grand rassemblement est nécessaire, mais sur des bases claires. C’est aussi ce que réclame le peuple de gauche qui, en récusant cet accord, dit « non » aux compromissions, « non » aux omissions sur des sujets majeurs tels que la question européenne, l’Ukraine, la laïcité, la lutte contre le communautarisme, la relation à l’entreprise ou le vivre ensemble. Voulons-nous une société de l’affrontement, de la désobéissance, de la violence, de la rupture, ou voulons-nous plutôt une société progressiste, ambitieuse sur le partage des richesses et rassemblée ? C’est de ces sujets dont nous aurons à parler…

Le rendez-vous sera fixé en Occitanie ?
Le lieu importe peu et je n’y ai pas encore réfléchi. Ce qui compte, ce sont les principes énoncés et les bases qui doivent être claires et solides car ce qui se dessine, c’est un mouvement de rassemblement et d’union de la gauche républicaine. J’en suis convaincue et cela doit donc se faire avec sérieux, sincérité et cohérence. Toutes celles et tous ceux qui, à gauche, ont envie de participer à un nouvel élan seront les bienvenus.

“Les responsables politiques d’aujourd’hui s’occupent surtout de leurs petites comptabilités électorales et pas assez de la comptabilité des fins de mois difficiles”

Voyons-nous apparaître à grands traits dans vos propos l’esquisse d’un nouveau parti ?
Il faut sortir de ces logiques de chapelles mortifères. Avant toute chose, il faut travailler sur les idées. Le cadre, la structuration juridique, tout cela vient ensuite, ce n’est pas le plus important. Parlons en premier du projet pour la vie des gens. C’est cela qui guide mon engagement, et c’est pourquoi je fais de la politique. Les injustices de notre société, les périls environnementaux ne trouvent pas vraiment de réponse et pour ce qui nous concerne, l’explication est évidente : la gauche et le PS n’ont pas travaillé, et les Français nous ont sévèrement sanctionnés par les urnes à la présidentielle ! Ma priorité c’est donc de rassembler cette gauche républicaine, écologique, européenne. Travaillons sur un projet de société ambitieux, un nouveau contrat social, et nous verrons ensuite sur quoi débouche cette dynamique. Soyons humbles. Je m’oppose à cette politique de la personnalisation et je veux le dire clairement : l’objectif n’est pas de créer un parti au service de Carole Delga, alors qu’en vérité, les 17 millions de Français qui se sont détournés des urnes nous reprochent de ne pas assez parler d’eux et de ne pas travailler assez pour eux. Les responsables politiques d’aujourd’hui s’occupent surtout de leurs petites comptabilités électorales et pas assez de la comptabilité des fins de mois difficiles.

Revenons à l’accord LFI / PS ? Fallait-il consulter les militants ?
C’était évidemment indispensable, car il s’agit d’un changement de ligne politique majeur. Le timing imposé par La France insoumise ne l’a pas permis, je le regrette, et c’est aussi pour cette raison que je vais réunir et donner la parole à tous ceux qui refusent la liquidation du Parti socialiste. Parlons vrai, d’ailleurs, sur la nature de cet accord qui n’est pas applicable, comme chacun doit raisonnablement en convenir. Il n’a que deux objectifs : le premier est purement électoraliste, c’est-à-dire comment on se partage les circonscriptions et les places à l’Assemblée. Le second est stratégique, puisqu’il consiste à désigner Jean-Luc Mélenchon comme seul opposant à gauche à Emmanuel Macron. Mais j’avertis ces messieurs : je suis aussi une opposante de gauche à Emmanuel Macron, ils pourront compter sur moi !

“J’entends déjà les menaces qui visent les éventuels candidats  dissidents. C’est la direction du PS qui a créé cette situation incompréhensible”

Sur les 49 circonscriptions d’Occitanie, 6 ont été attribuées au PS selon l’accord conclu. Encouragez-vous les candidats socialistes déçus à entrer en dissidence ?
Je récuse ce terme de dissidence. Des militants socialistes d’Occitanie ont travaillé avec sincérité et abnégation pour le parti et n’acceptent pas la décision de la direction nationale. Certains n’excluent pas, en effet, de se présenter. J’entends déjà les menaces qui visent les éventuels candidats « dissidents ». C’est la direction du PS qui a créé cette situation incompréhensible. Comment pouvez-vous expliquer qu’aucun candidat socialiste ne peut se présenter dans l’Hérault ? Comment peut-on expliquer que le Tarn, département de Jaurès, a zéro candidat PS ? La direction du parti a créé cette situation d’injustice, c’est à elle qu’il appartient de la régler. Il lui reste 15 jours jusqu’au 20 mai, date limite du dépôt des candidatures…
 

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